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glaciale. Il y regne un froid extraordinaire, & la terre y est toujours gelée jusqu’à une très-grande profondeur. Les habitans déposent leur provision de poisson & de viande dans leurs caves, où étant gelées, elles se conservent très-long-tems. Les environs de cette ville sont très-stériles à cause du froid qui y regne. C’est dans son territoire qu’on trouve une très-grande quantité de dents d’élephans enfouies en terre. Voyez Ivoire fossile. Elle est placée au 58e degré 26 minutes de latitude septentrionale. Elle est habitée par les Jakutes, nation tartare, & par les Russes. Gmelin, voyage de Sibérie.

JALA, (Géog.) royaume & ville d’Asie, situés dans la partie orientale de l’isle de Ceylan. Cet état est fort dépeuplé, à cause de la mauvaise qualité de l’air.

JALAC, (Géog.) ville d’Afrique, dans la Nubie, bâtie sur une isle formée par le Nil.

JALAGE, s. m. (Jurisprud.) est un droit que quelques seigneurs sont fondés à prendre sur chaque piece de vin vendue en détail ; c’est la même chose que ce que l’on appelle ailleurs droit de forage. Ce mot jalage vient de ce qu’on mesure le vin, dû pour ce droit, dans une jale ou vaisseau contenant un certain nombre de pintes de vin. La jalage d’Orléans, qui paroît avoir rapport à ces termes de jale & de jalage, contient seize pintes. Voyez l’article 492 de la Coûtume d’Orléans. (A)

JALAP, jalapa, s. m. (Hist. nat. Botan.) plante à fleur monopétale en forme d’entonnoir, découpée, pour l’ordinaire, très-légerement ; elle a deux calices ; l’un l’enveloppe, l’autre la soutient ; celui-ci devient dans la suite un fruit arrondi qui renferme une semence de même forme. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

M. de Tournefort compte onze especes de ce genre de plante, & nomme jalapa officinarum fructu rugoso, celle dont on emploie les racines sous le nom de jalap dans les boutiques. Voici la description de cette espece. Elle porte au Pérou de grosses racines noirâtres en dehors, blanchâtres en dedans, d’où sort une tige haute de deux coudées, ferme, noueuse & fort branchue : les feuilles naissent opposées, & se terminent en pointe d’un verd obscur, sans odeur. Les fleurs sont monopétales en forme d’entonnoir, jaunes ou panachées de blanc, de pourpre & de jaune, ayant un double calice, l’un qui les enveloppe, & l’autre qui les soutient. Le dernier devient un fruit ou une capsule à cinq angles, arrondie, noirâtre, longue de trois lignes, un peu raboteuse & chagrinée, obtuse d’un côté, & terminée de l’autre par un bord saillant en forme d’anneau. Cette capsule renferme une semence ovoïde, roussâtre : toute cette plante ne différe presque du solanum mexicanum magno flore C. B. P. que l’on a coutume d’appeller en françois belle-de-nuit, qu’en ce qu’elle a le fruit plus ridé ; ou plutôt c’est un liseron d’Amérique, convolvulus americanus, comme le prétend M. William Houston.

On cultive en Angleterre, dans les jardins des curieux, la plûpart des especes de jalap, soit par le moyen des racines qui réussissent très bien, soit par les graines ; on seme d’abord les graines au commencement du printems dans une couche modérée pour la chaleur, & quand elles ont levé, on les transplante dans une autre couche, à six pouces de distance, pour leur faire prendre racine ; on les couvre avec des verres pendant la nuit, & on les ôte dans le jour. Dès qu’elles se sont élevées à la hauteur d’un pié, on les met dans des pots pleins de bonne terre, qu’on place dans des couches qui ne donnent point trop de chaleur, pour faciliter leur enracinement. On transporte ces pots à la fin de Mai dans des lieux à demeure, ayant soin de soutenir la tige

de la plante par un petit bâton, & de l’arroser au besoin.

Les jalaps, par cette culture, montent à la hauteur de trois ou quatre piés, s’étendent au large, & donnent constamment des fleurs différentes sur un même pié, depuis le mois de Juin jusqu’à l’hiver, ce qui produit le double plaisir de la variété des fleurs & de leur durée.

Il est vrai cependant que les fleurs de jalap se ferment pendant le jour à la chaleur du soleil ; mais le soir à son coucher, elles s’épanouissent de nouveau & continuent dans cet état jusqu’à ce que le lendemain le soleil vienne les refermer ; c’est pourquoi, sans doute, on appelle cette plante belle-de-nuit, ou merveille du Pérou. Ainsi, toutes les fois que le ciel est couvert, ou qu’on arrive au milieu de l’autonne, les fleurs de jalap restent épanouies presque tout le jour.

Comme elles naissent successivement & se succedent promptement, leurs graines qui mûrissent peu de tems après, tombent à terre. C’est-là qu’il faut les ramasser soigneusement une ou deux fois par semaine, pour les resemer ensuite. On choisit celles qui viennent de la plante qui a donné la plus grande variété de fleurs, parce qu’elles produisent toujours cette même variété, & ne changent jamais du rouge ou du jaune au pourpre & au blanc, quoiqu’elles dégénerent quelquefois en fleurs simples, jaunes, rouges, pourpres, blanches ; mais elles retiennent constamment une ou deux de leurs couleurs primordiales.

De toutes les especes de jalap, il n’y a que le jalap à fruit ridé, fructu rugoso, espece de liseron du nouveau monde, qui donne la racine médicinale, dont on fait un si grand débit. Elle tire son nom de Xalappa, ville de la nouvelle Espagne, située à seize lieues de la Vera-Crux, d’où elle est venue pour la premiere fois en Europe.

On compte que presque tous les deux ans, il arrive d’Amérique à Cadix environ six mille livres de cette racine. (D. J.)

Jalap, (Mat. méd.) le jalap est une racine qu’on nous apporte de l’Amérique, dans un état très-sec, & coupée en tranches. L’extérieur en est noir ou très brun, & le dedans d’un gris foncé, & même un peu noirâtre, parsemé de petites veines blanches, ou d’un jaune très-pâle.

Il faut choisir le jalap en gros morceaux brillans ou résineux, qu’on ne puisse rompre avec les mains, mais qui se brisent facilement sous le marteau, qui s’enflament dès qu’on les expose à la flame, ou au charbon embrasé, & qui soient d’un goût vif & nauséeux. Il faut toujours le demander en morceaux entiers, & non pas brisé, ou en poudre ; parce que celui qu’on trouve chez les marchands dans ce dernier état, est communément vieux, carié, sans vertu.

Le jalap contient une résine & un extrait, qu’on peut en retirer séparément par les menstrues respectives de ces substances, c’est-à-dire, par le moyen de l’esprit-de-vin, & par celui de l’eau. Selon Geoffroy, douze onces de jalap donnent trois onces de résine, & quatre onces d’extrait. Cartleuser a retiré d’un once de jalap bien choisi, environ demi-once d’extrait, & deux scrupules de résine ; ce qui donne une proportion bien différente de celle de Geoffroy. Il est vraisemblable que cette variété de résultats, est plûtôt dûe dans les expériences de ces deux auteurs, à des différences dans la maniere de procéder, qu’à la diversité des sujets sur lesquels chacun a opéré : car, quoiqu’on trouve des jalaps plus ou moins résineux, il n’est pas permis de supposer qu’ils puissent tant varier à cet égard, étant observé d’ailleurs que tout bon jalap possede un de-