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Provinces-Unies dans la Gueldres, au quartier d’Arnheim, avec une université. Elle est sur le Zuiderzée, à 8 lieues N. O. d’Arnheim, 7 N. E. d’Amersfort, 12 N. O. de Nimegue, 13 E. d’Amsterdam. Les annales de Gueldres en mettent la fondation à l’an 1230, & c’est tout au plus tard. L’université a été érigée le 12 Avril 1648. Long. 23. 12. lat. 52. 24. (D. J.)

HARDESSEN, (Géog.) ville d’Allemagne dans la principauté de Calemberg, dépendante du duché de Hanovre.

* HARDI, adj. (Gram.) épithete qui marque une confiance de l’ame, qui nous présente comme faciles des entreprises qui étonnent les hommes ordinaires & les arrêtent. La différence de la témérité & de la hardiesse consiste dans le rapport qu’il y a entre la difficulté de la chose & les ressources de celui qui la tente. D’où il s’ensuit que tel homme ne se montre que hardi dans une conjoncture où un autre mériteroit le nom de téméraire. Mais on ne juge malheureusement & de la tentative & de l’homme que par l’évenement ; & souvent l’on blâme où il faudroit loüer, & on loüe où il faudroit blâmer. Combien d’entreprises dont le bon ou le mauvais succès n’a dépendu que d’une circonstance qu’il étoit impossible de prévoir ! Voyez l’article Hardiesse.

Le mot hardi a un grand nombre d’acceptions différentes tant au simple qu’au figuré : on dit un discours hardi, une action hardie, un bâtiment hardi. Un bâtiment est hardi, lorsque la délicatesse & la solidité de sa construction ne nous paroît pas proportionnée à sa hauteur & à son étendue : un dessinateur, un peintre, un artiste est hardi, lorsqu’il n’a pas redouté les difficultés de son art, & qu’il paroît les avoir surmontées sans effort.

Hardi, s. m. (Monnoie.) On donna d’abord ce nom en Guienne à une monnoie des princes anglois derniers ducs d’Aquitaine, & prédécesseurs de Charles de France, qui y étoient représentes tenant une épée nue. Ce nom qui se communiqua depuis aux petites especes de cuivre & de billon, a peut-être formé celui de liard dont nous nous servons, comme qui diroit li-hardi. Quoi qu’il en soit, le liard de Louis XI. n’étoit qu’une petite monnoie de billon : elle valoit trois deniers, & par conséquent faisoit la quatrieme partie d’un sou ; mais à l’exception de la Guienne qui lui donna le nom de hardi, toutes les autres provinces en-deçà de la Loire lui conserverent celui de liard, qui lui demeura. Voyez Liard. (D. J.)

HARDIESSE, s. f. (Morale.) Locke la définit une puissance de faire ce qu’on veut devant les autres, sans craindre ou se décontenancer. La confiance qui consiste dans la partie du discours, avoit un nom particulier chez les Grecs ; ils l’appelloient παῤῥησία.

Le mot de hardiesse, dans notre langue, désigne communément une résolution courageuse, par laquelle l’homme méprise les dangers & entreprend des choses extraordinaires. Si nous envisageons simplement la hardiesse comme une passion irascible, elle n’est en cette qualité ni vice ni vertu, & ne mérite ni blâme ni loüange. Si nous n’avons égard qu’à l’éclat qui paroît briller dans certaines actions, sans considérer que toute affection violente peut également les produire, nous regarderons souvent pour vertu ce qui n’en est qu’une fausse image, & les fruits de la bile passeront dans notre esprit pour les fruits d’une hardiesse admirable.

En effet, je trouve cinq sortes de hardiesse, qui ont une fausse ressemblance avec la vraie & la légitime. L’hardiesse militaire n’a souvent d’autre appui que l’exemple & la coûtume : celle des ivrognes est fondée sur les fumées du vin : celle des enfans sur l’ignorance : celle des amans & de tous ceux qui se laissent aller à des passions tumultueuses, sur le

desordre qu’elles causent dans leur ame : enfin la hardiesse que les Philosophes moraux nomment civile, reconnoît pour mobile la crainte de la honte. Telle étoit celle d’Hector quand il n’osa rentrer avec les autres Troïens dans Ilium, de peur que Polydamas ne lui reprochât le mépris du conseil qu’il lui avoit donné.

Il est rare de voir dans le monde une hardiesse assez pure, pour ne pouvoir pas être rapportée à l’une des cinq sortes dont nous venons de parler, qui n’ont toutefois que l’apparence trompeuse des qualités qu’elles représentent. De plus elles ne produisent rien qu’un peu d’opium ne fasse exécuter à un turc, un verre d’eau-de-vie à un moscovite, une razade d’arrak à un anglois, une bouteille de Champagne à un françois.

Mais quand la hardiesse est le fruit du jugement, qu’elle émane d’un grand motif, qu’elle mesure ses forces, ne tente point l’impossible, & poursuit ensuite avec une fermeté héroïque l’entreprise des belles actions qu’elle a conçues, quelque péril qui s’y rencontre ; c’est alors que devenant l’effet d’un courage raisonné, nous lui devons tous les éloges que mérite une vertu qui ne voit rien au-dessus d’elle.

Cette sorte de hardiesse, dit Montagne, se présente aussi magnifiquement en pourpoint qu’en armes, en un cabinet qu’en un camp, le bras pendant que le bras levé. Scipion nous en fournit un exemple remarquable, lorsqu’il forma le projet d’attirer. Syphax dans les intérêts des Romains. Pénétré de l’avantage qu’en recevroit la république, il quitte son armée, passe en Afrique sur un petit vaisseau, vient se commettre à la puissance d’un roi barbare, à une foi inconnue, sous la seule sûreté de la grandeur de son courage, de son bonheur, de sa haute espérance, surtout du service qu’il rendoit à sa patrie. Cette noble & généreuse hardiesse ne peut se trouver naïve & bien entiere, que dans ceux qui sont animés par des vûes semblables, & à qui la crainte de la mort, & du pis qui peut en arriver, ne sauroit donner aucun effroi. (D. J.)

HARDILLIERS, subst. m. pl. (Tapissier.) terme de Haute-Lissier. Ce sont des fiches ou morceaux de fer qui ont un crochet à un des bouts : ils servent à soûtenir cette partie du métier des Haute-Lissiers, qu’on appelle la perche de lisse, c’est-à-dire cette longue piece de bois avec laquelle les ouvriers bandent ou lâchent les lisses qui font la croisure de leur tapisserie. Voyez Hautelisse. Dictionn. du Commerce & de Trév.

HARDOIS, subst. m. pl. terme de Venerie. C’est ainsi qu’on appelle de petits liens de bois où le cerf touche de sa tête, lorsqu’il veut séparer cette peau velue qui la couvre : on les trouve écorchés.

HARENG, s. m. (Hist. nat. Litholog.) harengus rond. gem. ald. poisson de mer connu dans toute l’Europe. Il a neuf pouces ou un pié de longueur, & deux ou trois pouces de largeur ; la tête & tout le corps sont applatis sur les côtés. Ce poisson a les écailles grandes, arrondies, peu adhérentes, & le dos de couleur bleue-noirâtre ; le ventre a une couleur blanche-argentée ; il est très-menu & n’a qu’une file d’écailles dentelées qui s’étend depuis la tête jusqu’à la queue sur le tranchant que forme le ventre. La mâchoire du dessous est plus saillante en-avant que celle du dessus, & a des petites dents ; il s’en trouve aussi de pareilles sur la langue & sur le palais : le hareng meurt dès qu’il est hors de l’eau. Rai, synop. piscium, pag. 103.

M. Anderson prétend que les harengs des golphes de l’Islande sont gras & meilleurs que par-tout ailleurs ; que l’on y en trouve qui ont près de deux piés de longueur & trois doigts de largeur ; & que c’est peut-être ceux que les Pêcheurs appellent rois