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distinguoit les affranchis des libertins ; les esclaves affranchis étoient appellés liberti quasi liberati, & leurs enfans libertini, terme qui exprimoit des personnes issues de ceux qu’on appelloit liberti : cependant la plûpart des jurisconsultes & des meilleurs écrivains de Rome, ont employé indifféremment l’un & l’autre terme pour signifier un affranchi, & l’on en trouve un exemple dans la premiere des Verrines. Voyez Affranchis, Affranchissement, Esclaves, Liberté, Manumission, Serfs. (A)

LIBERTINUS, (Littérat.) Cic. ce mot veut dire un affranchi qui a été délivré de l’esclavage, & mis en liberté. Dans les premiers tems de la république, libertinus étoit liberti filius, le fils d’un affranchi, lequel affranchi se nommoit proprement libertus ; mais sur la fin de la république, quelque tems avant Cicéron, & depuis sous les empereurs, on n’observa plus cette différence, & les affranchis furent appellés indifféremment liberti & libertini ; cette remarque est de Suétone. (D. J.)

LIBÉTHRA, (Géogr. anc.) ville de Grece sur le mont Olympe du côté de la Macédoine, qui ne subsistoit déja plus du tems de Pausanias. Il nous a raconté l’histoire populaire de sa destruction.

Mais la Thessalie étoit encore célebre par la fontaine Libéthra, fons Libethrius, sources fameuses que les écrits des poëtes ont immortalisées, & qui valurent aux muses, le surnom de Libéthrides ; Virgile n’a pas oublié de les en honorer.

Nymphæ noster amor, Libethrides, aut mihi carmen
Quale meo Codro, concedite.

Eglog. 7. v. 21.

Enfin, la Béotie avoit une montagne nommée Libéthrienne, mons Libethrius, située à deux petites lieues de Coronée. On y voyoit des statues des nymphes & des muses Libéthrides, de même qu’une fontaine libéthriade, où étoit une belle pierre façonnée comme le sein d’une femme, & l’eau sortoit de ses mamelles, comme le lait sort du mamelon. (D. J.)

LIBÉTRIDES, s. f. pl. (Littérat.) surnom des nymphes qui habitoient près du mont Libétrien, en Béotie ; mais la fontaine Libéthria valut aux muses le même nom de Libéthrides dans les écrits des Poëtes. Voyez Libéthra. (D. J.)

LIBISOSA, (Géogr. anc.) ancienne ville d’Espagne, colonie des Romains, Libisosana colonia, dont le peuple étoit nommé Libisosani. On avoit accordé à cette colonie les mêmes privileges qu’aux villes d’Italie. Le village de Lezuza dans la nouvelle Castille, à quatre lieues d’Alicarez, où l’on a trouvé une ancienne inscription, donne lieu de croire que ce lieu seroit un reste de la Libisosa ou Libisosana des Romains. (D. J.)

LIBITINAIRE, Libitinarius, s. m. (Littérat.) les Libitinaires étoient, chez les Romains, des gens qui vendoient & fournissoient tout ce qui étoit nécessaire pour la cérémonie des convois. On les appelloit ainsi, parce qu’ils avoient leur magasin au temple de Proserpine ou de Vénus libitine. Nous avons parlé des Libitinaires assez au long, au mot Funérailles des Romains, tom. VII. pag. 370, le lecteur y peut recourir. (D. J.)

LIBITINE, Libitina, (Littérat.) déesse qui présidoit aux funérailles. Elle fut ainsi nommée, non parce qu’elle ne plaît à personne, quia nemini libeat, comme disent les partisans de l’antiphrase, mais par ce qu’elle nous enleve quand il lui plaît, pro libitu ; cette déesse étoit la même que Vénus Infera ou Epithymbia des Grecs, dont il est fait mention parmi les dieux infernaux dans quelques anciennes épitaphes.

Elle avoit un temple à Rome où l’on louoit, où

l’on vendoit tout ce qui étoit nécessaire aux funérailles, & l’on donnoit une certaine piece d’argent pour chaque personne qu’on enterroit ou que l’on portoit au bucher. On mettoit cet argent dans le trésor de Libitine, c’est-à-dire de ses prêtres ; ceux qui étoient préposés pour le recevoir, écrivoient sur un registre le nom de chaque mort pour lequel on payoit cette espece de tribut, & ce registre s’appelloit le registre de Libitine, Libitinæ ratio.

Le roi Servius Tullius avoit établi cet usage, qui servoit chaque année à faire connoître le nombre des morts dans la ville de Rome, & par conséquent l’accroissement ou la diminution de ses habitans. C’est aussi par ce tribut que les revenus des prêtres de Libitine grossissoient dans les tems de mortalité ; Suétone écrit que sous le regne de Néron, il y eut une automne si funeste, qu’elle fit porter trente mille pieces d’argent au trésor de Libitine.

Cette divinité donna son nom au temple qui lui étoit dédié, aux prêtres qui la servoient, aux gens qui vendoient sous leurs ordres les choses nécessaires aux funérailles, à une porte de Rome par laquelle on sortoit les cadavres hors de la ville, enfin au brancart sur lequel on portoit les corps à leur sépulture. (D. J.)

Libitine porte, (Littérat.) libitinensis porta, Lamprid. Porte de l’amphitéatre des Romains, par laquelle on sortoit les corps des gladiateurs qui avoient été tués dans les jeux publics ; on l’avoit ainsi nommée du même nom d’une autre grande porte de Rome, par laquelle on portoit les morts hors de la ville. (D. J.)

LIBONGOS, s. m. (Commerce.) grosse étoffe qui est propre pour la traite que les européens font à Lowango & autres lieux de la côte d’Afrique.

LIBONOTUS, (Géog. marit. anc.) l’un des douze vents des anciens ; nos dictionnaires traduisent ce mot latin par le vent de sud-ouest, le vent qui souffle entre le midi & l’occident ; mais cette traduction n’est pas absolument exacte, parce que nous n’avons point sur notre boussole de nom qui marque au juste ce rhumb de vent des anciens : en voici la raison.

Aristote & Pline ont divisé les vents en douze ; le quart de cercle qui s’étend entre le midi, notus ou auster, & l’occident zephirus ou favonius, se trouve partagé en deux intervalles de trente degrés chacun, & ces deux espaces sont remplis par deux vents, savoir Libonotus & Africus, éloignés l’un de l’autre à distance égale.

Le premier est au milieu entre le vent d’Afrique, nommé λίψ par les Grecs, & le vent du midi nommé Νότος dans la même langue, notus en latin.

Ainsi cette division par douze, ne sauroit s’accorder avec la nôtre qui est par trente-deux ; le vent dont le libonotus approche le plus, c’est le sud-ouest quart au sud ; & comme nous disons sud-ouest pour signifier le vent qui souffle au milieu précisément, entre le sud & l’ouest, d’un nom composé de ces deux ; de même les anciens ont uni les noms de lips & notus, & ont appellé libonotus le vent qui souffle précisément entre ces deux autres vents. (D. J.)

LIBORA, (Géog. anc.) ville de l’Espagne Tarragonoise, au pays des Carpitaniens, selon Ptolomée liv. ch. vj. c’est présentement Talavera de la Reyna. (D. J.)

LIBOURET, s. m. (Pêche.) instrument que l’on emploie à la pêche du maquereau. C’est une ligne : le pêcheur en prend une très-déliée qu’il nomme bauffe, & qu’il change tous les jours, dans la crainte que la dérive continuelle qui affoiblit le bauffe ne le rompe, & que le plomb qui est au bout & qui peut peser huit, dix à douze livres, ne soit perdu. A un pié près du plomb, on amarre avec un nœud coulant un