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mençant par une des lettres de l’alphabet hébreu, rangées selon son ordre alphabétique. Le premier & le second chapitre contiennent vingt-deux versets, suivant le nombre des lettres de l’alphabet. Le troisieme a trois versets de suite, qui commencent par la même lettre ; il y a en tout soixante-six versets. Le quatrieme est semblable aux deux premiers, & n’a que vingt-deux versets. Le cinquieme n’est pas acrostiche.

Les Hébreux donnent au livre des lamentations le nom d’echa du premier mot du texte, ou de kinnoth, lamentationes. Les Grecs les appellent θρηνοι, qui signifie la même chose en leur langue. Le style de Jérémie est tendre, vif, pathétique. C’étoit son talent particulier que d’écrire des choses touchantes.

Les Hébreux avoient coutume de faire des lamentations ou des cantiques lugubres à la mort des grands hommes, des princes, des héros qui s’étoient distingués dans les armes, & même à l’occasion des malheurs & des calamités publiques. Ils avoient des recueils de ces lamentations, comme il paroît par les Paralipomenes, ecce scriptum fertur in lamentationibus, c. xxxv. v 25. Nous avons encore celles que David composa à la mort d’Abner & de Jonathas. Il semble par Jérémie qu’ils avoient des pleureuses à gage, comme celles qu’on nommoit chez les Romains, Præficæ, vocate lamentatrices & veniant.... festinent & assumant super nos lamentum, c. xix. v. 16. Calmet, Diction. de la Bibl. Voyez Deuil, Elegie, Funérailles , &c. (G)

LAMETIA, (Géog. anc.) ancienne ville de l’Italie, dans la grande Grece, au pays des Brutiens ; Cluvier croit que Lamétia est Santa Euphemia ; mais Holstenius prétend que c’est l’Amanthéa ; le promontorium Lametum est le capo Suvaro. La riviere Lametus est le Lamato ou l’Amato. (D. J.)

LAMETTES, s. f. (Soierie) ce sont, dans le métier de l’ouvrage en étoffes de soie, de petites lames de bois, d’une ligne d’épaisseur, servant à soutenir les carreaux des lisses qui passent entre les carquerons ou calquerons, & qui s’usent moins que la corde.

LAMIA, (Géog. anc.) ville de Thessalie, en Phthiotide ; elle est principalement mémorable par la bataille qui se donna dans son territoire, après la mort d’Alexandre, entre les Athéniens secourus des autres Grecs, & Antipater Gouverneur de la Macédoine. Le succès de cette journée fut très-funeste aux Athéniens, & à plusieurs autres villes de la Grece, comme il paroît par le récit de Diodore de Sicile, liv. XVIII. & de Pausanias, liv. VII. Il en résulte que Suidas, au mot Λάμια, se trompe quand il dit qu’Antipater perdit la bataille. (D. J.)

LAMIAQUE Guerre, (Hist. ancienne.) guerre entreprise par les Grecs ligues ensemble, à l’exception des Béotiens, contre Antipater ; & c’est de la bataille donnée près de Lamia, que cette guerre tira son nom. Voyez Lamia. (D. J.)

LAMIE, (Hist. nat.) Voyez Requin.

LAMIES, s. f. pl. Lamiæ, (Mythol. littér.) spectres de la fable qu’on représentoit avec un visage de femme, & qu’on disoit se cacher dans les buissons, près des grands chemins, pour dévorer les passans. On leur donna ce nom du mot grec λαμός, qui signifie voracité ; hormis qu’on aime mieux adopter le sentiment de Bochart, qui tire de Lybie la fable des Lamies, & qui donne à ce mot une étymologie phénicienne, dont le sens est le même que celui de l’étymologie greque.

Ce qu’il y a de sûr, c’est que de tout tems & en tout pays, on a inventé de pareilles chimeres, dont les nourrices, les gouvernantes, & les bonnes femmes, se servent comme d’un épouventail pour faire peur à leurs enfans, les empêcher de pleurer, ou les appaiser. C’est une coutume d’autant plus mau-

vaise, que rien n’est plus capable d’ébranler ces petits

cerveaux, si tendres & si flexibles, & d’y produire des impressions de frayeur dont ils se ressentent malheureusement toute leur vie.

Lucilius se moque en très-beaux vers de la frayeur de l’homme, qui parvenu à l’âge de raison, ajoûte encore foi à ces sortes d’êtres imaginaires.

Terricula Lamias Fauni quas, Pompiliique
Instituere Numæ ; tremit has, hîe omnia ponit,
Ut pueri infantes credunt signa omnia ahena
Vivere. . . .

« Et toutes les effroyables Lamies que les Faunus & les Numa Pompilius ont inventées, il les craint. Il croit que tous ses maux & ses biens dépendent d’elles, comme les petits enfans croyent que toutes leurs poupées & toutes les statues sont vivantes ».

La Fontaine a renchéri sur cette pensée de Lucile, dans cette strophe de son ingénieuse fable, le statuaire & la statue de Jupiter :

L’artisan exprima si bien
Le caractere de l’idole,
Qu’on jugea qu’il ne manquoit rien
A Jupiter que la parole.
Même l’on dit que l’ouvrier
Eut à peine achevé l’ouvrage,
Qu’on le vit frémir le premier,
Et redouter son propre ouvrage
, &c.

Mais le commencement de cette fable est d’une toute autre beauté, & peut-être la Fontaine n’a rien fait de si fort. (D. J.)

Lamies (dents de), lamiodontes, (Hist. nat. Minéral.) nom donné par quelques naturalistes à des dents de poissons que l’on trouve pétrifiées dans le sein de la terre, & que l’on croit communément avoir appartenu à des chiens de mer ou lamies. Ces dents varient pour la forme & pour la grandeur ; elles sont ordinairement triangulaires, mais on en trouve aussi qui sont très-aiguës. On en rencontre en Bearn au pié des Pyrénées, prês de Dax, qui ont près de deux pouces de longueur. M. Hill dit qu’il y en a qui ont jusqu’à cinq & six pouces de longueur ; il y en a qui sont unies par les côtés, d’autres sont dentelées comme une scie. Voyez Glossopetres. (—)

LAMIER, s. m. (Art méchan.) ouvrier qui prépare la lame d’or & d’argent pour le manufacturier en étoffes riches.

LAMINIUM, (Géog. anc.) ancienne ville de l’Espagne chez les Carpétaniens, selon Ptolomée, liv. II. cap. vj. c’est à présent Montiel.

Laminium donnoit à son territoire le nom de Laminitanus ager ; ce canton s’appelle aussi présentement Campo de Montiel. (D. J.)

LAMINAGE, s. m. (Art méchanique.) c’est l’action & la maniere de réduire en larmes, par le moyen d’une machine appellée laminoir. Il se dit particulierement de l’or, de l’argent, & du plomb. Voyez les articles suivans.

LAMINOIR, s. m. à la Monnoie, est un instrument qui a pour objet de réduire les lames au sortir des moules à une épaisseur conséquente à la monnoie que l’on veut fabriquer. Voyez Planches du Monnoyage, le manege dont l’arbre & la grande roue reçoivent leur mouvement par quatre chevaux. La fig. 2. représente le laminoir du dégrossi en H, & le laminoir simple en I ; A, est le gros arbre qui fait tourner la grande roue B ; C, C, sont les lanternes ; D, le hérisson ; E, l’arbre du hérisson ; F, F, les arbres des lanternes ; G, G, les boîtes dans lesquelles sont attachés les rouleaux du dégrossi.

La fig. 3. est le laminoir du dégrossi. A, est le