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pour son doctorat en Médecine à Leipsick, au mois de Juin 1537. (Y)

Injection, (Pharmacie.) L’injection est une liqueur quelconque destinée à être portée dans différentes cavités, soit naturelles, soit contre nature, telles que les oreilles, les points lacrymaux, les narines, la bouche, l’anus, la vessie, la vulve, les abscès, les fistules, &c.

La destination de cette liqueur ne demande de la part de l’artiste aucune considération particuliere. Une lessive ou dissolution saline, une décoction, une infusion, une teinture, une mixture, &c. n’exigent aucune circonstance de manuel particuliere pour être administrée sous forme d’injection.

L’injection destinée particulierement à la bouche, est connue dans l’art sous le nom de gargarisme. Voyez Gargarisme. Et celle qui est destinée à l’anus, ou pour mieux dire aux gros intestins, sont ceux de clystere, de lavement, de remede. Voyez Clystere & Lavement. (b)

* INIMITABLE, adj. (Gramm.) qu’on ne peut imiter. Voyez Imitation. La nature a des beautés inimitables. Tout ce qui porte un caractere de génie ou d’originalité, ne s’imite point.

INIMITIÉ, s. f. (Gramm.) c’est la haine entre des personnes faites pour s’aimer. Voyez Haine.

ININTELLIGIBLE, adj. (Gramm.) qu’on ne peut entendre. L’obscurité qui rend une chose inintelligible, vient ou de la chose même, ou de la maniere dont elle est présentée.

INJONCTION, s. f. (Jurisprud.) signifie ordre ou commandement donné à quelqu’un par la loi ou par le juge, de faire quelque chose. (A)

* INIQUE, INIQUITÉ, (Gramm.) voyez Injuste, Injustice. On dit un juge inique & un homme injuste ; d’où il semble que l’acception d’injuste est plus étendue que celle d’inique.

INISHCORTHY, (Géog.) petite ville d’Irlande, dans la province de Leinster, au comté de Wexfort, à 16 lieues N. E. de Ross. Long. 11. 2. lat. 52. 30. (D. J.)

INIS-OWEN, (Géog.) Avalonia ; petit pays d’Irlande, dans la province d’Ulster, au comté de Londonderri ; c’est une petite presqu’île sur la côte septentrionale de l’île. (D. J.)

INITIAL, adj. (Grammaire.) On appelle lettre initiale la premiere lettre de chaque mot, comme on appelle finale la derniere. Initial vient du latin initium, entrée, commencement. L’exactitude de l’ortographe exige que quelques lettres initiales soient majuscules : ce sont,

1°. Dans la Poésie, la lettre initiale de chaque vers grand ou petit, soit qu’il commence un sens, soit qu’il ne fasse que partie d’un sens commencé.

Renonçons au stérile appui
Des grands qu’on implore aujourd’hui ;
Ne fondons point sur eux une esperance folle :
Leur pompe indigne de nos vœux
N’est qu’un simulacre frivole,
Et les solides biens ne dépendent pas d’eux.

Rousseau.

2°. La lettre initiale de toute phrase qui commence après un point ou un a linea.

3°. Les lettres initiales du nom de Dieu, & des noms propres d’hommes, d’animaux, de villes, de provinces, de royaumes ou empires, de fleuves ou rivieres, de sciences, d’arts, &c. comme Priscien, Bucéphale, Paris, Bourgogne, France, Allemagne, Tibre, Meuse, Grammaire, Ortographe, Musique, Menuiserie, &c.

4°. Les lettres initiales des noms appellatifs qui déterminent par l’idée d’une dignité, soit ecclésiastique, soit civile. Lorsque ces noms sont employés

au lieu des noms propres, pour désigner les individus qui sont revêtus de ces dignités : ainsi on écrit avec une majuscule : le Roi reçut alors les preuves les plus éclatantes de l’affection de ses peuples, parce qu’il est question d’un individu ; mais on écrit avec une minuscule ; un roi doit faire son capital de mériter l’affection de ses sujets, parce que le nom roi demeure sans application individuelle. C’est la même chose de tout autre nom appellatif ou de tout adjectif, qui devient le connotatif d’un individu ; l’Apôtre, en parlant de S.Paul ; l’Orateur, en parlant de Cicéron, &c.

5°. Les lettres initiales des noms des tribunaux, des jurisdictions, des compagnies & corps ; comme le Parlement, le Bailliage, la Connétablie, l’Université, l’Académie, l’Eglise, &c. lorsque ces noms sont pris dans un sens individuel.

6°. On met quelquefois une lettre majuscule à la tête de certains mots susceptibles de divers sens dans l’usage ordinaire, & alors la majuscule initiale indique le sens le plus considérable : par exemple les Grands (les premiers de la nation), pour distinguer ce mot de l’adjectif grand, la jeunesse (âge tendre), la Jeunesse (les jeunes gens) ; les devoirs de votre état, les lois de l’Etat, &c.

Eviter de faire majuscules les lettres initiales dans tous ou dans plusieurs de ces cas, c’est une entreprise qui a droit de révolter la raison autant qu’elle choque les yeux. Outre que cette pratique est contraire à l’usage général de la nation, elle tend à nous priver de l’avantage réel qu’on a trouvé jusqu’à présent à se conformer là-dessus aux regles qu’on vient de prescrire, & ne peut être bonne qu’à bannir de notre écriture la netteté de l’expression, qui dépend toujours de la distinction précise des objets. Conformez-vous à l’usage reçu, quelque anomalie que vous pensiez y voir ; l’usage universel est moins capricieux & plus sage qu’on n’a coutume de le croire, & à s’en écarter, on risque au moins de choquer le grand nombre. (B. E. R. M.)

Initiale, adj. f. pris subst. (Hist. anc.) On appelloit ainsi les mysteres de Cérès ; voyez Céréales, parce que pour y assister, il falloit être initiés ou consacrés par des cérémonies particulieres.

INITIÉ, s. m. (Litterat.) On appelloit initiés dans le paganisme, ceux qui après des épreuves & purifications, étoient admis à la célébration des cérémonies & des mysteres.

Les fêtes & les initiations grecques ayant été établies sur le modele des fêtes & des initiations égyptiennes, les initiés s’engagerent pareillement à remplir certains devoirs & certaines formalités prescrites qu’on exigeoit d’eux ; mais nous n’en avons aucune connoissance, parce que les initiés se sont fait du secret une loi de religion inviolable. Ils se regardoient au milieu de leur patrie comme un peuple séparé par la convenance de leur culte, & comme un peuple choisi, qui devoit tout attendre de la protection des dieux. Tout ce qui a percé de la pratique des cérémonies des initiés, ne consiste qu’en des choses simples, légitimes & honnêtes, telles que l’usage de certaines prieres, des parfums & des fumigations. Leurs offrandes sur les autels étoient de la myrrhe pour Jupiter, du safran pour Apollon, de l’encens pour le soleil, des aromates pour la lune, des semences de toutes especes, excepté des feves, pour la terre. Ils reconnoissoient en même tems qu’ils rendoient un culte religieux à des hommes morts. « Puisque vous êtes initiés, dit Cicéron, vous savez que ceux même d’entre les dieux à qui on donne le premier rang, ont vêcu sur la terre avant que de monter au ciel ».

Pausanias rapporte que les initiés aux mysteres orphiques apprenoient par cœur & chantoient des hymmes composés par Orphée. Cet historien a mieux