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LARANDA, (Géogr. anc.) Laranda, génit. orum. ancienne ville d’Asie en Cappadoce, dans l’Antiochiana, selon Ptolomée, l. V. c. vj. lequel joint ce canton à la Lycaonie ; en effet, cette ville étoit aux confins de la Lycaonie, de la Pisidie, & de l’Isaurie. Delà vient que les anciens la donnent à ces diverses provinces. Elle conserve encore son nom, si l’on en croit M. Baudrand ; car il dit que Larande est une petite ville de la Turquie asiatique, en Natolie, dans la province de Cogni, assez avant dans le pays, sur les frontieres de la Caramanie, & à la source de la riviere du Cydne, ou du Carason, avec un évêché du rit grec. (D. J.)

LARARIES, s. f. pl. lararia, (Littér.) fêtes des anciens Romains, en l’honneur des dieux lares ; elle se célébroit l’onzieme des Calendes de Janvier, c’est-à-dire, le 21 Décembre. (D. J.)

LARCIN, s. m. (Jurisprud.) est un vol qui se commet par adresse, & non à force ouverte ni avec effraction. Le larcin a quelque rapport avec ce que les Romains appelloient furtum nec manifestum, vol caché ; ils entendoient par-là celui où le voleur n’avoit pas été pris dans le lieu du délit, ni encore saisi de la chose volée, avant qu’il l’eût portée où il avoit dessein ; mais cette définition pouvoit aussi convenir à un vol fait à force ouverte, ou avec effraction, lorsque le voleur n’avoit pas été pris en flagrant délit : ainsi ce que nous entendons par larcin, n’est précisément la même chose que le furtum nec manifestum. Voyez Vol. (A)

LARD, en terme de Cuisine, est cette graisse blanche qu’on voit entre la couenne du porc & sa chair. Les Cuisiniers n’apprêtent guere de mets où il n’entre du lard.

Lard, (Diete & Mat. méd.) cette espece de graisse se distingue par la solidité de son tissu. Ce caractere la fait différer essentiellement dans l’usage diététique des autres graisses, & éminemment de celles qui sont tendres & fondantes ; au lieu que ces dernieres ne peuvent convenir qu’aux organes délicats des gens oisifs, & accoutumés aux mets succulens & de la plus facile digestion. Voyez Graisse, Diete, &c. Le lard au contraire est un aliment qui n’est propre qu’aux estomacs robustes des gens de la campagne, & des manœuvres : aussi les sujets de cet ordre s’accommodent-ils très-bien de l’usage habituel du lard, & sur-tout du lard salé, état dans lequel on l’emploie ordinairement. Parmi ses sujets de l’ordre opposé, il s’en trouve beaucoup que le lard incommode non-seulement comme aliment lourd & de difficile digestion, mais encore par la pente qu’il a à contracter dans l’estomac l’altération propre à toutes les substances huileuses & grasses, savoir la rancidité. Voyez Rance. Ces personnes doivent s’abstenir de manger des viandes piquées de lard. Il est clair qu’il leur sera encore d’autant plus nuisible, qu’il sera moins récent, & qu’il aura dejà plus ou moins ranci en vieillissant. Le lard fondu a toutes les propriétés médicamenteuses communes des graisses. Voyez Graisse, Diete, & Mat méd. (b)

Lard, Pierre de, (Hist. nat.) nom donné communément à une pierre douce & savonneuse au toucher, qui se taille très-aisément, & dont sont faites un grand nombre de figures, de magots & d’animaux qui nous viennent de la Chine. Elle a plus ou moins de transparence ; mais cette espece de transparence foible est comme celle de la cire ou du suif ; c’est-là ce qui semble lui avoir fait donner le nom qu’elle porte en françois. Sa couleur est ou blanche, ou d’un blanc sale, ou grisâtre, ou tirant sur le jaunâtre & le brun ; quelquefois elle est entremêlée de veines comme du marbre.

La pierre de lard est du nombre de celles qu’on appelle pierres ollaires, ou pierres à pots, à cause de la

facilité avec laquelle on peut la tailler pour faire des pots. M. Pott a prouvé que cette pierre qu’il appelle stéatite, étoit argilleuse ; en effet elle se durcit au feu ; après avoir été écrasée, on peut en former des vases, comme avec une vraie argille, & on peut la travailler à la roue du potier. Les acides n’agissent point sur cette pierre, lorsqu’elle est pure. Voyez la lithogéognosie, tom. I. pag. 278 & suiv.

Les Naturalistes ont donné une infinité de noms différens à cette pierre. Les uns l’ont appellé steatites, d’autres smectis ; les Anglois l’appellent soap-rock ou roche savoneuse. Les Allemands l’appellent speckstein, pierre de lard, smeerstein, pierre savoneuse, topfstein, ou pierre à pots. Le lapis syphnius des anciens, la pierre de come des modernes, ainsi que la pierre appellée lavezze, sont de la même nature. Quelquefois en Allemagne cette pierre est connue sous le nom de craie d’Espagne ; les Tailleurs s’en servent comme de la craie de Briançon, ou du talc de Venise, pour tracer des lignes sur les étoffes.

Suivant M. Pott, elle se trouve communément près de la surface de la terre, & l’on n’a pas besoin de creuser profondément pour la rencontrer. Il s’en trouve en Angleterre, en Suede, en plusieurs endroits d’Allemagne & de la France. Il semble que cette pierre pourroit entrer avec succès dans la composition de la porcelaine.

LARDER, v. act. (Cuisine.) c’est avec l’instrument pointu appellé lardoire, piquer une viande de lardons, ou la couvrir entierement de petits morceaux de lard coupés en long. On dit piquer. Voyez Piquer, & une piece piquée.

Larder les bonnetes, (Marine.) Voyez Bonnetes.

Larder un cheval de coups d’éperon, (Maréch.) c’est lui donner tant de coups d’éperon, que les plaies y paroissent.

Larder, (Rubanerie, Soierie, &c.) se dit lorsque la navette au lieu de passer franchement dans la levée du pas, passe à-travers quelque portion de la chaîne levée ou baissée ; ce qui seroit un défaut sensible dans l’ouvrage si l’on n’y remédioit, ce qui se fait ainsi : l’ouvrier s’appercevant que sa navette a lardé, ouvre le même pas où cet accident est arrivé, & contraignant sa trame avec ses deux mains en la levant en-haut si la navette a lardé en-bas, ou en baissant si la navette a lardé en-haut ; il repasse sa navette à-travers cette partie de chaîne que la trame ainsi tendue fait hausser ou baisser, & le mal est réparé.

LARDOIRE, s. f. en terme de Cuisine ; c’est un morceau de fer ou de cuivre creux, & fendu par un bout en plusieurs branches pour contenir des lardons de diverses grosseurs, & aigu par l’autre bout pour piquer la viande, & y laisser le lardon. Les lardoires de cuivre sont très-dangereuses ; la graisse reste dans l’ouverture de la lardoire & y forme du verd-de-gris.

LARDON, s. m. (Cuisine.) c’est le petit morceau de lard dont on arme la lardoire pour piquer une viande. Voyez Larder, Piquer, Lardoire.

Lardons, (Horlogerie.) nom que les Horlogers donnent à de petites pieces qui entrent en queue d’aronde dans le nez & le talon de la potence des montres. Voyez Potence.

Lardon, (Artificier.) les Artificiers appellent ainsi des serpenteaux un peu plus gros que les serpenteaux ordinaires ; apparemment parce qu’on les jette ordinairement par groupes sur les spectateurs, pour exciter quelques risées sur les vaines terreurs que ces artifices leur causent. Voyez Serpenteaux.

Ces especes de petites fusées, appellées des lardons, sont faites d’une, de deux, ou de trois cartes ; ceux d’une carte s’appellent vetilles ; ils ont trois