Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 8.djvu/335

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cho-Brahé. On l’appelle plus communément Ween, voyez Ween & Uranibourg. Longit. 30. 40. (D. J.)

* HUEI PACHTLI, s. m. (Hist. mod.) douzieme mois des Mexiquains ; il répond à un jour de notre Octobre, leur année commençant au 26 Février, & ayant dix-huit mois de chacun vingt jours. On l’appelle quelquefois seulement pachtli.

HUGRA, (Géog.) riviere de Russie qui se jette dans celle d’Occa.

HUGUENOT, subst. & adj. (Hist. mod.) nom que les Catholiques ont donné par sobriquet aux Protestans Calvinistes ; mais ils n’ont pas appliqué à ce mot le vrai sens qu’il avoit dans son origine, & ni Pasquier, ni Ménage, ni le P. Daniel, n’ont sçu le deviner. Le voici :

L’évêque de Genève qui, suivant la remarque de M. de Voltaire, disputoit le droit de souveraineté sur cette ville au duc de Savoie & au peuple, à l’exemple de tant de prélats d’Allemagne, fut obligé de fuir au commencement du seizieme siecle, & d’abandonner le gouvernement aux citoyens, qui recouvrerent alors leur liberté. Il y avoit déja depuis assez long-tems deux partis dans Genève, celui des Protestans, & celui des Catholiques Romains. Les Protestans s’appelloient entre eux Egnots, du mot eid-gnossen, alliés par serment ; les Egnots qui triompherent, attirerent à eux une partie de la faction opposée, & chasserent le reste. De-là vint que les Protestans de France eurent le nom d’Egnots, & par corruption de Huguenots, dont la plûpart des écrivains françois inventerent depuis de vaines ou d’odieuses origines. Telle est l’étymologie de ceux qui tirent ce mot du roi Hugon, dont on faisoit peur aux enfans en Touraine : telle est encore l’opinion de Castelnau Mauvissiere, qui dérive ce terme d’une petite monnoie, qu’on a supposé valoir une maille du tems de Hugues-Capet, par où l’on a voulu signifier que les Protestans ne valoient pas une maille, & qu’ils étoient une monnoie de mauvais alloi. Ces insinuations ont fait couler des torrens de sang. (D. J.)

HUGUENOTTE, s. f. (Cuisine.) gros vaisseau, bas & large, de terre cuite & vernissée, où les petites gens font leur potage, & mettent cuire du bœuf à la mode, & autres mets qu’on prépare en les étouffant.

HUIA, (Hist. nat.) nom donné à une pierre qui ressemble à du lard. Agricola dit qu’on y remarque une couche blanche, qui environne une matiere noire ou grise.

HUILE, s. f. (Chimie, Pharmacie, Mat. medic. Diete.) Le système des connoissances chimiques bien résumé, porte à croire qu’il existe une huile générale universelle, un principe huileux primitif, très-analogue au soufre commun, du même ordre de composition que ce corps, formé même très-probablement des mêmes principes de l’acide vitrioliques & du phlogistique.

Le principe huileux, considéré sous ce point de vûe, ne différera du soufre commun que comme la plûpart des substances végétales & animales different des substances analogues que renferme le regne minéral, le vinaigre radical de l’acide du vitriol, par exemple, c’est-à-dire, par une plus grande atténuation, un degré supérieur de subtilité, une mixtion plus délicate dûe aux élaborations propres à l’œconomie végétale ou animale, & peut-être à la surabondance du principe aqueux qui est particulier à ces deux regnes. L’huile peut être conçûe aussi comme étant au soufre ce qu’une huile rectifiée est à la même huile brute. Ce rapport seroit démontré sans doute, si on réussissoit à porter, par des rectifications, le soufre commun à l’état de ténuité spé-

cifique de l’huile, à décomposer l’huile, & à démontrer ses principes aussi clairement qu’on a démontré

ceux du soufre, & enfin à composer de l’huile artificielle, comme on sait produire du soufre par art, & à la former des mêmes principes. Or je crois bien que ces trois problèmes pratiques doivent se ranger parmi les recherches chimiques les plus sublimes, mais non pas parmi les tentatives téméraires, les efforts supérieurs à l’art. Je crois même pouvoir me promettre de fournir cette démonstration complette, si je retrouve le loisir nécessaire pour continuer, sur l’analyse végétale, les travaux que j’avois commencés dans le laboratoire de feu M. le Duc d’Orléans.

Ce qui augmente la difficulté de l’entreprise, c’est que la nature ne présente point de cette huile pure primitive, & que l’art n’est pas parvenu jusqu’à présent à dépouiller les moins composées de tout principe hétérogene, de tout alliage. Celle de toutes les huiles connues qui approche le plus de la simplicité absolue, c’est l’éther des chimistes modernes, ou l’huile retirée de l’esprit-de-vin par l’intermede des acides minéraux. Voyez Ether.

Les diverses huiles que nous connoissons, sont composées de l’huile primitive, & d’un autre principe ou de plusieurs autres principes. Ce sont ces divers principes & leurs différentes proportions qui en constituent les genres & les especes. Cette idée de la composition & des différences essentielles qui distinguent les huiles entre elles, est, ce me semble, plus exacte & plus lumineuse que celle qu’on s’en feroit communément, en considérant chaque espece d’huile comme un composé ou un mixte essentiellement différent, ou n’ayant tout au plus de commun avec les autres especes que la phlogistique ; car il n’est pas égal de dire qu’une telle huile est formée par l’union d’un principe huileux universel, & de plus ou moins d’acide ; ou que cette huile admet plus ou moins d’acide dans sa mixtion ou dans sa composition primordiale. D’après la derniere théorie, que je crois une erreur, on pourra déduire que l’acide est un des principes constitutifs de l’huile, de ce que « si on triture long-tems certaines huiles avec un sel alkali, & qu’on dissolve ensuite cet alkali dans l’eau, il donne des crystaux d’un véritable sel neutre » ; au lieu que d’après la premiere maniere d’envisager notre objet, cette apparition d’un sel neutre n’annoncera qu’un acide étranger à huile, combiné au principe huileux dans celle qui présente ce phénomene, de même qu’une substance comme gommeuse est combinée au principe huileux dans les huiles par expression, ou l’alkali fixe à une huile quelconque dans le savon. Et certes, les compositions aussi intimes que celles d’un corps très-simple, tel qu’est l’huile, ne se détruisent pas par des moyens aussi vulgaires que la trituration avec un sel alkali ; c’est bien une opération d’un autre ordre que de démontrer la composition primitive de l’huile.

On range les diverses huiles sous le petit nombre des classes générales suivantes : on a les huiles essentielles, les huiles grasses, & les huiles empyreumatiques. La seule qualité vraiment générale ou essentielle qui convient à toute huile sans exception, c’est l’inflammabilité & la miscibilité à une autre huile quelconque.

Huiles essentielles. Toutes les parties des végétaux qui sont aromatiques ou odorantes, du moins le plus grand nombre, contiennent une huile subtile, légere, volatile, renfermée dans de petites loges ou vésicules, sensibles même aux yeux nuds dans quelques sujets, comme dans les fleurs d’orange, l’écorce d’orange, de citron, les feuilles de millepertuis, &c. Cette huile est libre, exemte de toute union chimi-