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zare de Jérusalem. Il est composé d’environ 650 laïques-prieurs & freres servans d’armes, qui jouissent des commanderies & des mêmes privileges que les chevaliers, ainsi que des pensions sur bénéfices. Les premiers portent la croix émaillée de pourpre & de vert, fleurdelisée d’or, attachée à un grand cordon de soie moiré, pourpré ; & les autres portent la croix émaillée & il fleurdelisée d’or aux mêmes émaux, en forme de médaille, attachée à une chaîne d’or à la boutonniere, avec la devise de l’ordre au haut de l’écusson de leurs armoiries, Dieu & mon Roi. M. le duc d’Orleans en a été le grand-maître ; c’est présentement monseigneur le duc de Berry, second fils de monseigneur le Dauphin.

Lazare, Saint, (Pretres de) nommés aussi Lazaristes, clercs séculiers d’une congrégation instituée en France dans le xvij. siecle, par M. Vincent de Paule. Ils prennent leur nom d’une maison qu’ils ont dans le faubourg saint Denis à Paris, qui étoit autrefois un prieuré sous le titré de Saint Lazare. Ils ne font que des vœux simples, & ils peuvent en être entierement dispensés au besoin. Leur institut est de former des missionnaires & des directeurs capables de conduire les jeunes ecclésiastiques dans les séminaires, dont plusieurs en France sont confiés à leurs soins. Leur maison de Saint Lazare, où réside le général, est aussi une maison de force pour renfermer les jeunes gens dont les débauches & la mauvaise conduite obligent leurs parens de sévir contre eux. Ces prêtres dirigent aussi quelques cures en France, entr’autres celles de Versailles & des Invalides, de Fontainebleau, &c.

LAZARET, s. m. (Hist. mod. & Mar.) bâtiment public en forme d’hôpital, où l’on reçoit les pauvres malades.

Lazaret dans d’autres pays est un édifice destiné à faire faire la quarantaine à des personnes qui viennent de lieux soupçonnés de la peste.

C’est un vaste bâtiment assez éloigné de la ville à laquelle il appartient, dont les appartemens sont détachés les uns des autres, où on décharge les vaisseaux, & où l’on fait rester l’équipage pendant quarante jours, plus ou moins, selon le lieu d’où vient le vaisseau & le tems auquel il est parti. C’est ce qu’on appelle faire quarantaine. Voyez Quarantaine.

Il y a des endroits où les hommes & les marchandises payent un droit pour leur séjour au lazaret.

Rien, ce me semble, n’est plus contraire au but d’une pareille institution. Ce but, c’est la sûreté publique contre les maladies contagieuses que les commerçans & navigateurs peuvent avoir contractées au loin. Or n’est-ce pas les inviter à tromper la vigilance, & à se soustraire à une espece d’exil ou de prison très désagréable à supporter, sur-tout après un long éloignement de son pays, de sa famille, de ses amis, que de la rendre encore dispendieuse ?

Le séjour au lazaret devroit donc être gratuit. Que d’inconvéniens resultent de nos longs voyages sur mer, & de notre connoissance avec le nouveau monde ! Des milliers d’hommes sont condamnés à une vie mal saine & célibataire, &c.

LAZE ou LESGI, (Géog.) & par quelques-uns de nos voyageurs LESQUI. C’est un peuple Tartare qui habite les montagnes du Daghestan, du côté de la mer Caspienne, à vingt ou trente lieues de cette mer. Ce peuple tartare & sauvage a le teint basané, le corps robuste, le visage effroyablement laid, des cheveux noirs & gras qui tombent sur les épaules ; ils reçoivent la circoncision, comme s’ils étoient mahométans. Leurs armes sont aujourd’hui le sabre & le pistolet. Ils pillent & volent de tous côtés tous les marchands qui passent par leur pays, guerroient contre les Tartares Nogais & Circasses, font de fré-

quentes incursions sur les Géorgiens, & se gouvernent

sous l’autorité du roi de Perse par un chef particulier qu’ils nomment schemkal, lequel réside à Tarku. Ce chef a sous lui d’autres petits seigneurs qu’on appelle beghs ; mais voyez sur ces barbares orientaux Chardin, Oléarius, & les mém. des missions du Levant, tome IV.

LAZIQUE, (Géog. anc.) peuple & pays d’Asie de l’un & de l’autre côté du Phase, dans la Colchide. Procope a décrit ce pays dans son histoire de la guerre des Perses, liv. II. chap xxix. La Lazique devint une province ecclésiastique où étoient cinq évêchés, au nombre desquels Phaside la métropole. La Mingrelie répond a la Lazique des anciens. (D. J.)

LAZIVRARD, s. m. (Litholog.) C’est un des plus anciens noms du lapis qui soient dans les auteurs ; mais il désigne indifféremment la pierre lazuli & la couleur qu’elle donne : d’où vient que dans les siecles qui suivirent, tout bleu fut appellé lazivrard. De ce mot sont venus celui d’alazarad qu’Avicene emploie, ceux de lazurad, d’azuri, de lazurd, & finalement de lazuli, sous lequel nous connoissons aujourd’hui cette pierre. On en trouvera l’article au mot Lapis. (D. J.)

L E

LE, (Grammaire.) article masculin des noms substantifs. Voyez l’article Article.

LÉ, s. m. (Commerce.) largeur d’une étoffe ou d’une toile entre les deux lisieres ; ainsi l’on dit un ou plusieurs lés d’une étoffe, pour signifier une ou plusieurs fois sa largeur. Un de drap, deux lés de satin, trois lés de gros-de-Tours, quatre lés de taffetas. Dictionnaire de Commerce.

, (terme de riviere.) espace que les propriétaires des terres doivent laisser le long des rivieres pour le tirage des hommes & des chevaux qui remontent des bateaux. Il est de 24 piés.

LEAM, s. m. (Commerce.) morceau d’argent qui se prend au poids, & qui est à la Chine une espece de monnoie courante. Les Portugais l’appellent tel ou tail. Voyez Tail. Dictionn. de Commerce.

LEANDRE, la tour de, (Géog. Litter. Antiq. Médail.) tour d’Asie en Natolie, dans le Bosphore de Thrace, auprès du cap de Scutari. Les Turcs n’ont dans cette tour pour toute garnison qu’un concierge. M. de Tournefort dit que l’empereur Manuel la fit bâtir, & en éleva une autre semblable du côté de l’Europe, au monastere de S. George, pour y tendre une chaîne qui fermât le canal de la mer Noire.

Cette tour de Scutari est nommée par les Turcs tour de la Pucelle ; mais les Francs ne la connoissent que sous le nom de la tour de Léandre, quoique la vraie tour, la fameuse tour, qui porte indifferemment dans l’histoire, le nom de tour de Leandre, ou celui de tour de Hero, comme Strabon l’appelle τον τῆς Ηρούς πύργον, fût située sur les bords du canal des Dardanelles.

Cette tour du canal des Dardanelles a été immortalisée par les amours d’Héro & de Léandre. Héro étoit une jeune prêtresse de Vénus dans la ville de Sestos, & Léandre étoit un jeune homme d’Abydos. Ces deux villes, bâties dans le lieu le plus étroit de l’Hellespont, vis-à-vis l’une de l’autre, au bord des deux rivages opposés, ne se trouvoient séparées que par un espace de 7 à 800 pas. Une fête qui attiroit à Sestos les habitans du voisinage, fit voir à Léandre la belle Héro, dans le temple même, où elle s’acquittoit de ses fonctions : elle le vit aussi, & leurs cœurs furent d’intelligence.

Ils se donnerent de fréquens rendez-vous dans la tour du lieu, qui depuis mérita de porter leur nom, & où la prêtresse avoit son appartement. Pour mieux