Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 8.djvu/844

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gin de celle de l’intestin. Sa longueur est ordinairement d’une palme & demie ou deux, & sa largeur de trois doigts. Son extrémité à laquelle on donne le nom d’anus est munie de quatre muscles ; savoir, de deux sphincters & de deux releveurs, dont on peut voir la description en leur place.

On trouve encore dans les intestins un grand nombre de glandes, qui forment dans les grêles comme autant de grappes de raisin ; elles sont très-petites dans ces derniers, & on les distingueroit à peine si elles ne formoient plusieurs amas. Elles sont plus grosses dans les gros intestins, & dispersées, & on leur donne le nom de glandes solitaires, malgré leur nombre, qui est très-considérable : ces glandes déchargent une liqueur dans les intestins ; mais on ne sait si elle sert à quelque chose de plus qu’à les lubrifier & à délayer les matieres qu’ils contiennent, quoique ce soit par ces glandes que se fait la plus grande partie de la décharge que l’on a souvent occasion d’observer dans les diarrhées extraordinaires, ou dans l’administration des carthartiques.

Les intestins reçoivent du sang des arteres mésentériques, lequel retourne par les veines mésaraïques : mais le duodenum reçoit une branche d’artere de la cœliaque, qu’on appelle duodenate, à laquelle répond une veine de même nom, qui ramene pareillement le sang dans la veine porte. Le rectum en reçoit d’autres, auxquelles on donne le nom d’hémorroïdales ; savoir, l’interne de la mésentérique inférieure, & l’externe de l’hypogastrique, avec des veines correspondantes qui ont le même nom, & qui aboutissent aussi à la veine porte. Ces vaisseaux fournissent aux intestins une infinité de ramifications, & varient souvent dans plusieurs sujets de même espece. Il s’en faut de beaucoup aussi qu’ils ayent une apparence uniforme dans les animaux de différente espece. Les intestins reçoivent leurs nerfs de ceux de l’estomac ; il leur en vient aussi du grand plexus mésentérique, qui donne des branches à tous les intestins. Les autres vaisseaux des intestins sont les conduits lymphatiques & les veines lactées. Voyez Lactée & Conduit lymphatique.

INTESTINALE, Fievre, (Médec.) febris intestinalis, nom donné par Heister à une espece particuliere de fievre que quelques-uns nomment mal-à-propos mésentérique, & que Sydenham appelle febris nova. Elle n’est cependant pas nouvelle dans le monde. C’est une fievre aiguë, toujours accompagnée de diarrhée salutaire, & qu’il est dangereux d’arrêter ; cette fievre n’étoit pas inconnue à Hippocrate, aux Grecs des derniers âges, à Celse, & parmi les modernes à Duret, Sennert, Forestus, Riverius, Etmuller, Baglivi, Stahl, Hoffman, & Lancisi ; mais ils en ont parlé imparfaitement à tous égards.

La plupart d’entre eux l’ont mise au rang des fievres malignes, à cause de la violence de ses symptomes naturels, ou occasionnés par un mauvais traitement ; mais c’est plutôt une sorte de fievre diarrhétique, dont le siege est dans les intestins, ou du moins dont la matiere est plus convenablement & plus sûrement évacuée par cette voie que par toute autre.

Les symptomes ordinaires caractéristiques de cette espece de fievre, sont de fréquens frissons, qui reviennent irrégulierement par intervalles au commencement de la maladie ; la langue est teinte de saletés d’un jaune noirâtre ; les hypochondres sont distendus, & souvent douloureux ; le malade éprouve de fréquens tremblemens en dormant ; la tête & le col souffrent aussi ; la diarrhée d’une très-mauvaise odeur, accompagne toujours cet état ; les urines sont troubles, & déposent un sédiment bourbeux.

A ces symptomes, se joignent quelquefois de vio-

lentes anxiétés, de grandes douleurs d’estomac,

d’hypochondres, une vive chaleur interne, des tremblemens convulsifs, des soubresauts de tendons, la prostration des forces, le hoquet, les sueurs froides, & autres tristes présages de la mort.

La méthode curative rejette les échauffans, les sudorifiques, les cathartiques, & même les diaphorétiques ; elle adopte les minoratifs, qui operent sans violence & sans irritation ; elle exige les boissons délayantes, lubréfiantes, adoucissantes, d’orge, de gruau, d’avoine & autres semblables, le nitre, les ascescens tirés des végétaux, & de leurs graines. Les émétiques sont nécessaires, lorsque des envies de vomir accompagnent le cours de ventre. En un mot, il faut détacher, évacuer, & corriger entierement les humeurs dépravées qui se portent dans l’estomac & dans les entrailles : mais comme la cure de cette maladie est la même que celle des fievres cathartiques & stercorales, voyez ces deux mots, où nous sommes entrés dans de plus grands détails. (D. J.)

INTHRONISATION, s. f. (Gram. & Hist.) l’entrée d’un prélat en possession de son siege épiscopal. Il y avoit autrefois en orient des droits d’inthronisation ; c’étoient des bourses d’argent qui se distribuoient au patriarche qui avoit nommé & aux évêques qui avoient célébré la consécration. Le concile de Latran tenu en 1179 abolit cette simonie.

Inthronisation se dit encore d’une partie de la cérémonie du couronnement d’un roi ; c’est le moment où le souverain couronné se place sur le throne. La priere qui se fait alors, est appellée le discours de l’inthronisation.

INTIENGA, s. m. (Hist. nat.) petit animal quadrupede, qui se trouve en Afrique & sur-tout dans le royaume de Congo. Sa peau est si belle & tachetée de couleurs si vives, qu’il n’est permis qu’aux rois de Congo, aux princes de la famille royale & aux grands que le roi veut distinguer, de porter cette fourrure. Ce monarque en fait des présens aux autres princes ses vassaux, qui s’en trouvent très-honorés. Cet animal vit toujours sur les arbres, & meurt peu après avoir mis pié à terre.

INTIMATION, s. f. (Jurisprud.) se prend quelquefois pour tout acte judiciaire, par lequel on déclare & notifie une procédure à quelqu’un ; mais il se prend plus ordinairement pour l’exploit d’assignation qu’un appellant fait donner à celui qui a obtenu gain de cause devant les premiers juges, pour voir réformer la sentence par le juge supérieur.

Suivant l’ancien style qui est encore usité dans quelques provinces, on écrivoit ô intimation pour dire avec intimation.

Folle intimation, c’est lorsqu’on intime sur un appel quelqu’un qui n’a pas été partie dans la sentence.

L’ordonance de 1667 porte que les folles intimations seront vuidées par l’avis d’un ancien avocat. Voyez le tit. 6. art. 4. Voyez ci-après Intimé. (A.)

INTIME, adj. (Gram.) il se dit au physique & au moral. Ces corps contractent une union intime ; alors il est synonyme à étroit & profond. Ils sont intimes ; ils vivent dans la plus grande intimité, c’est-à-dire qu’ils n’ont rien de caché ni de secret l’un pour l’autre. Il est encore relatif à l’intérieur. C’est quelquefois un titre ; un conseiller intime de l’empereur.

INTIMÉ, adj. (Jurisprud.) est celui au profit duquel a été rendue la sentence dont est appel, & qui en soutient le bien jugé contre l’appellant.

Ce mot vient du latin intimare qui signifie déclarer & dénoncer, parce qu’anciennement l’appellant ajournoit le juge pour l’obliger de venir soutenir le bien jugé de la sentence, & on intimoit la partie, c’est-à-dire, qu’on lui dénonçoit l’appel ; aujour-