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Présent post. Prétérit post.
sing. 2. lis ou lisez. sing. 2. aye ou ayez lû.
plur. 1. lisons. plur. 1. ayons lû.
2. lisez. 2. ayez lû.

Je m’arrête principalement à la conjugaison des deux langues, qui doivent être le principal objet de nos études ; mais les principes que j’ai posés peuvent servir à rectifier les conjugaisons des autres langues, si les Grammairiens s’en sont écartés.

Je terminerai cet article par deux observations, la premiere, c’est qu’on ne trouve à l’impératif d’aucune langue, de futur proprement dit, qui soit dans l’analogie des futurs des autres modes ; & que les tems qui y sont d’usage, sont véritablement un présent postérieur, ou un prétérit postérieur. Quel est donc le sens de la maxime d’Apollone, qu’on ne commande pas les choses passées ni les présentes ? On ne peut l’entendre que des choses passées ou présentes à l’égard du moment où l’on parle. Mais à l’égard d’une époque postérieure à l’acte de la parole, c’est le contraire ; on ne commande que les choses passées ou présentes, c’est-à-dire que l’on desire qu’elles précedent l’époque, ou qu’elles coexistent avec l’époque, qu’elles soient passées ou présentes lors de l’époque. Ce n’est point ici une these métaphysique que je prétends poser, c’est le simple résultat de la déposition combinée des usages des langues ; mais j’avoue que ce résultat peut donner lieu à des recherches assez subtiles, & à une discussion très-raisonnable.

La seconde observation est de M. le président de Brosses. C’est que, selon la remarque de Léibnitz (Otium Hanoverianum, pag. 427.), la vraie racine des verbes est dans l’impératif, c’est-à-dire au présent postérieur. Ce tems en effet est fort souvent monosyllabe dans la plûpart des langues : & lors même qu’il n’est pas mono-syllabe, il est moins chargé qu’aucun autre, des additions terminatives ou préfixes qu’exigent les différentes idées accessoires, & qui peuvent empêcher qu’on ne discerne la racine premiere du mot. Il y a donc lieu de présumer, qu’en comparant les verbes synonymes de toutes les langues par le présent postérieur de l’impératif, on pourroit souvent remonter jusqu’au principe de leur synonymie, & à la source commune d’où ils descendent, avec les altérations différentes que les divers besoins des langues leur ont fait subir. (B. E. R. M.)

IMPÉRATOIRE, s. f. imperatoria, (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur en rose & en umbelle, composée de plusieurs pétales entiers ou échancrés en forme de cœur, disposés en rond, & soûtenus par un calice qui devient un fruit composé de deux semences plates, presqu’ovales, legerement cannelées & bordées ; la plûpart de ces semences quittent leurs enveloppes : ajoûtez à ces caracteres que les feuilles de la plante sont aîlées & assez grandes. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

L’impératoire commune, qui est une des sept especes de genre de plante, se nomme simplement imperatoria, ou imperatoria major, & par Dodonée astrantia.

Sa racine qui serpente obliquement, est de la grosseur du pouce, & très-garnie de fibres : les feuilles sont composées de trois côtes arrondies, d’un verd agréable, de la longueur d’une palme, partagées en trois, & découpées à leurs bords. La tige s’éleve jusqu’à une coudée, ou une coudée & demie : elle est cannelée, creuse, & porte des fleurs en rose, disposées en parasol : les fleurs sont à cinq pétales blancs, échancrés en maniere de cœur, placés en rond à l’extrémité d’un calice, qui devient un fruit formé de deux graines applaties, presque ovales, rayées légerement sur le dos, & bordées d’une aîle très-mince.

Les anciens Grecs n’ont pas connu l’impératoire, ou du-moins ils l’ont décrite avec tant d’obscurité, qu’on ne peut la retrouver dans leurs écrits. Lorsqu’on fait une incision dans sa racine, ses feuilles, & sa tige, il en découle une liqueur huileuse, d’un goût très-âcre, qui ne le cede guere en acrimonie au lait du tithymale : si l’on coupe en particulier la racine par tranches, on y découvre une infinité de vésicules, qui sont remplies d’une substance oléagineuse, d’une qualité chaude & active.

Cette plante fleurit en Juillet, & se plaît dans les montagnes d’Autriche, de Stirie, d’Auvergne, de plusieurs endroits des Alpes & des Pyrénées : c’est de-là qu’on nous apporte la racine seche, dont on fait avec raison un grand usage en Medecine : celle qu’on cultive dans les jardins & dans les plaines, est fort inférieure à la montagneuse.

La racine d’impératoire est genouillée, de la grosseur du pouce, ridée, comme sillonnée, d’une odeur pénétrante, d’un goût très-âcre, aromatique, & qui pique fortement la langue. (D. J.)

Impératoire, (Mat. med.) la racine que l’on trouve dans les boutiques sous le nom d’impératoire, est d’une odeur vive & aromatique, & d’une saveur âcre & brûlante : elle donne par la distillation une grande quantité d’huile essencielle, selon Geoffroy. On nous l’apporte des Alpes & des Pyrénées.

Elle doit être rangée avec les alexipharmaques & les sudorifiques. Voyez Alexipharmaque & Sudorifique.

Entre plusieurs excellentes propriétés que lui accordent divers auteurs, son efficacité contre la froideur & l’impuissance est sur-tout remarquable.

Cette racine est presque absolument inusitée dans les prescriptions magistrales ; elle entre dans les préparations suivantes de la pharmacopée de Paris, savoir, l’eau thériacale, l’eau impériale, l’eau générale, l’esprit carminatif de Sylvius, & l’orviétan commun. (b)

IMPERATOR, s. m. (Belles-Lettres.) titre que les soldats déféroient par des acclamations à leur général, après quelque victoire signalée. Il ne le gardoit que jusqu’à son triomphe ; mais Jules-César l’ayant retenu en s’emparant de l’empire, il devint le nom propre de ses successeurs, & de leur souveraine puissance. (D. J.)

IMPÉRATRICE, s. f. (Hist. anc.) femme de l’empereur : le sénat, immédiatement après l’élection de l’empereur, donnoit le nom d’Auguste, Augusta, à sa femme & à ses filles. Entre les marques d’honneur attachées à leurs personnes, une des principales étoit, qu’elles avoient droit de faire porter devant elles du feu dans un brasier, & des faisceaux entourés de lauriers, pour les distinguer de ceux des principaux magistrats de l’empire. Cependant comme plusieurs impératrices ont joué un fort petit rôle dans le monde, ou sont restées peu de tems sur le trône, les plus habiles antiquaires se trouvent fort embarrassés pour ranger quelques médailles singulieres d’impératrices, dont on ne connoît ni le regne, ni les actions, & dont les noms manquent le plus souvent dans l’histoire. Faustine & Lucile sont les seules qui nées de peres empereurs, ont été cause en quelque maniere, du rang qu’ont obtenu leurs maris. (D. J.)

Impératrice, imperatrix, augusta, &c. (Hist. mod. & droit public.) c’est le nom qu’on donne en Allemagne à l’épouse de l’empereur. Lorsque l’empereur se fait couronner, l’impératrice reçoit après lui la couronne & les autres marques de sa dignité ; cette cérémonie doit se faire comme pour l’empereur à Aix-la-Chapelle : elle a un chancellier pour elle en particulier ; c’est toûjours l’abbé prince de Fulde qui est en possession de cette dignité : son