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est fait pour la seconde fois. Lorsque le juge renouvelle des défenses qu’il a déja prononcées, il fait itératives inhibitions & défenses. On dit aussi d’itératives jussions, itératives remontrances. Voyez Commandement, Jussion, Remontrances. (A)

ITERATO, s. m. (Jurisprud.) ou arrêt d’itérato, sentence d’itérato, est un jugement qui se donne pour autoriser à user de la contrainte par corps, après les quatre mois, pour dépens excédens la somme de 200 liv. On l’appelle itérato, ou sentence & arrêt d’itérato, parce que le jugement porte qu’il sera fait itératif commandement à la partie de payer le contenu au premier jugement dans quinzaine ; faute de quoi, elle sera contrainte par emprisonnement de sa personne. Ce terme se trouve en ce sens dans l’édit de Charles VIII. de 1493, art. 104, dans celui de Charles IX. de l’an 1567, & de Henri III. en 1582.

On appelle lettres d’itérato des lettres de chancellerie qui portent un nouveau mandement. (A)

* ITHACIENS, s. m. pl. (Hist. Eccles.) nom de ceux qui, au quatrieme siecle, s’unirent à Ithace, évêque de Sossebe en Espagne, pour poursuivre la mort de Priscillien & des Priscillianistes. Maxime sollicita S. Martin de communiquer avec les évêques ithaciens, & il ne put l’obtenir. Dans la suite le saint se relâcha, pour sauver la vie à quelques personnes, & il s’en repentit.

ITHAQUE isle, s. f. (Géogr. anc.) Ithaca, &, pour le dire plus noblement avec Virgile, Laertia regna. Petite isle de Grece, fameuse pour avoir été la patrie d’Ulysse : elle étoit voisine de Dulichium. Ptolomée dit qu’il y avoit une ville de même nom, & Homere la plaçoit au pié du mont Néios, qui est peut-être le Néritos de Virgile. Nos voyageurs ne conviennent point du nom moderne d’Itaque, & de Dulichium ; mais M. Spon, qui a visité les lieux, & qui paroît le plus croyable, prétend que Thiaki est Dulichium, & que Ithaque est un autre écueil éloigné de sept ou huit milles de-là, qu’on appelle encore Iathaco. M. de Lisle s’est conformé au sentiment de Spon. Mais dans cet endroit où régna jadis la chaste Pénélope, où sa beauté attira tant de princes, il n’y a de nos jours, pour tous habitans, que trois ou quatre misérables pécheurs. (D. J.)

ITHOMATE, (Littérat.) surnom de Jupiter, sous lequel il étoit honoré par les Messéniens, à cause d’un temple qu’ils lui avoient bâti au mont Ithome. Ces peuples qui se vantoient que le maître des dieux avoit été élevé sur cette montagne de leur pays, lui consacrerent un culte particulier, & une fête annuelle, qu’on appelloit la fête ithomée. Voyez Ithome & Ithomée.

ITHOME, (Géogr. anc.) montagne avec une forteresse qui servoit de citadelle à la ville de Messene, comme l’Acrocorinthe à la ville de Corinthe. Jupiter y avoit un culte particulier, qui lui fit donner le nom de Jupiter Ithomathe. (D. J.)

ITHOMÉE fête, (Littérat. greq.) fête annuelle que les Messéniens consacrerent à Jupiter, outre le temple qu’ils lui avoient bâti sur le mont Ithome. La façon dont ils honoroient le maître des dieux, le jour de sa fête, avoit été très-ingénieusement imaginée. Tout ce jour se passoit à porter dévotement de l’eau, du bas de la montagne où étoit bâti le temple. On y avoit construit un vaste réservoir pour contenir cette eau, destinée au service de Jupiter, c’est-à-dire, à l’usage des ministres de son temple, qui en auroient manqué sans cette ressource, que leur inspira la nécessité, mere de l’invention. (D. J.)

* ITHOMÉTE, adj. (Mytholog.) surnom de Jupiter. Aristomene sacrifia cent hommes à Jupiter ithomete, ou à Jupiter qui avoit son temple à Ithome. Ithome étoit du territoire de Messene.

ITIGUE ou ITEGUE, s. f. (Hist. mod.) c’est le titre que l’on donne en Ethiopie ou en Abissinie à celle que le Negus ou empereur a choisi pour épouse. Ce titre répond à celui de reine ou d’impératrice. Elles sont choisies parmi les filles des grands du royaume. Aussi-tôt que le souverain a jetté les yeux sur celle qu’il veut honorer de sa couche, on l’ôte à ses parens, & on la met dans la maison de quelques-uns des princes du sang royal. La l’empereur lui rend visite, pour s’assurer par lui-même de ses qualités. S’il est content de cet examen, il la conduit à l’église, où elle assiste avec lui à l’office divin, & reçoit la communion ; après quoi il la mene à sa tente, ou l’abuna ou patriarche des Abissins donne aux époux la bénédiction nuptiale. L’épouse n’est point encore pour cela déclarée reine : elle demeure dans une tente séparée, jusqu’à ce qu’il plaise à son époux de procéder à la cérémonie de son installation. Alors on assemble les grands de la cour, l’épouse est admise dans la tente du souverain, & un de ses aumoniers déclare au peuple que l’empereur a créé son esclave reine. Alors elle prend le titre d’itegue ou d’ethie, que quelques auteurs rendent par celui d’altesse.

ITHYNTÉRION, (Antiq. greq.) ἰθυντήριον ; nom de la baguette de laurier, que les prophêtes des dieux portoient dans leurs mains, pour marque de leur charge. Potter, Archæol. Græc. lib. II. 2. cap. 1. (D. J.)

ITINERAIRE, s. m. (Géogr.) description que fait un voyageur de son voyage, & des singularités qu’il a observées dans les lieux où il a passé.

L’itinéraire d’Antonin marque tous les grands chemins romains dans l’empire, & toutes les stations des armées romaines. Il fut fait par ordre de l’empereur Antonin le Pieux, comme le rapporte Luitprand ; mais il est fort défectueux par les fautes que les copistes y ont laissé glisser.

On appelle aussi itinéraire un écrit dans lequel on a indiqué la route que l’on doit suivre dans un voyage, & les lieux par lesquels il faut passer. Chambers. (G)

* Une colonne itinéraire est une colonne à part, posée dans un carrefour sur un grand chemin, où elle indique les routes différentes par les inscriptions gravées sur ses pans.

Voici un tableau des mesures itinéraires anciennes, compassé avec les mesures itinéraires modernes. Il a été donné par M. Gibert à l’académie des Inscriptions, & nous l’avons emprunté de ses recueils.

ITING, s. m. (Orn.) nom que donnent les habitans des îles Philippines à un oiseau fort connu dans le pays, & qui par la description des voyageurs paroît de la classe des pies. Il est de la grosseur d’un étourneau ; son bec, sa queue, ses aîles & ses jambes sont noires ; le dos & le ventre sont d’un blanc argentin ; sa tête n’a point de plumes, mais une raie de petites plumes noires s’étend depuis le bec jusqu’au col. Cet oiseau niche dans des petits creux ronds de palmier, & se nourrit de diverses sortes de fruits. Il est fort bruyant, & n’a pas un chant desagréable. (D. J.)

ITOMLIA, (Géog.) ville de Lithuanie, dans la Russie blanche, au palatinat de Meislau.

ITONIA, (Littérat.) surnom de Minerve, parce qu’elle étoit particulierement honorée à Itone en Béotie, quoique son temple fût à Coronée, au rapport de Polybe, liv. IV. de Strabon, liv. IX. de Plutarque & du scholiaste d’Apollonius : mais le culte qu’on lui rendoit à Itone, l’emporta sur le lieu de son temple, & la fit surnommer Itonienne, Itonide, Itoniade, en latin Itonis, Itonia. Au reste, la ville d’Itone en Thessalie, distinguée par Etienne,