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Les conseillers d’honneur sont ceux qui par un titre particulier, ou par une prérogative attachée à leurs places, ont droit d’entrer dans les compagnies pour y juger, ou y avoir séance. Il y a des ecclésiastiques, des gens d’épée, qui entrent au conseil d’état comme conseillers d’honneur.

On appelle chevaliers d’honneur, les écuyers & ceux qui donnent la main aux reines & aux princesses.

Dames d’honneur, filles d’honneur, celles qui ont cette qualité dans leur maison, dans leur suite. Enfans d’honneur, les gentilhommes qui sont élevés pages chez les grands.

Les honneurs du louvre sont certains privileges affectés à quelques dignités, aux charges, particulierement à celles de duc & pair, de chancelier, &c. comme d’entrer au louvre en carrosse, d’avoir le tabouret chez la reine, &c.

Les honneurs de la maison, d’un repas, sont certaines cérémonies qu’on observe en recevant des visites, en faisant des fêtes, & qu’on rend par soi-même, ou par quelque personne à qui on en commet le soin, comme d’aller recevoir les personnes, ou les reconduire avec soin, de les bien placer, de leur servir les meilleurs morceaux, &c. & de faire toutes ces choses d’une maniere agréable & polie.

Les honneurs de ville sont des charges & fonctions que les bourgeois briguent pour parvenir à l’échevinage. Il a été commissaire des pauvres, marguillier de sa paroisse, juge-consul, quartenier, conseiller de ville, & enfin échevin : il a passé par tous les honneurs de la ville.

Les honneurs de l’église sont les droits qui appartiennent aux patrons de l’église & aux seigneurs hauts-justiciers, comme la recommandation au prône, l’encens, l’eau-benite, la premiere part du pain-beni, &c.

Les honneurs est un nom qu’on donne aux principales pieces qui servent aux grandes cérémonies, aux sacres des rois & des prélats, aux baptêmes, &c comme le crémeau, les cierges, le pain, le vin, &c. C’étoient tels seigneurs, telles dames, qui portoient les honneurs en une telle cérémonie.

Dans les obseques, on présentois autrefois les honneurs, c’est-à-dire, l’écu, le timbre, l’épée, les gantelets, les éperons dorés, le pennon, la banniere, le cheval, &c.

Les honneurs funebres sont les pompes & cérémonies qui se font aux enterremens des grands, comme tentures, herses, oraisons funebres, &c.

Les honneurs au jeu des cartes, ce sont les peintures ; le roi, la dame, le valet, les matadors à l’hombre.

On appelle point d’honneur, en termes de Blason, une place dans l’écu qui est au milieu de l’espace enfermé entre le chef & la fasce, ou le lieu où on les place ordinairement. On appelle aussi quartier d’honneur, le premier quartier ou canton du chef. Voyez Point & Ecu.

Honneur, terme de commerce de lettre de change. Faire honneur à une lettre de change, c’est l’accepter, & la payer en considération du tireur, quoiqu’il n’ait pas encore remis les fonds. Vous pouvez toûjours tirer sur moi, je ferai honneur à vos lettres.

Faire honneur à une lettre de change, s’entend encore d’une autre maniere ; c’est quand une lettre de change ayant été protestée, un autre que celui sur qui elle a été tirée, veut bien l’accepter, & la payer pour le compte du tireur ou de quelque endosseur. Voyez Endosseur, Lettre de change, Protest & Tireur. Diction. de commerce. (G)

HONNITS-ANCAZON, s. m. (Hist. nat. Botan.) arbrisseau de l’île de Madagascar, qui produit une fleur blanche, qui, avec sa queuë qui est blanche

aussi, a plus de six pouces de longueur. Cette fleur a l’odeur du jassemin.

HONOLSTEIN, (Géog.) petite ville & bailliage d’Allemagne, dans l’électorat de Trèves. Long. 24. 40. latit. 49. 48. (D. J.)

* HONORABLE, adj. m. & f. (Gram.) qui honore ou qui fait honorer. Ainsi l’on dit ce titre est honorable. Il a reçû une blessure honorable. Un homme honorable est celui qui sait faire les honneurs de sa maison à ceux qui s’y présentent, ou qu’il y invite. Notre mot honorable rendant fort bien l’ingenuus des Latins ; ainsi honorable homme & homme né de parens honnêtes étoient synonymes. On appelloit honorables personnes celles qui avoient passé par les magistratures. C’étoit un titre des gens de lettres, des gens de robe, des commissaires du châtelet, &c. Dans ce dernier sens, on l’avoit rendu par honoratus, épithete qui désignoit dans quelques colonies romaines les exduumvirs. Il y a dans le Blason des pieces de l’écu qu’on appelle honorables ; ce sont les pieces principales & ordinaires qui, en leur juste étendue, peuvent occuper le tiers du champ. Quelques-uns ne comptent parmi ces pieces que la croix, le chef, le pal, la bande, la fasce, le sautoir, le giron & l’écusson ; d’autres y ajoûtent la barre, la bordure & le trescheur. On appelle un monument, une colonne honorable, celle qu’on a élevée en l’honneur de quelqu’un.

Honorable, (Jurisprud.) amende honorable. Voyez Amende.

* HONORAIRE, APPOINTEMENS, GAGES, (Gramm. synonym.) termes relatifs à une rétribution accordée pour des services rendus. C’est la maniere dont la rétribution est accordée ; c’est la nature des services rendus qui fait varier leurs acceptions. D’abord appointemens & gages ne se disent qu’au pluriel, & honoraire se dit au pluriel & au singulier. Gages n’est d’usage qu’à l’égard des domestiques, ou de ceux qui se louent pour des occupations serviles. Appointemens est relatif à tout ce qui est en place, depuis la commission la plus petite jusqu’aux plus grands emplois. Honoraire a lieu pour les hommes qui enseignent quelques sciences, ou pour ceux à qui on a recours dans l’espérance d’en recevoir un conseil salutaire, ou quelque autre avantage qu’on obtient ou de leur fonction, ou de leurs lumieres. Les gages varient d’un homme à un autre. Les appoitemens attachés au poste sont fixes, & communément les mêmes. Les honoraires se reglent entre le maître & le disciple. La visite & l’ordonnance du medecin, le conseil & la consultation de l’avocat, la messe & les prieres des prêtres, sont autrement payés par les hommes opulens que par ceux d’une fortune médiocre. Gage marque toûjours quelque chose de bas. Appointement n’a point cette idée. Honoraire réveille l’idée contraire. On prend pour un homme à gage, & l’on offense celui dont on marchande le service ou le talent, & à qui l’on doit un honoraire. La paye est du soldat ; le salaire de l’ouvrier.

Honoraire, adj. de tout genre, qui s’emploie aussi substantivement. (Littérature.) Il y a dans les académies qui se sont formées depuis l’établissement de l’académie françoise, une classe d’académiciens honoraires. Elle est la premiere pour le rang, sans être obligée de concourir au travail. Cependant il y en a toûjours plusieurs qui seroient dignes d’être académiciens ordinaires, si, par un usage que l’habitude seule empêche de trouver ridicule, leur naissance, leurs charges, ou leurs dignités, ne les en excluoient pas. C’est pourquoi l’on voit des savans qui, étant égaux en mérite aux académiciens ordinaires, & supérieurs par le rang & la naissance à