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IRRITATION, s. f. (Médecine.) les Medecins entendent par ce mot l’affection qu’éprouvent les parties irritables, c’est-à-dire sensibles & contractiles du corps animal, à raison de leur contractilité ou sensibilité ; ou ce qui revient au même la sensibilité réduite en acte. Voyez Sensibilité.

IRRITER, v. act. (Gramm.) c’est exercer l’ire ou la colere. Les fautes des hommes irritent les dieux ; on irrite un animal en le tourmentant. La contrainte irrite le desir. Le mal s’irrite souvent par le remede. Il y a des hommes qu’on irrite facilement ; les Poëtes en sont ; genus irritabile vatum.

* IRROGATION, s. f. (Histoire anc.) punition décernée contre un accusé, après que la cause avoit été appellée trois fois. On annonçoit cette punition au peuple qui la confirmoit ou qui la modéroit ; cela s’appelloit certatio : voici la teneur de la loi. Cùm magistratus judicasset, irrogassetve, per populum multæ poenæ certatio esto.

IRRUPTION, s. f. (Gramm. & Art milit.) entrée subite de l’ennemi dans une contrée pour s’en emparer ou pour la ravager. La Pologne est exposée aux irruptions des Turcs & des Cosaques ; l’irruption est un acte de barbarie.

IRTICH ou IRTIS, (Géog.) grande riviere d’Asie dans la Sibérie. Après avoir arrosé une vaste étendue de pays depuis ses deux sources, qui sont vers le quarante-septieme deg. de latitude selon quelques-uns, ou selon le P. Gaubile, à 46. 4. & à 112d 12′ 48″ de longit. elle se jette dans le fleuve Oby à 60d 40′ de latitude ; ses eaux blanches & légeres abondent en poissons, sur tout en esturgeons & en saumons délicieux.

Pierre le Grand empereur de Russie, considérant que l’Irtich lui pouvoit être d’une grande utilité pour fonder un commerce avantageux entre ses états & les autres pays de l’Orient, fit faire en 1715 de distance en distance le long de cette riviere, des établissemens, qui seroient d’une toute autre valeur entre les mains d’une nation libre & commerçante.

Il y a une ville de ce nom au Mogolistan, à qui le traducteur de Timur-Beg donne 130 deg. de longitude, & 56 deg. 40 min. de latitude. (D. J.)

IRWIN, (Géog.) Irva, ville d’Ecosse, capitale de la province de Cuningham, avec un port qui ne peut servir qu’à des barques ; elle est sur la riviere de même nom, à 21 lieues S. O. d’Edimbourg, 107 N. O. de Londres. Long. 12. 50. lat. 56. 5. (D. J.)

I S

ISABELLE, adject. (Gramm. & Teint.) couleur qui participe du blanc, du jaune & de la chair.

Isabelle, (Maréchallerie.) poil de cheval tirant sur le jaune clair. Les chevaux isabelles ont quelquefois les crins & la queue isabelle ; mais il y en a un plus grand nombre à crins blancs ou à crins noirs.

Isabelle, (Géogr.) petite ville de l’Amérique dans l’île espagnole, sur la Jahja, bâtie par Christophe Colomb en 1493, dans un terroir fertile & très-sain. Long. 307. 5. lat. 19. 55. (D. J.)

Isabelle, l’île, (Géog.) île de la mer du Sud, de 230 lieues de circuit, & la plus grande des îles de Salomon, elle fut découverte par les Espagnols en 1568 : sa partie orientale s’appelle le Cap brûlé. (D. J.)

ISADA, (Hist. nat.) nom donné par les Espagnols & Portugais d’Amérique à la pierre des Amasones, que l’on appelle communément jade. Voyez cet article.

ISADAGAS ou TAGODAS, (Géog.) ancienne ville d’Afrique en Barbarie, au royaume de Maroc dans la province d’Escure, sur la cîme d’une haute montagne, & néanmoins dans un terroir abondant

en bétail, orge, froment, légumes & miel blanc fort estimé. Les habitans commercent avec ceux de Numidie & de Gétulie, qui sont de l’autre côté du mont Atlas ; ils accordent gratuitement l’hospitalité à tous les étrangers. (D. J.)

ISAGA, s. m. (Hist. mod.) officier du grand-seigneur ; c’est le grand chambellan. C’est lui qui porte les paroles secrettes du grand-seigneur à la sultane ; il commande aux pages de sa chambre & de sa garde robe, & veille à tout ce qui concerne la personne du sultan.

ISAGONE, adject. (Géomét.) terme dont on se sert quelquefois, mais rarement dans la Géométrie, pour exprimer une figure composée d’angles égaux. (E)

ISAIE, (Théolog.) nom d’un des livres prophétiques & canoniques de l’ancien testament, ainsi appellé d’Isaïe, fils d’Amos, qui prophétisa sur la fin du regne d’Osias jusqu’au tems de Manassés.

Isaïe est le premier des grands prophètes. Il recueillit lui-même dans un volume les prophéties qu’il avoit faites sous les rois Osias, Joathan, Achaz & Ezéchias. Il avoit encore écrit un livre des actions d’Osias, dont il est parlé dans le second livre des Paralipom. chap. xxvj, V. 22. On lui a aussi attribué quelques ouvrages apocryphes, entr’autres le célebre, cité plusieurs fois par Origene, & un autre intitulé l’ascension d’Isaïe, dont S. Jérôme & S. Epiphane font mention, & enfin un dernier intitulé vision ou apocalypse d’Isaïe. Quelques-uns ont prétendu que le titre d’Isaïe que nous avons n’est qu’une compilation tirée des ouvrages de ce prophète ; mais les conjectures qu’ils apportent pour le prouver sont très frivoles, & M. Dupin, de qui nous empruntons ceci, les a solidement réfutées dans sa dissert. prélim. sur la bible, liv. I, chap. iij, pag. 356.

Quelques Juifs lui attribuent aussi les proverbes, l’ecclésiaste, le cantique des cantiques & le livre de Job, mais sans fondement, comme on peut voir aux articles où nous avons traité de ces livres. Isaïe passe pour le plus éloquent des prophetes, & Grotius le compare à Démosthenes, tant pour la pureté du langage, que pour la véhémence du style. S. Jérôme, qui le trouve admirable à tous ces égards, & pour la vaste étendue de génie qui regne dans ses écrits, ajoute qu’il exprime tout ce qui concerne la vocation des gentils, la répudiation du peuple Juif, le regne de J. C. sa vie, sa prédication, sa passion, l’établissement & la perpétuité de l’Eglise en termes si clairs, qu’il semble plûtôt écrire des choses passées que d’en prédire de futures, & remplir les fonctions d’évangéliste plûtôt que le ministere de prophète. Dupin, Ibid. Calmet, dictionn. de la bible.

ISAMBRON, s. m. (Gram. & Commerce.) espece de panne, qui marquoit apparemment le luxe, puisqu’on défendit aux chanoines de saint Victor d’en porter.

ISARCIENS, s. m. pl. (Géog. anc.) ancien peuple d’Italie dans les Alpes, soumis par Auguste à l’empire romain : c’est présentement le val de Sarcha, près de la vallée de Camonica. (D. J.)

ISARD, s. m. (Chamoiseur.) espece de chevre sauvage, qu’on connoît plus ordinairement sous le nom de chamois, & dont la peau est fort estimée dans le commerce des cuirs. Voyez Chamois.

ISAURIE, (Géog. anc.) contrée d’Asie aux confins de la Pamphilie & de la Cilicie ; c’est un pays de montagnes, situées pour la plus grande partie dans le mont Taurus ; ce pays n’avoit autrefois ni ville ni bourgs, mais seulement deux gros villages nommés au pluriel Isaura ; cependant ces deux villages donnerent bien de la peine aux Romains, du moins à Publius Servilius, qui rapporta de leur conquête le surnom d’Isaurique.