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vaisseaux lymphatiques (voyez Lymphatiques, vaisseaux.), qui s’engorgent quelquefois, de maniere à être dilatés à un point étonnant.

De pareilles tumeurs se présentent rarement à la surface du corps ; cependant Skenkius, dans ses observations, fait mention d’hydatides, qui s’étoient formées sur le dos, grosses comme des œufs : on trouve aussi, dans les observations de M. Deidier, qu’il en avoit vû sur le bras, qui formoient comme une grape de perles.

Ce sont, sur-tout, les visceres que les observations nous démontrent être le plus susceptibles d’hydatides : Rhuysch rapporte (Observations Anatomiques, 17. 83.) avoir vû toute la masse du foie changée en un monceau d’hydatides : Pison a aussi observé (Tractat. de collect. seros.) des hydatides dans les poumons : on en a vû dans la rate, le mésentere, qui avoient été la source de l’hydropisie ascite, en tant qu’elles s’étoient rompues & avoient donné lieu à un épanchement de lymphe dans le bas ventre ; la matrice & les parties qui en dépendent, les ovaires sur-tout, sont aussi très souvent affectés de cette sorte de tumeur. Voyez Hydropisie, Matrice, Ovaire

Ainsi les hydatides ne proviennent que d’un engorgement des vaisseaux lymphatiques, qui se dilatent extraordinairement, sous forme de vésicules, à cause de l’étranglement que font les valvules dans ces vaisseaux.

On ne peut pas indiquer de traitement pour les hydatides, qui ont leur siége dans quelqu’un des visceres ; il n’y a point de signe marqué, constant, qui puisse en faire connoître l’existence : d’ailleurs, ils sont plûtôt un symptome de maladie qu’une maladie en soi. S’il en paroît sur la surface du corps (ce qui est fort rare, parce que les vaisseaux lymphatiques ne sont pas libres) dans le tissu de la peau, comme dans des parties plus molles, on peut y employer les résolutifs spiritueux, pour les dissiper, si l’on ne juge pas à propos de donner issue à l’humeur qui les forme ; ce qui doit cependant être pratiqué le plus souvent, lorsque les tumeurs sont considérables.

HYDATOIDE, s. f. (Anat.) est le nom que quelques auteurs donnent à l’humeur aqueuse de l’œil, renfermée entre la cornée & l’uvée. Voyez Humeur aqueuse.

Ce mot est composé de ὕδωρ, ὕδατος, eau, & εἶδος, forme, ressemblance.

HYDATOSCOPIE, s. f. (Divinat.) c’est l’art de prédire les choses futures, par le moyen de l’eau. Voyez Hydromantie.

Ce mot est composé d’ὕδατος, génitif d’ὕδωρ, & σκοπέω, j’examine, je considere.

Il y a une hydatoscopie naturelle & permise ; elle consiste à prévoir & à prédire les orages & les tempêtes sur certains signes qu’on remarque dans la mer, dans l’air, & dans les nuages. Voyez Tems & Ouragans. Dict. de Trévoux.

HYDRAGOGUE, adj. p. subst. (Médecine.) médicament qui purge & chasse les eaux ; ce mot est composé de ὕδωρ, eau, & de ἄγειν, chasser.

HYDRARGYROSE, s. f. terme de Chirurgie, friction mercurielle, capable d’exciter la salivation. L’excrétion de la salive a été long-tems regardée comme l’évacuation critique la plus salutaire pour la guérison de la maladie vénérienne. L’expérience ayant montré que plusieurs personnes ne salivoient pas, quoiqu’on tâchât de leur procurer le flux de bouche par les frictions mercurielles, & qu’elles n’avoient pas laissé de guérir, on a pensé que la salivation n’étoit pas absolument nécessaire à la guérison de la vérole ; & en effet, les évacuations par les selles, par les urines, par les sueurs, peuvent

servir à la dépuration du sang, aussi utilement que la salivation. L’incommodité de cette excrétion a fait desirer qu’on pût administrer les frictions mercurielles, & éviter la salivation, c’est ce qui a donné lieu à la méthode de l’extinction, dans laquelle on donne des frictions, ou à de plus petites doses qu’à l’ordinaire, à des tems plus éloignés, & avec la précaution, ou de purger le malade de tems en tems pour déterminer le mercure vers les intestins, ou de baigner les malades dans l’intervalle des frictions, pour l’attirer par les pores de la peau. L’expérience a fait voir que ces sortes de traitemens avoient l’inconvénient d’être fort longs, & ce qui étoit plus fâcheux, d’être infideles. Des charlatans, de toute espece, se sont donnés dans tous les tems pour avoir des remedes particuliers, qui guérissoient infailliblement la maladie vénérienne, sans garder la chambre, & par conséquent sans salivation. Les effets n’ont pas répondu aux promesses de ces empyriques ; des gens de l’art ont cru, dans ces derniers tems, réussir à ôter au mercure la vertu qu’il a de faire saliver, en le prenant revivifié du cinabre, en le faisant bouillir dans du vinaigre distillé, & le lavant bien avant de l’employer dans la pommade, à laquelle on ajoutoit quelque peu de camphre. Il est certain que cette preparation a paru efficace sur quelques personnes, avec la précaution de faire boire abondamment de la décoction d’esquine, & de permettre aux malades de sortir ; mais comme bien des personnes ne sont pas naturellement disposées à la salivation, on ne peut rien conclure de ce que ce remede a réussi à quelques uns, d’autant plus qu’il a été absolument sans effet sur d’autres, qui ont salivé abondamment, après s’être frotté de l’onguent mercuriel camphré. Voyez Vérole. (Y)

HYDRAULICO-PNEUMATIQUE, adj. (Méchan.) est un terme composé, dont quelques auteurs se servent pour designer certaines machines qui élevent l’eau, par le moyen du ressort de l’air. On peut voir, au mot Fontaine, la description de différentes machines de cette espece.

Les machines qui servent à élever l’eau, par le moyen du feu, peuvent être regardées, en quelque maniere, comme des machines hydraulico-pneumatiques ; car ces machines agissent par le moyen du ressort de l’air, qui est augmenté par la chaleur ; telle la machine hydraulique de Londres, qui est conduite sur ce principe. On a donné une idée de ces sortes de machines à l’article Feu. (O)

HYDRAULIQUE, s. f. (Ordre encycl. Entend. Rais. Philosophie ou Science, Science de la nature, Mathématiques, Mathem. mixtes, Méchan. Hydrodynamique, Hydraulique.) partie de la méchanique qui considere le mouvement des fluides, & qui enseigne la conduite des eaux, & le moyen de les élever, tant pour les rendre jaillissantes, que pour d’autres usages.

Ce mot est dérivé du grec ὕδραυλος, eau sonnante, formé d’ὕδωρ, aqua, eau, & αὐλὸς, tibia, flûte ; la raison de cette étymologie est que l’hydraulique, chez les anciens, n’étoit autre chose que la science qui enseignoit à construire des jeux d’orgue, & que dans la premiere origine des orgues, où l’on n’avoit pas encore l’invention d’appliquer des soufflets, on se servoit d’une chute d’eau, pour y faire entrer le vent, & les faire sonner. Voyez Orgue.

L’hydraulique traite non seulement de la conduite & de l’élévation des eaux & des machines propres pour cet effet, mais encore des loix générales du mouvement des corps fluides. Voyez Mouvement. Cependant, depuis quelques années, les Mathématiciens ont donné le nom d’hydrodynamique à la science générale des mouvemens des fluides, & ont