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vain les remedes les mieux indiqués pour détourner cette humeur ; on appliqua enfin un cataplasme maturatif, qui attira une tuméfaction prodigieuse de l’œil avec suppuration. Le malade souffrit les douleurs les plus aigues ; on obtint le calme en vuidant l’œil par une incision que Bidloo fit au bord de la cornée transparente. Le globe se rétrecit & se consolida parfaitement en peu de tems, sans autre incommodité que la perte de la vûe.

Bidloo fait un précepte de sa méthode d’opérer dans ce cas. Il ne juge pas que l’incision doive s’étendre par de-là le bord inférieur de la cornée transparente, parce qu’il est possible que l’humeur vitrée ne soit pas liquefiée, & qu’elle reste en place avec le crystallin. Alors le globe de l’œil conservera, dit-il, un certain volume, la cornée transparente ne sera pas défigurée par une cicatrice desagréable, & l’œil conservera autant qu’il sera possible l’apparence d’un état naturel : si au contraire les humeurs sont entierement dissoutes, cette incision sera suffisante pour en permettre l’évacuation.

Quand les tuniques n’ont pas été portées à un point excessif de dilatation, on peut tenter la méthode de Nuck, qu’Heister assure avoir pratiquée avec succès. Elle consiste à faire une ponction au bord de la cornée transparente avec un petit trocart, pour évacuer l’humeur qui cause l’hydropthalmie, & à contenir l’œil avec une plaque de plomb par dessus l’appareil, & les remedes convenables : on réitere ces ponctions aussi souvent que la nécessité le requiert, jusqu’à ce que l’œil soit réduit d’une maniere permanente dans son état naturel. L’usage intérieur des remedes sudorifiques & purgatifs favorise, dit-on, ces procédés curatifs. Mais dans le cas où la dilatation du globe est extrème, Heister conseille une grande incision transversale, ou même cruciale, pour vuider entierement l’œil. Il est le copiste de Saint-Yves, lorsqu’il recommande de retrancher dans certains cas, les membranes qu’on croiroit trop étendues, & qui pourroient empêcher l’œil de se réduire à un petit globe, propre à porter commodément un œil artificiel. Dans une tuméfaction considérable de l’œil, je me suis contenté de faire une simple incision transversale d’un angle à l’autre. Elle fut suivie d’inflammation & de vomissemens lympathiques, qui me donnerent de la défiance sur l’utilité d’une incision aussi étendue : sans retrancher rien des tuniques, elles se sont réduites à un très petit volume. J’ai vu depuis, par un fait, dont je vais donner le précis, l’inutilité de la grande incision que j’avois faite, quoiqu’avec plus de ménagement que Saint Yves & Heister ne la prescrivent. Une fille avoit l’œil gauche fort dilaté depuis plus de 25 ans, à la suite de la petite vérole qu’elle avoit eue à l’âge de six ans. Les douleurs de migraine très-violentes, accompagnées de fluxions de tête, qui se portoient souvent sur les yeux, ne pûrent la déterminer à se laisser vuider l’œil ; le hasard la servit utilement. Elle se donna un coup violent à l’œil, en tombant sur le bâton de l’angle d’une chaise de paille ; la contusion & l’échymose furent considérables. Quelques heures après l’œil s’est ouvert ; il en est sorti du sang fluide & coagulé, avec les humeurs qu’il contenoit ; la guérison a été parfaite en 12 ou 15 jours sans aucun accident. On remarque sur la surface antérieure du bouton globuleux, mobile par l’action des muscles, une protubérance solide & plissée, formée par la cornée transparente. La cicatrice enfoncée qu’on apperçoit, montre que l’œil s’est crevé du côté du petit angle, au milieu de la partie latérale externe du globe, précisément où Guillemeau indique qu’il faut faire l’incision, lorsqu’il est nécessaire de vuider l’œil. L’inspection de celui dont je parle, prouve que cette

incision auroit l’inconvénient de laisser une inégalité protubérante ; parce que les membranes en se resserrant sur le centre du globe, la cornée transparente, qui est une portion de petite sphere ajoûtée à une plus grande, doit nécessairement former une saillie sur la surface du globe retréci ; ce qu’on évitera en incisant dans toute l’étendue de la cornée transparente exclusivement. Cette incision suffira pour procurer la réduction du globe fort dilaté à un petit volume, sans retrancher une portion des membranes. On ne peut trop simplifier les opérations de Chirurgie, & cette perfection ne peut être que le fruit de l’étude des faits mûrement réfléchis, & observés judicieusement sous leur véritable point de vûe. Les chirurgiens purement opérateurs pratiquent habilement, mais ils perfectionnent peu. (Y.)

HYDRO-SARCOCELE, s. f. terme de Chirur. nom qui a été donné par Fabrice d’Aquapendente, à une collection d’eau dans le scrotum, accompagnée d’un testicule sarcomateux. La tuméfaction de la glande est ordinairement la maladie originaire, & l’épanchement de lymphe est l’effet de la rupture des vaisseaux lymphatiques, engorgés par l’obstruction du testicule. Que l’hydrocele soit la maladie primitive, & que le testicule sain au commencement de la maladie, étant continuellement en macération, se relâche & se dissolve, pour ainsi dire, sa tunique propre viendra à se déchirer ; il en arrivera quelquefois autant aux vaisseaux, c’est ce qui produit l’épanchement mixte d’eau & de sang qu’on trouve quelquefois dans ces sortes de tumeurs.

L’indication curative qu’elles présentent, est de vuider l’eau contenue dans la tumeur, & de travailler à résoudre l’engorgement du testicule par les remedes appropriés à la nature de l’engorgement. Les cataplasmes résolutifs, les emplâtres émolliens & fondans peuvent être appliqués avec succès. Si les eaux se renouvellent, les remedes convenables au testicule seront sans effet, & l’on pourra tenter la cure radicale de l’hydrocele ; voyez Hydrocele. Dans l’opération même, on voit en mettant le testicule à découvert, ce qu’on doit espérer de l’état où il se trouve ; il est bien rare qu’il n’exige pas l’extirpation dans la plûpart des hydrosarcoceles invétérées. Alors, par l’opération de la castration, on guérit radicalement les deux maladies, dont la complication produisoit l’hydrosarcocele. Voyez Castration, & Ligature. On verra à ce dernier mot, les raisons qui exigent qu’on s’abstienne de la ligature, qu’on avoit coûtume de pratiquer dans l’opération de la castration (Y.)

HYDROSCOPE, s. m. instrument qui étoit autrefois en usage pour mesurer le tems. Ce mot est grec, formé d’ὕδωρ, eau, & σκοπέω, je considere. Voyez Chronometre.

C’étoit une espece d’horloge d’eau, composé d’un tuyau en forme de cylindre, au bout duquel il y avoit un cône. On mesuroit le tems par des marques faites sur le tuyau pour cet effet.

Synesius décrit fort au long l’hydroscope dans une de ses lettres. Il est visible que c’étoit une espece de clepsydre. Voyez Clepsydre. Chambers, (O.)

HYDROSTATIQUE, s. f. (Ord. encycl. Entend. Rais. Philosoph. Science de la nature, Mathématiques, Mathématiques mixtes, Méchan. Statiq. Hydrostatiq.) partie de la Méchanique qui considere l’équilibre des corps fluides, aussi-bien que des corps qui y sont plongés.

Ce mot est grec, & composé de ὕδωρ, eau, & de ἵστημι, je pose. Hydrostatique signifie proprement la statique de l’eau, la science de l’équilibre des eaux ; mais comme les loix de l’équilibre de l’eau sont les mêmes pour les autres corps fluides, on a donné en