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Diction. de la Bible, tome II. pag. 460 & 461. On peut aussi consulter la préface & le commentaire de ce savant auteur sur le livre de Judith.

JUDOIGNE, (Géog.) Judonia, en flamand Geldenaken, petite ville des Pays-bas dans le Brabant, au quartier de Louvain, sur la Gete à 2 lieues de Tillemont, 4 de Gemblours, 5 de Louvain. Long. 22. 30. lat. 50. 43. (D. J.)

IVELINE, la forêt d’, (Géog.) forêt de France, dans l’île de France, entre Chevreuse, Rochefort, saint Arnould & Epernon. Elle s’étendoit au tems jadis fort loin, & le bois de Rambouillet en faisoit une portion. Toutes ces parties détachées ont présentement des noms particuliers, comme le bois des Ivelines qui conserve l’ancien nom, le bois de Rochefort, la forêt de Dourdans, le bois de Batonneau, le bois de Rambouillet, les tailles d’Epernon & la forêt de saint Léger ; le tout ensemble faisoit autrefois une forêt continue, nommée Aquilina sylva, sylva Evelina ou Eulina dans les anciens titres (D. J.)

IVETTE, s. f. chamæpitys, (Bot.) genre de plante à fleur monopétale, qui n’a qu’une levre divisée en trois parties ; celle du milieu a des dents qui occupent la place d’une levre supérieure. Il sort du fond de la fleur un pistil entouré de quatre embryons, ils deviennent dans la suite autant de semences oblongues & renfermées dans une capsule, qui a servi de capsule à la fleur. Ajoûtez à ces caracteres, que les fleurs de l’ivette ne sont pas rassemblées en épi, mais dispersées dans les aisselles des feuilles. Tournefort, inst. rei herb. voyez Plante.

Nous nous contenterons de parler ici seulement de l’ivette ordinaire, chamæpitis. lutea vulgaris ; & de la musquée, chamæpitis moschata, vû leur usage médicinal.

La racine de l’ivette ordinaire est mince, fibrée, blanche. Ses tiges sont velues, couchées sur terre, disposées en rond, & longues d’environ neuf pouces. Ses feuilles partent des nœuds des tiges deux à deux, découpées en trois parties pointues, cotonneuses, & d’un jaune verd. Ses fleurs sortent des aisselles des feuilles disposées par anneaux, mais peu nombreuses & clair-semées. Elles sont d’une seule piece, jaunes, n’ayant qu’une levre inférieure partagée en trois parties, dont la moyenne est échancrée ; la place de la levre supérieure est occupée par quelques dentelures, & par quelques étamines d’un pourpre clair. Le calice est un cornet velu, fendu en cinq pointes ; il renferme quatre graines triangulaires, brunes, qui naissent de la base du pistil.

Cette plante vient volontiers dans les terroirs en friche & crayeux ; elle fleurit en Juin & Juillet, & est toute d’usage. Son suc a l’odeur de la résine qui découle du pin & du méleze ; il rougit le papier bleu. Toute la plante paroît contenir un sel essentiel, tartareux, un peu alumineux, mêlé avec beaucoup d’huile & de terre.

L’ivette musquée trace comme la précédente, à laquelle elle ressemble assez par ses feuilles & ses tiges, qui sont grêles, mais plus fermes que celles de l’ivette commune. Sa fleur est la même, mais de couleur de pourpre. Son calice renferme aussi quatre graines noires, ridées, longuettes, un peu recourbées comme un vermisseau. Toute la plante est fort velue, d’une saveur amere, d’une odeur forte de résine, desagréable, qui approche quelquefois du musc dans les pays chauds, & sur-tout pendant les grandes chaleurs, suivant l’observation de M. Garidel.

L’ivette musquée est fort commune dans nos provinces méridionales ; elle a les mêmes principes que l’ivette ordinaire, mais en plus grande abondance ; cependant on les substitue l’une à l’autre. Les medecins leur donnent des vertus diurétiques, emménagogues, propres à rétablir le cours des esprits dans

les nerfs & dans les vaisseaux capillaires. (D. J.)

Ivette, (Pharmacie & Mat. médic.) les vertus médicinales de l’ivette sont très-analogues à celles de la germandrée ; la premiere cependant est un peu plus riche en parties volatiles : on employe fort communément ces deux plantes ensemble, ou l’une pour l’autre.

L’ivette est d’ailleurs particulierement célébrée pour les maladies de la tête & des nerfs ; on prend Intérieurement ses feuilles & ses fleurs en infusion ou en décoction légere, à la dose d’une pincée sur chaque grande tasse de liqueur.

Quelques auteurs en recommandent la décoction dans du lait de vache pour les ulceres de la vessie ; d’autres la vantent dans l’asthme convulsif, & d’autres enfin dans le pissement de sang ; mais toutes ces vertus particulieres sont fort peu évidentes.

Les feuilles d’ivette entrent dans l’eau générale, la thériaque, la poudre arthritique amere ; ses sommités dans l’huile de renard, & ses feuilles & sa racine dans l’emplatre diabotanum de la pharmacopée de Paris.

Au reste on employe indifféremment deux sortes d’ivette, sçavoir l’ivette musquée, & l’ivette ordinaire. (b)

JUGA, s. f. (Bot.) genre de plante dont la fleur est monopétale, en entonnoir, & porte un tuyau frangé. Il s’éleve du fond du calice un pistil qui est attaché comme un clou à la partie postérieure de la fleur, & qui devient dans la suite un fruit ou silique molle, charnue & contenant des semences irrégulieres. Plumier.

* Juga ou Jugatine, (Myth.) nom que l’on donnoit à Junon, en qualité de déesse qui présidoit aux mariages. Il vient de jugum joug, & Junon étoit appellée jugatine, du joug que l’on plaçoit sur les époux dans la cérémonie du mariage. Junon juga ou jugatine avoit un autel à Rome dans une rue dite de cette circonstance vicus jugatius.

Il y avoit deux dieux jugatins ; l’un pour les mariages auxquels il présidoit ; l’autre ainsi nommé des sommets des montagnes.

JUGE, s. m. (Droit moral.) magistrat constitué par le souverain, pour rendre la justice en son nom à ceux qui lui sont soumis.

Comme nous ne sommes que trop exposés à céder aux influences de la passion quand il s’agit de nos intérêts, on trouva bon, lorsque plusieurs familles se furent jointes ensemble dans un même lieu, d’établir des juges, & de les revêtir du pouvoir de venger ceux qui auroient été offensés, de sorte que tous les autres membres de la communauté furent privés de la liberté qu’ils tenoient des mains de la nature. Ensuite on tâcha de remédier à ce que l’intrigue ou l’amitié, l’amour ou la haine, pourroient causer de fautes dans l’esprit des juges qu’on avoit nommés. On fit à ce sujet des lois, qui réglerent la maniere d’avoir satisfaction des injures, & la satisfaction que chaque injure requéroit. Les juges furent par ce moyen soumis aux lois ; on lia leurs mains, après leur avoir bandé les yeux pour les empêcher de favoriser personne ; c’est pourquoi, selon le style de la jurisprudence, ils doivent dire droit, & non pas faire droit. Ils ne sont pas les arbitres, mais les interpretes & les défenseurs des lois. Qu’ils prennent donc garde de supplanter la loi, sous prétexte d’y suppléer ; les jugemens arbitraires coupent les nerfs aux lois, & ne leur laissent que la parole, pour m’exprimer avec le chancelier Bacon.

Si c’est une iniquité de vouloir rétrécir les limites de son voisin, quelle iniquité seroit-ce de transporter despotiquement la possession & la propriété des domaines en des mains étrangeres ! Une sentence injuste, émanée arbitrairement, est un attentat con-