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attaquer, & tous les matériaux nécessaires sur ces revers.

C’est enfin là où on délibere & résoud l’attaque du chemin couvert, où l’on fait les dispositions, où l’on regle les troupes qui doivent attaquer, & d’où l’on part pour l’insulte du chemin couvert.

Il faut observer que c’est de la seconde ligne qu’on doit ouvrir une tranchée contre la demi-lune C, Pl. XV de Fortification, fig. 2, qui se conduit comme les autres, c’est-à-dire à la sappe & le long de sa capitale prolongée ; & quand les trois têtes de tranchées seront parvenues à la distance demandée pour l’établissement de la troisieme ligne, on y pourra employer six sappes en même tems, savoir deux à chacune, qui prenant les unes à la droite & les autres à la gauche, se seront bientôt jointes ; & comme les parties plus voisines de la tranchée se perfectionnent les premieres, on y pourra faire entrer le détachement à mesure qu’elles s’avançent, & on les fortifiera plus ou moins, selon que les sorties seront plus ou moins à appréhender.

Les propriétés des trois lignes paralleles sont,

1°. De lier & de communiquer les attaques les unes aux autres, par tous les endroits où il est besoin.

2°. C’est sur leurs revers que se font tous les amas de matériaux.

3°. Elles dégagent les tranchées & les débarrassent des troupes, laissant le chemin libre aux allans & venans.

4°. C’est dans ces lignes que se rangent les détachemens commandés pour les attaques, & que se reglent toutes les dispositions quand on veut entreprendre quelque chose de considérable, soit de vive force ou autrement.

5°. Elles ont enfin pour propriété singuliere & très-estimable d’empêcher les sorties, ou du-moins de les rendre inutiles, & de mettre en état de ne point manquer le chemin couvert. Attaque des places par M. le maréchal de Vauban. Voyez ces différentes lignes, Pl. XV. de Fortification, fig. 2.

Ligne magistrale, (Art milit.) c’est, dans la fortification, la principale ligne du plan : c’est elle qui se trace d’abord, & de laquelle on compte la largeur du parapet, du terre-plain, du rempart, du talud, &c.

Lignes de communication, (Art milit.) en terme de guerre, ou simplement Lignes, sont des fossés de six ou sept piés de profondeur, & de douze de largeur, qu’on fait d’un ouvrage ou d’un fort à un autre, afin de pouvoir aller de l’un à l’autre sûrement, particulierement dans un siége. Voyez Communication.

Les Lignes de communication sont encore les parties de l’enceinte d’une place de guerre qui a une citadelle, qui joignent la ville à la citadelle. Voyez Citadelle.

Ligne de troupe, c’est une suite de bataillons & d’escadrons placés à côté les uns des autres sur la même ligne droite, & faisant face du même côté. Voyez Ordre de bataille & Armée.

Parmi les lignes de troupes il y en a de pleines, & d’autres qui sont tant pleines que vuides. Les premieres sont celles qui n’ont point d’intervalle entre les bataillons & les escadrons, & les autres sont celles qui en ont. Voyez Armée.

Lorsque les troupes sont en ligne, on dit qu’elles sont en ordre de bataille ou simplement en bataille. Ainsi mettre des troupes en ligne, c’est les mettre en bataille.

Ligne de moindre résistance, (Art milit.) c’est dans l’artillerie celle qui, partant du centre du fourneau ou de la chambre de la mine, va rencontrer perpendiculairement la superficie extérieure la

plus prochaine. On l’appelle ligne de moindre résistance, parce que comme elle exprime la plus courte distance du fourneau à la partie extérieure des terres dans lesquelles il est placé, elle offre la moindre opposition à l’effort de la poudre, ce qui la détermine à agir selon cette ligne. Voyez Mine.

Ligne de défense, en terme de fortification, c’est une ligne que l’on imagine tirée de l’angle du flanc à l’angle flanqué du bastion opposé.

Il y a deux sortes de lignes de défense, savoir la razante & la fichante.

La ligne de défense est razante lorsqu’elle suit le prolongement de la face du bastion, comme la ligne CF, Planche premiere de fortification, fig. premiere ; elle est fichante lorsque ce même prolongement donne sur la courtine : alors la partie de la courtine comprise entre cette ligne & l’angle du flanc, se nomme second flanc. Voyez Feu de courtine.

Le nom de ligne de défense razante lui vient de ce que le soldat placé à l’angle du flanc, peut razer, avec la balle de son fusil, toute la longueur de la face du bastion opposé ; & le nom de fichante, de ce que la face du bastion donnant sur la courtine, le soldat de l’angle du flanc alignant son fusil sur la face du bastion opposé, sa balle entre dans le bastion, se trouvant ainsi tirée dans une direction qui concourt avec cette face.

La ligne de défense exprime la distance qu’il doit y avoir entre le flanc & la partie la plus éloignée du bastion qu’il doit défendre. C’est pourquoi il s’agit de déterminer, 1°. quelle est cette partie ; 2°. avec quelles armes on doit la défendre ; & 3°. quelle est la portée de ces armes, & par conséquent la longueur de la ligne de défense.

On regle la longueur de la ligne de défense par la distance du flanc aux parties du bastion opposé qui en sont les plus éloignées, & qui ne peuvent pas être défendues par ce bastion : ces parties sont de deux sortes ;

1°. Celles qui sont absolument les plus éloignées, comme la contrescarpe vis-à-vis la pointe du bastion : cette partie étant vûe de deux flancs, & vis-à-vis de de l’angle flanqué où le passage du fossé ne se fait point pour l’ordinaire, il en résulte qu’elle n’est pas celle qui a le plus besoin de défense.

2°. Celles qui sont les plus nécessaires à défendre sont, par exemple, la moitié ou les deux tiers de la face du bastion, parce que c’est-là que l’ennemi attache le mineur & qu’il cherche à faire breche. Ainsi en prenant pour la longueur de la ligne de défense la distance de l’angle du flanc à la moitié ou aux deux tiers de la face du bastion opposé, & réglant cette distance sur la moyenne portée des armes avec lesquelles on veut défendre ou flanquer toutes les parties de l’enceinte de la place, il s’ensuit que le flanc défendra la partie la plus essentielle, c’est-à-dire l’endroit de la face du bastion où l’ennemi doit s’attacher pour faire breche, & qu’il défendra aussi la contrescarpe vis-à-vis l’angle flanqué, parce que la grande portée des armes en usage pourra parvenir jusqu’à cette contrescarpe, qui n’est pas fort éloignée de l’angle flanqué.

Pour la défense de toutes les parties de la fortification, on se sert du fusil & du canon. Ainsi la ligne de défense doit être de la longueur de la moyenne portée de celle de ces deux armes qu’on juge la plus avantageuse.

Il y a eu autrefois une grande diversité de sentiment à ce sujet entres les Ingénieurs ; les uns vouloient que la ligne de défense fût réglée sur la portée du canon, parce que par-là on éloignoit davantage les bastions les uns des autres, ce qui diminuoit la dépense de la fortification ; les autres prétendoient que cette ligne fût déterminée par la portée du mous-