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à la plus petite ancre, nommée ancre de touci. Ce cordage est composé de deux ou de trois torons une fois commis, & on en fait de plusieurs grosseurs. Il y en a depuis un pouce de circonférence jusqu’à plus de douze, & leur longueur ordinaire est de 120 brasses. Il sont d’un grand usage dans la Marine. Si l’on veut un plus grand détail sur cette sorte de cordage & sa fabrique, on peut voir le chap. viij. de l’art. de la Corderie, par M. Duhamel, Paris 1757. & l’article Corderie.

HANTSHIRE, autrement HAMPSHIRE, (Géog.) ou province de Southampton, province maritime d’Angleterre sur la Manche. Elle a 34 lieues de tour, & 1312 mille 500 arpens, 250 paroisses, & 20 villes à marché. C’est un pays agréable, & abondant en bled, laine, bois, fer, & miel. On y trouve la nouvelle forêt, New-forêt, que Guillaume le Conquérant prit soin d’aggrandir. L’isle de Wight fait partie de cette province, mais le port de Portsmouth en fait la gloire. Winchester en est la capitale.

Hantshire peut se vanter d’avoir produit entr’autres gens de lettres, que je passe sous silence, le célebre Jean Greaves, en latin Grævius, savant universel, & en particulier consommé dans la connoissance des Langues orientales, & de la Géographie des Arabes. Cette science lui doit la traduction de l’Astronomie du Persan Shah-Colgé, imprimée à Londres en 1652, in-4°. & les tables de la longitude & de la latitude des Etoiles fixes d’Ulug-beig, qui ont été publiées par M. Hyde en 1665. Il a laissé en M. S. une version des cartes géographiques d’Abulfeda, & la description des montagnes de la terre du même auteur ; outre plusieurs morceaux sur les géographes Arabes, sur leurs poids, leurs mesures, & les mumies.

Aussi profond que curieux, il voyagea par toute l’Europe, en France, en Italie, au Levant, à Constantinople, à Rhodes, & finalement en Egypte & à Alexandrie. Il mesura sur les lieux les pyramides, dont il a donné la description en anglois en 1646, in-8°. Il fit dans ses voyages, qui durerent dix ans, & qu’il n’entreprit qu’à l’âge de trente, une collection également considérable & importante de manuscrits grecs, arabes & persans ; de médailles, de monnoies anciennes, de pierres gravées, & d’autres antiquités.

A son retour, il publia les livres qu’il avoit projettés dans ses voyages & dans ses études ; savoir, sa Pyramidographie dont je viens de parler, un traité en anglois du Pied romain & du Denier, imprimé à Londres en 1647. in-8o. De Signis Arabum & Persarum astronomicis, Londini 1649. in-4o. Elementa Linguæ persicæ, in-8o. Epochæ celebriores ex traditione Ulug-beigi, en persan & en latin, Lond. 1650. in-4o. Lemmata Archimedis desiderata, Lond. 1654. La maniere de faire éclore les poulets dans les fours, selon la méthode des Egyptiens, sous ce titre : De modo pullos ex ovis, in fornacibus lento & moderato igne calescentibus, apud Kabirenses excludendi. Ce petit écrit est dans les Transact. Philos. 1677. Lettre sur la latitude de Constantinople & de Rhodes, en anglois, in-8°. On l’a insérée dans les mêmes Trans. Décemb. 1685.

Cet homme, unique en son genre, qui a mis au jour tant d’ouvrages, & qui en a laissé un si grand nombre de prêts pour l’impression, n’avoit que cinquante ans quand il mourut à Londres en 1652. M. Thomas Smith a publié sa vie. (D. J.)

* HAOAXO, (Géogr.) riviere d’Ethiopie en Afrique. Elle a sa source dans les montagnes de l’Abyssinie, traverse le royaume d’Adel, baigne sa capitale, & se décharge dans le détroit de Babelman-

del. C’est une des plus considérables de l’Ethiopie.

Elle se déborde comme le Nil.

* HAPHTAN, s. f. (Hist. mod.) leçon que font les Juifs au jour du sabbat, d’un endroit des prophetes, après celle d’un morceau de la loi ou du Pentateuque. Ils appellent celle-ci barasese & l’autre haphtan ; elles finissent l’office. Cet usage est ancien, & subsiste encore aujourd’hui. Ce fut la défense ridicule qu’Antiochus fit aux Juifs de lire publiquement la loi, qui y donna lieu, & il continua après que les Juifs eurent recouvré le libre exercice de leur religion.

* HAPPE, s. f. (Arts & Métiers.) c’est un nom commun à plusieurs parties de machines, ou des machines mêmes, dont l’usage est de fixer, assujettir, en embrassant & serrant. Le demi-cercle adapté au bout de l’aissieu d’un carrosse, dont il prévient l’usure, s’appelle happe. Le morceau de fer ou la cheville qui dans la charrue est mise au timon pour arrêter par un anneau la chaîne qui attache la charrue aux roues, s’appelle happe. Si un crampon lie deux pieces de bois, on l’appelle happe ; on lui donne le même nom, si ce sont des pierres, comme il se pratique aux ponts, aux murs des maisons. A la Monnoie, chez les Luthiers & ailleurs, ce sont des especes de tenailles ou pinces. Celles de la Monnoie servent dans l’attelier où l’on fond, à tirer les creusets du feu ; il y en a de plates & de rondes. La partie qu’on nomme la machoire, est recourbée pour la commodité du service.

* Happe, (Salines.) ce sont des anneaux de fer dont les poêles sont garnies en dessus. Ces anneaux servent à recevoir les crocs. Ils ont quatre à cinq pouces de diametre, où passent des crocs de fer de deux pieds & demi de longueur.

HAPSAL, Hapsalia, (Géogr.) petite ville maritime de Livonie, dans l’Estonie, au quartier de Wickeland, autrefois épiscopale. Elle appartient à l’empire russien, & est sur la mer Baltique, à 16 lieues S. O. de Revel. Long. 41. 10. Latit. 59. 10. (D. J.)

* HAQUÊME, s. m. (Hist. mod.) nom d’un juge chez les Maures de Barbarie, où il connoît du civil & du criminel, mais du criminel sans appel ; il siége les jeudis. Il est assisté à son tribunal d’un lieutenant, appellé l’almocade. Haquême vient de ghacham, savant, lettré. C’est ainsi qu’autrefois nos magistrats & nos juges étoient appellés clercs.

HAQUET, s. m. (Commerce.) espece de charrette sans ridelle, qui fait la bascule quand on veut, sur le devant de laquelle est un moulinet, qui sert par le moyen d’un cable à tirer les gros fardeaux de marchandises pour les charger plus commodément.

Il y a deux sortes de haquets ; l’un à timon, qui est tiré par des chevaux, & l’autre à tête au timon, qui l’est par des hommes. On se sert ordinairement du haquet dans les villes & lieux de commerce, dont le terrein est uni pour voiturer des tonneaux de vin & d’autres liqueurs, du fer, du plomb, &c. des balles, ballots & caisses de toutes sortes de marchandises. Voyez les Planc. de Charron, & leur explication.

* HAR, s. m. (Hist. mod.) c’est, chez les Indiens, le nom de la seconde personne divine à sa dixieme & derniere incarnation : elle s’est incarnée plusieurs fois, & chaque incarnation a son nom ; elle n’en est pas encore à la derniere. Quand une idée superstitieuse a commencé chez les hommes, on ne sait plus où elle s’arrêtera. Au dernier avénement, tous les sectateurs de la loi de Mahomet seront détruits. Har est le nom de cette incarnation finale, à laquelle la seconde personne de la trinité indienne paroîtra sous la forme d’un paon, ensuite sous celle d’un cheval aîlé. Voyez le Dict. de Trév. & les Cérémon. religieuses.

HARACH, (Hist. mod.) nom de la capitation imposée sur les Juifs & les Chrétiens en Egypte ; le