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liere de Perse, entre l’Aras & le Kur, dont les villes principales sont Errivan & Nachschivan. (D. J.)

* IRASCIBLE, adj. (Gram. & Philosophie.) terme de Philosophie scholastique. Il est certain que tous les mouvemens de notre ame peuvent se réduire au desir & à l’aversion, au desir qui nous porte à approcher, à l’aversion qui nous inspire de fuir. Les Scholastiques ont compris ces deux mouvemens sous le nom d’appétit, & ils ont distingué l’appétit en irascible & en concupiscible. Ils rapportent au premier la colere, l’audace, la crainte, l’espérance, le désespoir & le reste de cette famille ; au second la volupté, la joie, le desir, l’amour, &c.... Platon complétoit le système de l’ame, en ajoutant à ces deux branches une partie raisonnable, c’étoit la seule qui subsistât après la destruction du corps ; la seule immortelle ; les deux autres périssoient avec lui. Il plaçoit la qualité irascible dans le cœur ; la concupiscible dans le foie, la raisonnable dans la tête. Il est certain que nos passions, & même plus généralement nos actions, ont toutes des organes qui leur sont affectés ; mais la substance est une. On ne conçoit pas que l’une passe & que l’autre reste. Quoi qu’il en soit, cette vision prouve bien que Socrate & Platon n’avoient aucune idée de la spiritualité.

IRÉNARQUE, s. m. (Hist. anc.) nom d’un officier de guerre dans l’empire Grec, dont la fonction étoit de maintenir la paix, le repos, la tranquillité & la sûreté dans les Provinces.

Ce mot est Grec, ειρηναρχης, composé de ειρενη, paix, & αρχος, prince, & αρχη, commandement.

Dans le code de Justinien, il est dit que les irénarques sont envoyés dans les provinces pour y maintenir la tranquillité & la paix ; ce qu’ils faisoient en punissant les crimes, & en faisant observer les lois.

Il y avoit encore un autre irénarque dans les villes, pour y procurer & y conserver la concorde entre les citoyens, & y éteindre les dissensions. On l’appelloit autrefois préfet de la ville. Voyez Préfet.

Les empereurs Théodose & Honorius supprimerent les charges d’irénarques, parce qu’abusant de leur pouvoir, ils vexoient les peuples, au lieu de maintenir entr’eux le bon ordre. Voyez le Dictionn. de Trévoux.

IRÉSIONE, s. m. (Litt greq.) c’étoit chez les Athéniens un rameau d’olivier entortillé de laine avec des fruits attachés tout autour ; on le portoit dans plusieurs fêtes, les anciens auteurs en parlent beaucoup & citent les vers que l’on chantoit en le portant. Voyez Meursius de Festis Græc. lib. V. (D. J.)

JIRID, s. m. (Hist. mod.) espece de dard que les Turcs lancent avec la main. Ils se piquent en cela de force & de dextérité.

IRIPA, s. m. (Botan. exot.) grand pommier des Indes orientales, connu dans l’isle de Malabar ; les auteurs de Botanique l’appellent malus indica, pomo cucurbiti-formi, monopyreno ; on tire de son fruit une huile pour la galle & les maladies cutanées. Voyez Ray, Hist. plant. (D. J.)

IRIS BULBEUX, s. f. (Bot.) xiphion. genre de plante à fleur liliacée, monopétale, ressemblante à celle de la flambe. Le pistil a trois pétales, & le calice devient un fruit de même forme que celui de la flambe ; mais la racine est bulbeuse ou composée de plusieurs tuniques. Tournefort, inst. rei herbariæ. Voyez Plante.

Iris, (Botan.) genre de plante bulbeuse, dont on a donné les caracteres au mot Flambe.

Entre les 74 especes d’iris de M. Tournefort, nous nous contenterons de décrire l’iris ordinaire, de dire un mot de l’iris de Florence, & de l’iris jaune de marais, qui toutes trois intéressent principalement les Médecins.

L’iris ordinaire, l’iris nostras, est l’iris vulgaris,

Germanica, sive hortensis, sive sylvestris, de la plûpart des botanistes.

Sa racine se répand obliquement sur la surface de la terre ; elle est épaisse, ridée, genouillée, d’un rouge brun en dehors, blanche en dedans, garnie de fibres à sa partie inférieure, d’une odeur âcre & forte, lorsqu’elle est récente, mais qui devient agréable lorsqu’elle a perdu son humidité. Les feuilles qui sortent de cette racine, sont larges d’un pouce, longues d’une coudée, fermes, pleines de nervures, & de la figure d’un poignard : elles sont tellement unies & touffues près de la racine, que la partie concave d’une feuille embrasse la partie convexe ou le dos de l’autre feuille. Entre ces feuillés s’éleve une tige droite, cylindrique, lisse, ferme, branchue, divisée par quatre ou cinq nœuds, garnis de feuilles qui l’entourent, & qui sont d’autant plus petites, qu’elles se trouvent plus près du sommet.

Les fleurs commencent à paroître vers le printems, & sortent de la coëffe membraneuse qui les enveloppoit : elles sont d’une seule piece, divisée en six quartiers, trois élevés & trois rabatus, extérieurement de la couleur de pourpre, ou de violette parsemée de veines blanches.

Le pistil s’éleve du fond de cette fleur, surmonté d’un bouquet à trois feuilles de la même couleur, voutées, & formant une espece de gueule.

Le calice devient un fruit oblong, relevé de trois côtes ; il s’ouvre en trois segmens par la pointe, & est partagé en trois loges remplies de semences rondes, oblongues, placées les unes sur les autres.

Cette plante est cultivée dans nos jardins, & commence à fleurir à la fin de Mai.

L’iris de Florence, est appellée des Botanistes iris alba, iris flore albo, iris Florentina. Elle ne differe point de l’iris ordinaire par la figure de ses racines, de ses feuilles & de ses fleurs ; mais seulement par la couleur. En effet, ses feuilles tirent plus sur le verd de mer ; ses fleurs d’un blanc de lait, ont peu d’odeur, mais très-agréable ; ses racines sont plus grandes, plus épaisses, plus solides, plus blanches, & plus odorantes que celles de l’iris-nostras. Elle croît sans culture aux environs de Florence, mais on ne la voit ici que dans nos jardins.

Sa racine est seule d’usage en Médecine : elle se trouve chez nos droguistes en morceaux oblongs, genouillés, un peu applatis, de l’épaisseur d’un ou de deux pouces, blanche, dépouillée de ses fibres & de son écorce, qui est d’un jaune rouge ; elle donne une odeur de violette pénétrante ; son goût est âcre & amer. Elle entre dans plusieurs préparations galéniques ; on la croit propre à atténuer & inciser la lymphe qui embarrasse les bronches des poumons. On la mêle utilement dans les sternutatoires ; mais son principal usage est pour les parfums.

La racine de l’iris ordinaire tient son rang parmi les plus violens hydragogues, c’est pourquoi les sages médecins s’abstiennent de l’employer ; sa saveur est également âcre & brûlante, & son acrimonie s’attache si fort à la gorge qu’on a raison de redouter ses effets sur l’estomac & sur les intestins.

L’iris jaune de marais, nommée par Tournefort iris vulgaris, lutea, palustris, produit de l’encre passablement bonne, si on la cuit dans de l’eau, & qu’on y jette un peu de limaille de fer, c’est le petit peuple d’Ecosse qui a fait cette découverte, dont personne ne se doutoit. On coupe quelque racine de cette iris par tranches, qu’on met bouillir à petit feu dans une certaine quantité d’eau, jusqu’à ce que la liqueur soit suffisamment épaissie ; on la passe claire dans un autre vase ; on y plonge ensuite pendant quelque tems une lame inutile de couteau, ou quelque autre morceau de fer, on frotte rudement ce morceau de fer avec un caillou fort dur qui se trouve dans le