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diocrité des talens qu’on a, sur la supériorité des talens qu’on reconnoît à d’autres, sur l’importance des devoirs de tel ou tel emploi qu’on pourroit solliciter, mais dont on s’éloigne par la comparaison qu’on fait de ses qualités personnelles, avec les fonctions qu’on auroit à remplir, &c. Il y a des occasions où l’amour-propre, bien entendu, ne conseille pas mieux que l’humilité. L’orgueil est l’opposé de l’humilité ; l’homme humble s’abaisse à ses propres yeux & aux yeux des autres ; l’orgueilleux se surfait. Se déprimer soi-même pour plaire à celui qu’on méprise, & qu’on veut flatter, ce n’est pas humilité ; c’est fausseté, c’est bassesse. Il y a de la différence entre l’humilité & la modestie ; celui qui est humble ne s’estime pas ce qu’il vaut ; celui qui est modeste peut connoître toute sa valeur, mais il s’applique à la dérober aux autres ; il craint de les humilier. L’homme médiocre, qui se l’avoue franchement, n’est ni humble, ni modeste ; il est juste, & n’est pas sans quelque courage.

HUMORAL, adj. (Gram. & Med.) qui est produit par les humeurs vicieuses ; ainsi on dit une tumeur humorale, pour la distinguer d’une tumeur qui aura une autre cause.

HUMORISTES, s. m. (Littérat.) nom des membres d’une fameuse académie de Rome. Voyez Académie.

L’académie des Humoristes a été fondée par Paul Marcius, qui se servit de Gaspard Silvianus pour rassembler les gens de lettres qu’il y avoit à Rome, & en former cette société, comme dit Janus Nicius dans l’éloge de Silvianus, Part. I. p. 32.

La devise de l’académie des Humoristes est une nuée, qui, s’étant élevée des eaux salées de la mer, retombe en pluie douce avec cet hémistiche de Lucrece, lib. VI. redit agmine dulci. Jéròme Alexandre, humoriste, a fait trois discours sur cette devise.

Les obseques de M. Peiresc furent célébrées dans l’académie des Humoristes, dont il étoit, en plus de quarante sortes de langues. Gassend. vita Peiresc, lib. VI. p. 399. Dict. de Trévoux.

Humoristes, (Med.) c’est le nom sous lequel sont désignés, sur-tout dans les écrits de Van-Helmont, les medecins de la secte galénique, dont la doctrine consistoit principalement à attribuer la plûpart des maladies aux seuls vices des humeurs, qu’ils faisoient consister dans leur intempérie ou leurs qualités viciées, lorsqu’elles ne se temperent pas les unes les autres, & qu’il y en a de dominantes. Voyez Humeur, Intempérie, Medecine, Medecin.

HUMOROSI, s. m. pl. (Littérar.) nom des membres d’une academie établie à Cortone, en Italie. Voyez Académie.

Il ne faut point confondre les Humorosi de Cortone avec les Humoristes de Rome. Voyez Humoristes. Dict. de Trévoux.

HUMOUR, s. m. (Morale.) les Anglois se servent de ce mot pour désigner une plaisanterie originale, peu commune, & d’un tour singulier. Parmi les auteurs de cette nation, personne n’a eu de l’humour, ou de cette plaisanterie originale, à un plus haut point que Swift, qui, par le tour qu’il savoit donner à ses plaisanteries, produisit quelquefois, parmi ses compatriotes, des effets qu’on n’auroit jamais pû attendre des ouvrages les plus sérieux & les mieux raisonnés, ridiculum acri, &c. C’est ainsi, qu’en conseillant aux Anglois de manger avec des choux-fleurs les petits enfans des Irlandois, il fit rentrer en lui-même le gouvernement anglois, prêt à leur ôter les dernieres ressources de commerce qui leur restassent ; cette brochure a pour titre, Proposition modeste pour faire fleurir le royaume d’Irlande,

&c. Le voyage de Gulliver, du même Auteur, est une satyre remplie d’humour. De ce genre est aussi la plaisanterie du même Swift, qui prédit la mort de Patridge, faiseur d’almanach, & le terme échu, entreprit de lui prouver qu’il étoit mort effectivement, malgré les protestations que son adversaire pût faire pour assurer le contraire. Au reste, les Anglois ne sont point les seuls qui aient eu l’humour en partage. Swift a tiré de très-grands secours des œuvres de Rabelais, & de Cyrano de Bergerac. Les mémoires du chevalier de Grammont sont pleins d’humour, & peuvent passer pour un chef-d’œuvre en ce genre ; & même en général cette sorte de plaisanterie paroît plus propre au génie léger & folâtre du François, qu’à la tournure d’esprit, sérieuse & raisonnée, des Anglois.

HUMUS, (Hist. nat.) les Naturalistes empruntent souvent ce mot latin, même en françois, pour désigner le terreau, la terre des jardins, ou la terre formée par la décomposition des végétaux ; c’est la terre brune ou noirâtre qui est à la surface de la terre. Voyez Terre végétable & Terreau.

HUNA, (Geog.) riviere d’Hongrie, qui prend sa source en Dalmatie, qui sépare la Croatie & l’Esclavonie, & qui se jette dans la Save.

HUNDRED, s. m. (Commerce.) on nomme ainsi en Angleterre, ce qu’on entend ailleurs par le mot de quintal. L’hundred est de 112 liv. d’avoir du poids, qui est la livre la plus forte des deux dont les Anglois se servent. Cette livre est de seize onces, qui ne rendent à Paris que quatorze onces cinq huit, ensorte que le quintal de Paris qui est de cent livres, faisant à Londres cent neuf livres ; le quintal anglois est d’environ deux livres & demi, ou trois livres plus fort que celui de Paris. Voyez Livre poids. Diction. de Commerce.

Hundred, (Géog.) terme qui ne s’emploie que dans la chorographie d’Angleterre ; le royaume est divisé en shires ou comtés, les shires en hundreds ou centaines, les hundreds en tithings ou dixaines, & les tithings en parishes ou paroisses. Ce mot hundred est traduit en latin par centuria, c’est-à-dire un district de pays, où cent hommes, cent chefs de famille étoient autrefois obligés d’être caution les uns pour les autres en justice, tant au criminel, qu’au civil. (D. J.)

HUNDSFELD, (Géog.) c’est-à-dire la campagne du chien, petite ville d’Allemagne dans la Silésie, dans la province d’Oels, sur la Weide, à 3 lieues de Breslaw. Long. 34. 50. lat. 51. 8. (D. J.)

HUNDS-RUCK, Hunnorum tractus, (Géog.) petit pays d’Allemagne entre le Rhin, la Moselle & le Nab au bas Palatinat. Il appartient à différens souverains. (D. J.)

HUNDWYL, (Géog.) petite ville de la Suisse, au canton d’Appenzell, sur la riviere de Sintra.

HUNE, s. f. (Marine.) c’est une espece de plate forme ronde, posée en saillie autour du mât, dans le ton, soûtenue par des barrots, mais de façon qu’elle ne presse pas le mât ; il faut même qu’il y ait entre la hune & le mât l’ouverture nécessaire pour faire passer ou baisser les mâts de hune ou les perroquets, en cas de besoin. Voyez Planche VI. figure 19. le plan de la grande hune.

Il y a une hune à chaque mât, qui porte le nom du mât où elle est posée, voyez Planche I. Marine n°. 59. la grande hune, 94. hune de misene, 16. hune de beaupré, 41. hune d’artimon.

C’est aux hunes que sont amarés les étais & les haubans ; elles servent à la manœuvre, & les matelots y montent pour cet effet. On met un matelot en vedette dans la hune du grand mât pour faire sentinelle, sur-tout dans les tems de brume & dans les parages, où l’on craint des brisans ou des corsaires.