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INSPRUCK, (Géog.) Œni-pons, ville d’Allemagne, capitale du Tirol ; c’étoit autrefois la résidence d’un archiduc de la maison d’Autriche ; son nom est allemand ; il est composé du mot Inn, qui est le nom de la riviere sur laquelle cette ville est située ; en latin Œno, & du mot bruck, qui veut dire un pont : en changeant le b en p, on a fait Inspruck ; en latin Œni-pons, c’est-à-dire Pont-sur-l’Inn. Elle est dans un beau vallon, à 11 lieues N. O. de Brixen, 25 S. de Munich, 95 S. E. de Vienne. Long. selon Harris, 29. 16. 15. lat. 47. 15.

Il y a un jésuite, nommé le pere Tanner (Adam) natif d’Inspruck, qui est mis par son corps au rang des illustres écrivains que la société a produits dans le dernier siecle : je laisse à juger de son mérite par sa somme sur saint Thomas, sa théologie scholastique, spéculative & pratique, & son astrologie sacrée, pour apprendre aux Chrétiens à connoître les choses saintes par le concours des astres. (D. J.)

* INSTABILITÉ, s. f. (Gramm.) qui n’est pas stable, qui est sujet au changement. On dit l’instabilité du tems, de la fortune, des sentimens, des passions, des goûts, des desirs, du bonheur & des choses humaines. Il n’y a presque rien sur quoi nous puissions compter. Encore si l’on mesuroit son attachement aux objets, sur leur instabilité ; mais non, on se conduit comme s’ils ne devoient jamais nous manquer : cependant il vient un moment où ils nous échappent, & nous nous plaignons, comme s’ils avoient dû changer de nature en notre faveur.

INSTADT, (Géog.) petite ville d’Allemagne sur le Danube, près de Passau, dont elle est seulement séparée par l’Inn, à son confluent. Long. 31. 15. lat. 48. 25. (D. J.)

INSTALLATION, s. f. (Jurisprud.) est l’acte par lequel un officier est mis en possession publique de la place en laquelle il doit siéger, quasi in stallum introductio.

Avant de parvenir à l’exercice d’un office, il y a trois actes différens à remplir ; savoir, la provision qui rend propriétaire de l’office ; la prestation de serment & réception qui rend titulaire, & du jour de laquelle on jouit de tous les priviléges attachés au titre de l’office ; & l’installation par laquelle seule on entre en exercice & l’on participe aux émolumens qui sont dûs à cause de l’exercice.

Quand l’officier a un supérieur, il s’adresse à lui pour être installé ; s’il n’y en a point dans son siége, celui qui le suit immédiatement fait l’installation.

Les juges des justices seigneuriales qui sont seuls, s’installent eux-mêmes.

Voyez Loiseau, des offices, liv. I. chap. vij. n. 27. & suiv. (A)

INSTANCE, s. f. (Jurisprud.) signifie en général la poursuite d’une action en justice.

On comprend quelquefois sous le terme d’instance toutes sortes de contestations portées en justice ; c’est en ce sens que l’on dit être en instance avec quelqu’un ; cependant quand on parle d’une instance, on entend ordinairement une affaire appointée, soit sur une demande, soit sur un appel verbal.

Instance appointée, est celle où les parties doivent écrire & produire.

Instance d’appointé à mettre, c’est lorsque le juge ordonne que les parties remettront leurs pieces. Voyez Appointement.

Instance de licitation, est celle qui a pour objet la licitation d’un immeuble indivis entre plusieurs copropriétaires. Voyez Licitation.

Instance d’ordre, est celle où l’on fait l’ordre & distribution du prix d’un immeuble vendu par decret entre les créanciers opposans.

Instance de partage, est celle qui a pour objet le partage d’un immeuble commun & indivis.

Instance périe ou périmée, est celle qui est comme non avenue par le laps de trois années sans aucune poursuite de part ni d’autre. Voyez Péremption.

Instance de préférence, est celle où l’on discute entre les créanciers saisissans & opposans lesquels doivent être payés les premiers sur une somme de deniers, soit comme privilégiés, ou comme premier saisissant. Voyez Préférence.

Premiere instance se dit de la poursuite qui se fait d’une action devant le premier juge.

Instance de saisie & arrêt, voyez Saisie & Arrêt.

Instance de saisie-réelle, voyez Decret & Saisie-réelle.

Instance sommaire, c’étoit une instruction qui se faisoit en six jours à la barre de la cour : ces sortes d’instructions ont été abrogées par l’ordonnance de 1667, tit. II, art. ij. Voyez Cause & Procès. (A)

INSTANT, s. m. (Mét.) partie de la durée dans laquelle on n’apperçoit aucune succession, ou ce qui n’occupe que le tems d’une idée dans notre esprit. Ce tems est le moment le plus court pour nous. V. Moment, Durée, &c.

C’est un axiome en Méchanique, qu’aucun effet naturel ne peut être produit en un instant. On voit par là d’où vient qu’un fardeau paroît plus léger à une personne à proportion qu’il le porte vîte, & pourquoi la glace est moins sujette à se rompre lorsqu’on glisse dessus avec vîtesse, que lorsqu’on va plus lentement. Voyez Tems.

Les Philosophes distinguent trois sortes d’instans, l’instant de tems, l’instant de nature, & l’instant de raison.

L’instant de tems est une partie de tems qui en précede immédiatement une autre : ainsi le dernier instant d’un jour précede réellement & immédiatement le premier instant du jour suivant.

L’instant de nature est ce qu’on appelle autrement priorité de nature : il se trouve dans les choses qui sont subordonnées pour agir, comme les causes premieres & les causes secondes ; les causes & les effets, car la nature des choses demande qu’il y ait une cause premiere s’il y a des causes secondes ; qu’il y ait une cause, s’il y a un effet.

L’instant de raison est un instant qui n’est point réel, mais que la raison, l’entendement, l’esprit conçoit avant un autre instant, avec un fondement de la part des choses qui donnent occasion de le concevoir. Par exemple, parce que Dieu a fait plusieurs choses librement, & qu’il pouvoit ne pas faire, il y a un fondement raisonnable de concevoir Dieu tel qu’il est en lui-même avant de concevoir les decrets libres qu’il a faits ; mais parce qu’il n’y a jamais eu en effet de tems ou d’instant réel où Dieu n’eût formé aucun decret, cet instant s’appelle instant de raison, & non pas instant de tems.

D’instant on en fait instantanée, qui ne dure qu’un instant. C’est en ce sens qu’on dit que l’action de la matiere électrique est instantanée, & que la propagation de la lumiere ne l’est pas. Cependant l’acception de ce terme n’est pas toujours aussi rigoureuse ; & on l’applique quelquefois à un phénomene dont la durée, courte à la vérité, a pourtant quelque durée commensurable ; alors il est synonyme à prompt & passager.

INSTANTANÉE, adj. (Gram.) qui ne dure qu’un instant. On dit une douleur instantanée, un mouvement instantanée, un changement, une révolution instantanée.

INSTAURATION, s. f. rétablissement d’un temple, d’une religion dans son premier état.

Ce mot est dérivé par quelques uns d’instaurum, vieux mot latin, qui signifie proprement tout ce qui est nécessaire pour l’exploitation d’une terre, d’une