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JAVELOT, s. m. jaculus, acontias, serpens, sagittaris, (Hist. nat.) ce serpent a été ainsi nommé, parce qu’étant monté sur les arbres, il s’élance de branche en branche, & même d’un arbre à l’autre, & qu’il tombe comme un trait sur les animaux & même sur les hommes qui sont aux alentours ; il est si prompt qu’on l’a aussi appellé serpent volant : on dit qu’il se porte d’un seul saut à la distance de vingt coudées ; on lui a aussi donné le nom de cenchrias, aspisacontias, &c. Il y a différentes especes d’acontias ; Bellon en trouva un dans l’île de Rhode qui avoit trois palmes de longueur, il n’étoit pas plus gros que le petit doigt ; sa couleur étoit cendrée, tirant sur le blanc de lait ; il avoit le ventre tout blanc & le cou noir, deux bandes noires s’étendoient sur toute la longueur du dos jusqu’à la queue ; il étoit parsemé de taches noires pas plus grandes que des lentilles, & entourées d’un cercle blanc. On trouve des serpens acontias en Afrique, en Egypte, en Norvege, & dans quelques îles de la Méditerranée. Mathiole a dit qu’il y en avoit en Sicile & en Calabre, mais on en doute, il faudroit savoir si le serpent que les habitans de ces pays appellent saettone est un acontias ; on prétend que ces serpens ont un venin qui produit des effets plus violens que le venin de la vipere. Bellon, Aldrovande, Jonston. Voyez Serpent.

Javelot, (Art milit.) espece de dard, dont se servoient les anciens, & particulierement les vélites ou troupes légeres des Romains. Il avoit pour l’ordinaire deux coudées de long & un doigt de grosseur. La pointe étoit longue d’une grande palme, & si amenuisée, dit Polybe, qu’au premier coup elle se faussoit, ce qui empêchoit les ennemis de la renvoyer.

Javelot, (Art milit.) espece de petite pique qui s’élançoit sans le secours de l’arc, c’est-à-dire par la force seule du bras. Le javelot étoit plus court que la javeline ou demi-pique, dont les anciens se servoient tant à pié qu’à cheval. Voyez Armes des Romains.

Javelot, (Gymnast. athlétiq.) espece de dard que l’on lançoit contre un but dans les jeux agonistiques, & celui qui le lançoit le plus près du but étoit victorieux à cet égard. Le javelot dont se servoient les Pentathles, se nommoit ἀποτομεύς chez les Grecs, & l’exercice s’appelloit ἀκόντιον ; c’étoit un des cinq qui composoient le pentathle, suivant l’opinion la plus commune ; les quatre autres étoient la course, le saut, le disque & la lutte. Dans la suite des tems, on y admit le pugilat, en retenant néanmoins le nom de pentathle consacré par un long usage. Voyez Pentathle. (D. J.)

JAVER, (Géog.) ville d’Allemagne, capitale d’une province considérable de même nom, dans la basse Silesie, avec une citadelle & une grande place environnée de portiques ; elle est à 5 lieues S. E. de Schweidnitz, 12 S. O. de Breslaw, 35 N. E. de Prague. Long. 34. 4′. lat. 50. 66. (D. J.)

* JAUFFNDEIGRA, s. m. (Hist.) nom du troisieme mois des Islandois, il répond à notre Mars ; c’est le mois de l’équinoxe du printems. Jauffndeigra manudar signifie mois équinoctial.

JAUGE, s. f. (Gram. & Art.) c’est en général un instrument dont on se sert pour connoître la quantité de quelque qualité physique, telle que la longueur, la largeur, la profondeur, le nombre, la consistence, &c. d’où l’on voit qu’il doit y avoir un grand nombre de jauges. Il y a

La jauge a déterminer la capacité des vaisseaux, celle qui donne le nombre de pintes, de pouces cubes, &c. qu’un muid contient de liquide. Voyez sa construction & son usage au mot Jauge. On dit la ligne de jauge ; c’est le trait marqué sur le bâton ou la verge de jauge. Voyez le même article.

Jauge facile pour les vaisseaux en vuidange, tels que tonneaux, feuillettes, &c. Pour commencer l’opération, il faut avoir, indépendamment du modele qu’on voit Planche de Mathématique, une verge de fer ou de bois sur laquelle les pouces soient marqués. Cette verge sert à mettre dans la piece dont on veut savoir combien il y a de[1] pots débités. Pour prendre la hauteur de pouces, non-compris l’épaisseur du bois à la bonde, que la piece a de diametre, en laissant tomber perpendiculairement par le bondon cette verge dans la piece jusque au fond ; cette verge sert en même tems à voir combien il reste de pouces marquant mouillant dans la piece.

Cela posé & bien compris, il faut présentement tâcher de s’expliquer plus clairement sur l’usage que l’on fait du triangle de jauge. Voyez les figures.

Avant que d’aller plus avant, il faut savoir que les lignes transversales du triangle ne sont d’aucun autre usage que pour conduire l’échelle des pouces toûjours sur une ligne droite & égale, n’y ayant que les lignes diamétrales de haut en bas du triangle en le plaçant en forme d’équerre, qui comptent ; je dis, en le plaçant en forme d’équerre pour faire comprendre ce que j’entends par lignes diamétrales ; car, pour opérer, le triangle doit être couché à-plat, le plus grand côté en-haut.

Je suppose à présent une piece marquée de la continence de 186 pots, telle mesure que l’on voudra, qui a 25 pouces de diametre à la bonde non-compris l’épaisseur du bois à ladite bonde ; restent à 8 pouces marquans mouillans. Il faut trouver combien ces 8 pouces forment de pots restans dans la piece.

Pour y parvenir, on cherche sur l’échelle des pouces (qui est la même que cette regle de papier divisée en trente-deux parties égales) le nombre 25, qui est la quantité de pouces, que la piece a de diametre à sa bonde ; je mets ce nombre 25 paralellement du côté vis-à-vis sa premiere ligne du triangle, & de l’autre côté qui est le nombre premier de cette échelle des pouces, vis-à-vis la derniere ligne du triangle qui est le nombre 100. Lorsque je suis parvenu à rendre ces deux nombres de pouces justes ; savoir, le nombre 25 vis-à-vis la premiere ligue, & le nombre premier vis-à-vis la derniere ligne du triangle, je vois combien de lignes sur le triangle me donne le nombre 8 de mon échelle des pouces, lequel nombre 8 est les 8 pouces restant mouillant dans la piece. Je trouve qu’il me donne 26 lignes sur le triangle, pour-lors je multiplie la continence de ma piece qui est de 186 pots, par cette quantité de lignes que donne le triangle, c’est-à-dire par 26. La multiplication faite, j’en retranche les deux dernieres figures. Les deux premieres figures sont la quantité de pots restante dans la piece, & les deux dernieres retranchées sont autant de centaines parties d’un pot en sus des entiers.

Exemple. La piece contient 186 pots.
elle reste à huit pouces marquant mouillant de liqueurs, lesquels 8 pouces me donnent sur le triangle 26 lignes.
Multiplication 1116
372

les deux dernieres figures retranchées de l’addition, reste 48 pots de pots. 48 | 36
48——
48100

Preuve. La piece ayant 25 pouces de diametre à la bonde, & ne restant qu’à 8 pouces mouillant, il y a 17 pouces vuides.

Je pose l’échelle de pouces, comme ci-dessus, sur

  1. Le pot ou le lot contient à-peu-près deux bouteilles ou pintes de Paris.