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funebres. On promenoit Cybele par toute la ville, & chacun faisoit marcher devant elle en guise d’offrande, ce qu’il avoit de plus précieux. On s’habilloit comme l’on vouloit, & l’on prenoit les marques de telles dignités qu’on jugeoit à propos.

C’étoit proprement la Terre qu’on célébroit dans cette fête, sous le nom de la mere des dieux ; on lui rendoit tous ces honneurs, pour qu’elle reçût du soleil une chaleur modérée, & des rayons favorables à la naissance des fruits. On avoit choisi le commencement du printems pour cette fête, parce qu’alors les jours commencent à être plus longs que les nuits, & la nature est toute occupée de sa parure & de son renouvellement.

Les Romains emprunterent cette fête des Grecs, qui la nommoient ἀνάϐασις, renouvellement, par opposition à la veille, κατάϐασις, pendant laquelle ils revêtoient les apparences de deuil. Les Romains les imiterent encore en ce point, car ils passoient la veille de leurs hilaries en lamentations & autres marques de tristesse, d’où vient qu’ils nommoient ce jour là un jour de sang, dies sanguinis ; c’étoit l’inverse, si l’on peut parler ainsi, de notre mardigras, & l’image du mercredi des cendres. Quand les Grecs furent soumis à l’empire des Romains, ils abandonnerent l’ancien nom de leur fête pour prendre celui d’ἱλάρια, comme il paroît par Photius dans ses extraits de la vie du philosophe Isidore.

Les curieux peuvent consulter Rosinus, Antiquit. rom. lib. IV. c. vij. Turnebe, Adversarior lib. XXIV. Casaubon, not. sur Lampridius, Hist. Aug. script. v. 167. Saumaise sur Vopiscus & Tristan, tom. I. & tom. II. (D. J)

HILARODIE, s. f. (Littérat.) espece de drame chez les Grecs qui tenoit de la comédie & de la tragédie ; aussi l’appelloit-on autrement hilaro tragédie.

On sait que la tragédie exigeoit non-seulement, que les personnages fussent des princes ou des héros, mais elle devoit encore rouler sur quelque grand malheur ; & soit que la catastrophe en fût funeste, soit qu’elle fût heureuse, elle devoit toujours exciter la terreur & la pitié ; c’est ce qui fit qu’Archélaus, roi de Macédoine, dont les idées étoient apparemment très-bornées sur la poésie dramatique, proposant à Eurypide de le faire le héros de quelqu’une de ses tragédies, ce poëte lui répondit : « que les dieux puissent toujours vous préserver d’un pareil honneur ! »

L’hilarodie amenoit bien à la vérité sur la scene des personnages illustres, mais ses sujets devoient être gais ; & quoiqu’elle eut plus de dignité que la premiere comédie proprement dite des Grecs, qui étoit l’imitation trop grossiere de la vie commune des simples citoyens, c’étoit pourtant une espece de comédie, parce qu’elle avoit pour but d’amuser, d’égayer, & de faire rire les spectateurs.

On croit que les fables rhintoniques ressembloient à beaucoup d’égards aux hilarodies ; on les nommoit rhintoniques, du nom de leur auteur Rhinton. Athénée cite de ce poëte une piece intitulée Amphitrion, qui pourroit bien avoir été l’original d’après lequel Plaute a composé le sien. Or l’Amphitrion de Plaute a les caracteres qu’on assigne à l’hilarodie.

Il semble que les parodies dramatiques avoient aussi beaucoup d’affinité avec les hilarodies ; mais nous ne sommes pas assez instruits des caracteres distinctifs de toutes ces sortes de drames anciens, pour en marquer les rapports & les différences. (D. J.)

HILARO-TRAGEDIE, s. f. (Littérat.) piece dramatique mêlée de tragique & de comique, ou de sérieux & de plaisant, ou de ridicule. Voyez Drame.

Scaliger prétend que l’hilaro-tragédie & l’hilarodie sont la même chose ; d’autres ont cru que l’hilarotragédie étoit à peu-près ce que nous appellons tragi-

comédie, ou une tragédie dont la catastrophe est heureuse, & fait passer le héros d’un état malheureux, dans un état fortuné. D’autres enfin croient que c’étoit, comme nous l’avons dit, un mêlange de tragique & de comique, de choses sérieuses & d’autres ridicules. Voyez Tragédie & Hilarodie.

Suidas dit que Rhinthon, poëte comique de Tarente, fut l’inventeur de ces sortes de pieces, ce qui leur fit donner le nom de Rhintoniæ fabulæ. Dict. de Trévoux.

HILDESHEIM, (Géog.) ville d’Allemagne dans la basse Saxe, avec un évêché suffragant de Magdebourg. Elle est libre & impériale, quoique dépendante en quelque chose de l’évêque. Le magistrat d’Hildesheim admit la confession d’Ausbourg en 1543, & les deux religions ont subsisté dans la ville depuis ce tems-là. On a conservé la cathédrale à l’évêque, qui est le seul évêque catholique de toute la Saxe. Hildesheim jouit, entre autres beaux privileges, de celui de se gouverner par ses propres loix ; cependant les citoyens font serment de fidélité à l’évêque, comme leur seigneur, & à condition qu’il les maintiendra dans leurs franchises & privileges. Le premier évêque d’Hildesheim, nommé Gonther, mourut en 835. Voyez Heiss, histoire de l’Empire, liv. VI. Elle est sur l’Innerste, à 8 de nos lieues S. E. d’Hannover, 9 S. O. de Brunswig, & 9 O. de Wolffenbutel. Long. 31. 50. lat. 52. 28.

Pour ce qui regarde la célebre colonne d’Irminsal, transportée dans le chœur de l’église d’Hildesheim, où elle a servi à soutenir un chandelier à plusieurs branches, nous parlerons de cet ancien monument du paganisme au mot.

Les curieux de l’histoire naturelle des fossiles de divers pays, peuvent consulter la description latine de ceux d’Hildesheim, donnée par Frédéric Lachmandar, Hildesh. 1669, in-4°.

Vous trouverez dans les Dict. histor. les articles de deux Jurisconsultes nés dans cette ville, & connus par quelques ouvrages de Droit ; j’entends Hanius (Henri), mort en 1668 à l’âge de 63 ans, & Oldecop (Juste), mort en 1677 âgé de 70 ans. (D. J.)

HILDSCHIN, (Géog.) ville d’Allemagne en Silésie, dans la principauté de Troppau, sur la riviere d’Oppa, qui s’y jette dans l’Oder.

HILLÉ, (Géog.) ville d’Asie dans l’Irac-Arabique ; elle est entre Bagdat & Coufa, à 79. 45. de long. & à 31. 50. de lat. Quelques voyageurs nomment une seconde Hillé dans le même pays sur le Tigre, entre Vaset & Bassora. On parle d’une troisieme Hillé en Perse, dans le Conrestan, & d’une quatrieme dans la Turquie Asiatique, auprès du Mosul, ou Moussel. (D. J.)

HILLEVIONS, s. m. pl. (Géog. anc.) ancien peuple de la Scandinavie. Pline, liv. IV. chap. xiij. en parle comme d’une nation qui habitoit cinq cens villages. C’étoit la premiere & peut-être la seule de la Scandinavie, que les Romains connussent de son tems. Ils occupoient apparemment une partie de la Suede où sont les provinces de Schone, de Blékingie & de Halland. (D. J.)

HILOIRES, ILOIRES, AILURES, s. f. (Marin.) ce sont des pieces de bois longues & arrondies, qui bornent & soutiennent les écoutilles & les caillebotis, en forme de chassis. Voyez Planche V. n°. 77. les hiloires du premier pont. N°. 124. les hiloires du second pont.

Dans un vaisseau du premier rang, ou de quatre-vingt pieces de canons, les hiloires du premier pont au milieu ont neuf pouces d’épaisseur, & onze de largeur ; entre le milieu & le côté, elles ont huit pouces d’épaisseur, dix pouces & demi de largeur.

Les hiloires du second pont au milieu ont sept pou-