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ples anciens les plus respectables, les plus religieux & même les plus à portée des sources.

Cependant Dom Calmet n’a pas approfondi la question avec son habileté ordinaire, lorsqu’il a pris kijon pour une base, un piédestal ; s’il avoit fait attention que dans la Mythologie des Arabes, Saturne, le plus ancien des dieux, est appellé Keyvan, ce qui sans doute est la même chose que le Kijun, Kivono des Hébreux ; l’un & l’autre mot venant de l’ancienne racine kava, adussit, combussit, incendit, il auroit entendu par Kijun le premier des dieux, qui est le soleil, ignis pater. Ce qui se démontre par un passage du Pœnulus de Plaute. Milphio jouant sur le mot zona, qui signifie bourse ou ceinture, demande au Cartaginois qui ne portoit point de bourse, Tu qui zonam non habes, quid hanc venisti in urbem, aut quid quæritis ? Le Cartaginois répond dans sa langue : Muphursa mo in lechiana ; paroles dont il est aisé de faire ces anciens mots chaldéens, mephurnesa molech kiana, qui signifient, celui qui nourrit la nature me nourrit, voulant dire que sous la protection du soleil, qui nourrit tout la nature, il n’avoit pas besoin d’argent : réponse très-sensée & très-bonne à faire aux railleries d’un homme qui vous demande que venez-vous faire ici sans argent.

Molech signifie roi, seigneur, dominateur ; Molech Kijun sera donc le seigneur Kijun ; le roi de toutes choses, le soleil. Aussi dans l’ancienne langue syriaque kijana signifie la nature.

Or il paroît par des passages de Denis d’Halicarnasse, de Diodore de Sicile, &c. que le soleil étoit regardé comme le maître, le directeur de la nature. Voici donc comme il faudroit traduire le passage d’Amos : « Vous avez porté les tentes de votre roi de la nature, où sont l’image & l’étoile des dieux que vous vous êtes faits ».

Saint Etienne, Act. cap. vij. 43. citant le passage d’Amos, substitue à Kijun le mot de remphan, ou comme les septante l’avoient rendu, rephan, parce que faisant leur version en Egypte, ils devoient donner aux idoles dont ils parloient le nom que leur donnoient les Egyptiens. Or, comme on le voit par l’alphabet en langue Egyptienne qui est à Rome, & que Kircherus a donné dans son Prodromus Coptus, Saturne est appellé en Egypte Runphan ou Rephan.

Remphan ou Kijun sont donc une même divinité à laquelle le titre de moloch ou dénominateur est toûjours attaché, avec des attributs qui sous le nom de Saturne, ne peuvent convenir qu’au soleil Ainsi nous lisons dans Macrob. Saturn. lib. I. 7. simulacrum ejus indicio est. Huic deo insitiones sæculorum pomorumque educationes, & omnium ejusmodi fertilium tribuimus disciplinas ; à quoi il ajoûte : cirenenses etiam, cum rem divinam ei fatiunt, ficis recentibus coronantur, placentasque mutuò missitant mellis & fructuum repertorum Saturnum existimantes. Aussi Orphée, dans l’hymne de Saturne, l’appelle γενάρχης, prince de la génération, ce qui ne sauroit convenir à la planette de Saturne, mais caractérise très-bien le soleil, principe de génération qui produit les fruits & fait croître les blés, éclaire & fertilise toute la nature.

KIKEKUNEMALO, s. m. (Hist. nat.) espece de gomme ou plûtôt de résine qui ressemble à la gomme copale blanche ou au succin, très-propre à faire un beau vernis transparent ; elle se dissout très-promptement dans l’esprit de vin. On la trouve en Amérique. Acta physico medica natur. curiosor. tom. I.

KILAKI ou KILANI, (Géogr. hist.) nom d’une nation de Tatares ou Tartares orientaux qui demeurent à l’embouchure du fleuve Amour. Ils vont tout nuds, & travaillent en fer. On dit qu’ils ont le secret d’apprivoiser les ours, & qu’ils s’en servent comme nous faisons des chevaux. Ils portent des anneaux aux nez, comme plusieurs autres peuples de la Tar-

tarie. Voyez description de l’empire Russien.

KILARGI BACHI, s. m. (Hist. mod.) chef de l’échansonnerie, ou grand échanson de l’empereur des Turcs. Cet officier est un des principaux de la maison du sultan, & est fait bacha lorsqu’il sort de sa charge. Le Kilarquet odari, son substitut, a en garde toute la vaisselle d’or & d’argent du sérail. Ces officiers, comme presque tous les autres du grand seigneur, sont tirés du corps des Ichoglans. Voyez Ichoglans.

KILDARE ou KILDAR, (Géogr.) ville à marché d’Irlande dans la province de Leinster, capitale du comté de même nom, lequel a 38 milles de longueur, sur 23 de largeur. Il est riche, fertile, & comprend huit baronnies. Il y a dans la ville un evêque suffragant de Dublin. Elle est à 27 milles S. O. de Dublin. Long. 10 36. lat. 53. 10. (D. J.)

KILDERKIN, s. m. (Commerce.) est une espece de mesure liquide, qui contient deux firkins ou dix-huit gallons mesure de biere, & seize à la mesure. Voyez Gallon, Mesure. Il faut deux kilderkins pour un barril, & quatre pour un muid. Voyez Barril & Muid.

KILDUYN, (Géog.) petite île de la mer Septentrionale, peu distante de celle de Wardhus, à environ 69. 40′ de latitude ; elle est couverte de mousse pour toute verdure, & n’est habitée durant l’été que par quelques lapons finlandois ou russes, qui ensuite se retirent ailleurs. (D. J.)

KILIA-NOVA, (Géog.) Callatia, bourg fortifié de la Turquie européenne dans la Bessarabie, à l’embouchure du Danube. On l’appelle Nova, pour la distinguer de Kilia l’ancien, qui est une bourgade & une île formée par le Danube, à 36 lieues S. O. de Bialogrod, 121 N. E. de Constantinople. Long. 47. 55. lat. 45. 35. (D. J.)

KILISTINONS, ou KIRISTINOUS, ou CHRISTINAUX, ou KRIGS, peuple de l’Amérique septentrionale, au fond de la baie d’Hudson, proche le fort Bourbon ou Nelson. Ce sont, avec les Assiniboëls, les plus nombreux sauvages du lieu, grands, robustes, alertes, braves, endurcis au froid & à la fatigue, toujours en action, toujours dansans, chantans ou fumans. Ils n’ont ni villages, ni demeures fixes ; ils errent çà & là, & vivent de leur chasse. Tout leur pays & ce qui les concerne est très-peu connu, malgré la relation qu’en a donné le P. Gabriel Marest, missionnaire jésuite, dans les lettres édifiantes, tome X. pag. 313. (D. J.)

KILKENNY, (Géog.) ville à marché d’Irlande, dans la province de Leinster, capitale d’un canton de même nom. C’est une des plus peuplées & des plus commerçantes villes d’Irlande qui sont reculées dans les terres. Elle est sur la Muer, à huit milles de Gowran, & 56 S. O. de Dublin. Long. 10. 20. lat. 52. 36.

Le comté de Kilkenny a 40 milles de long, sur 22 de large ; il est très-agréable & très-fertile. (D. J.)

KILL, (Géog.) riviere d’Allemagne, dans le cercle électoral du Rhin. Elle a sa source aux confins des duchés de Limbourg & de Juliers, & se jette dans la Moselle à deux lieues au-dessous de la ville de Treves. (D. J.)

KILLALOW, (Géog.) petite ville d’Irlande, dans la province de Connanght, capitale du comté de Clare ou de Thomond, avec un évêché suffragant d’Arnagh sur le Shannon, à dix milles de Limérick, & 90 S. de Dublin ; cette petite ville tombe chaque jour en décadence. Long. 9. 50. lat. 52. 43. (D. J.)

KILLAS, s. m. (Hist. nat.) nom donné par les ouvriers des mines de Cornouailles à une espece de terre d’un blanc grisâtre, mêlée de beaucoup de particules de spath calcaire, qui se dissout dans les