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dure-mere & la pie-mere, & la troisieme, qui est probablement la seule qui existe dans la nature, & qui soit prouvée par des observations positives, est l’augmentation contre nature des eaux qui sont naturellement dans les ventricules du cerveau. Les enfans sont sujets à l’hydrocéphale dès le sein de leur mere ; & le volume excessif de la tête par cette cause, a souvent rendu les accouchemens laborieux, au point d’exiger que l’accoucheur force la fontanelle avec le doigt, pour procurer l’affaissement des parois du crane par l’écoulement de l’humeur épanchée. L’hydrocéphale peut venir à la suite des coups ou chûtes qui occasionnent une commotion dans le cerveau, par laquelle la structure en est dérangée, de façon que les humidités exhalantes ne sont pas résorbées. L’hydrocéphale se manifeste quelquefois après les douleurs de dents, les affections convulsives & vermineuses des enfans. Cette maladie arrive aussi à ceux qui ont quelque vice de la lymphe, & des obstructions aux glandes conglobées : en général ; cette maladie est particuliere aux enfans. Dans les adultes, les sutures serrées ne permettent pas la distension des os du crane.

Il y a des signes qui accompagnent cette maladie depuis son commencement jusqu’à son plus funeste degré. Ceux qui commencent d’en être attaqués, ont la tête lourde, l’assoupissement se manifeste par degrés, & devient plus fort à mesure que l’épanchement augmente ; les enfans sont foibles, languissans, tristes & pâles. Ils ont l’œil morne ; la prunelle dilatée, les sutures écartées, les os s’émincent deviennent mous, la tête grossit, devient monstrueuse & d’un poids insupportable ; les convulsions tourmentent les malades, & si la tête vient à crever, le malade meurt peu de tems après.

On peut voir par cette terminaison quel jugement on doit porter sur l’opération que quelques uns proposent pour évacuer les eaux qui forment l’hydrocéphale. Les desordres primitifs du cerveau, dont le skirrhe est souvent une cause de l’épanchement, ou la destruction consécutive des organes contenus dans le crane, ne laissent aucune ressource. On pourroit par des remedes hydradogues, détourner l’humeur dans sa formation, si on la pouvoit connoitre à tems, l’hydrocéphale dans son principe ; mais lorsqu’elle est confirmée & connue par les signes sensibles, le de ordre est porté trop loin pour oser risquer une opération, qui abrégeroit infailliblement les jours du malade.

HYDROCHOOS, s. m. (Astronom.) constellation qu’on nomme en latin aquarius, & en françois le verseau. C’est un des douze signes du zodiaque, qui est composé de trente étoiles en tout, & le soleil y entre au mois de Janvier. Il tire son nom grec & latin, de ce qu’il est ordinairement pluvieux en Grece & en Italie : son nom françois répond à la même idée, mais voyez Verseau. (D. J)

HYDROCOLITE, s. m. (Bot.) écuelle d’eau. Genre de plante à fleur, en rose & en ombelle, composée de plusieurs pétales disposés en rond, & soutenus par un calice, qui devient un fruit composé de deux semences plates, & formées en demi-cercle. Tournefort. Instit. rei herb. Voyez Plante. (I)

HYDROCOTILE, s. f. (Hist. nat. Bot.) plante qui pousse plusieurs petites liges grêles, sarmenteuses, & s’attachant à la terre. Sa feuille est ronde, creuse, portée sur une petite queue ; sa fleur petite a cinq feuilles blanches, disposées en rose ; le fruit qui lui succede composé de deux graines fort applaties, & semi-circulaires ; sa racine fibreuse. Elle croît dans les marais, elle est un peu âcre au goût ; elle a la qualité apéritive, détersive, & vulnéraire. M. Tournefort la nomma hydrocotile, de ὕδωρ

eau, & de κοτύλη cavité, parce que sa feuille creuse est propre à ramasser l’eau.

HYDRODYNAMIQUE, s. f. (Ordr. encycl. Entendement. Raison. Philosophie ou Science. Science de la nature. Mathématique. Mathématiques mixtes. Méchaniques. Hydrodynamique.) est proprement la dynamique des fluides, c’est-à-dire, la science qui enseigne les loix de leur mouvement. Ainsi, on voit que l’Hydrodynamique ne differe point, quant à l’objet, de la science qu’on appelloit autrefois & qu’on appelle encore très-souvent Hydraulique. Voyez Hydraulique.

On appelle Dynamique, comme nous l’avons dit à ce mot, la partie de la méchanique qui enseigne à déterminer les mouvemens d’un système de corps qui agissent de quelque maniere que ce soit, les uns sur les autres. Or, tout fluide est un composé de particules faciles à se mouvoir, & qui sont liées entre elles de maniere qu’elles alterent & changent réciproquement leurs mouvemens. Ainsi l’hydraulique & l’hydrostatique, est la vraie dynamique des fluides.

Il paroît que le premier qui se soit servi de ce terme, est M. Daniel Bernoulli, qui a donné ce titre à son Traité du mouvement des fluides, imprimé a Strasbourg en 1738. Si le titre étoit nouveau, il faut avouer que l’ouvrage l’étoit aussi. M. Daniel Bernoulli paroît être le premier qui ait réduit les lois du mouvement des fluides à des principes surs & non arbitraires, ce qu’aucun des auteurs d’hydraulique n’avoit fait avant lui. Le même auteur avoit déjà donné en 1727, dans les Mémoires de l’académie de Petersbourg, un essai de sa nouvelle théorie. On n’attend pas de nous que nous en donnions ici un extrait ; nous nous contenterons de dire qu’il se sert principalement du principe de la conservation des forces vives, reconnu aujourd’hui pour vrai par tous les Méchaniciens, & dont on fait un usage si fréquent dans la Dynamique, depuis qu’il a été découvert par M. Huyghens sous un autre nom. M. Jean Bernoulli a donné une Hydraulique, dans laquelle il se propose le même objet que M. Daniel Bernoulli son fils ; mais il prétend y employer des principes plus directs & plus lumineux que celui de la conservation des forces vives ; & on voit à la tête de cet ouvrage, une lettre de M. Euler à l’auteur, par laquelle M. Euler le félicite d’avoir trouvé les vrais principes de la science qu’il traite. M. Maclaurin a aussi donné dans son Traité des fluxions un essai sur le mouvement des fluides qui coulent dans des vases, & cet essai n’est autre chose qu’une extension de la théorie de M. Newton, que cet auteur a perfectionnée. Enfin le dernier ouvrage qui ait paru sur cette matiere, est celui que j’ai donné en 1744, sous le titre de Traité de l’équilibre & du mouvement des fluides ; j’aurois pû donner à cet ouvrage le titre d’Hydrodynamique, puisque c’est une suite du Traité de Dynamique que j’avois publié en 1743. Mon objet, dans ce livre, a été de réduire les lois de l’équilibre & du mouvement des fluides au plus petit nombre possible, & de déterminer par un seul principe général, fort simple, tout ce qui concerne le mouvement des corps fluides. J’y examine les théories données par M. Bernoulli & par M. Maclaurin, & je crois y avoir montré des difficultés & de l’obscurité. Je crois aussi avoir prouvé que dans certaines occasions, M. Daniel Bernoulli a employé le principe des forces vives dans des cas où il n’auroit pas dû en faire usage. J’ajoûte que ce grand géometre a d’ailleurs employé ce principe sans le démontrer, ou plutôt que la démonstration qu’il en donne n’est point satisfaisante ; mais cela n’empêche pas que je ne rende avec tous les savans, la justice dûe au mérite de cet ouvrage. Je traite