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le patrimoine de S. Pierre ; 8o. le duché de Castro & Ronciglione ; 9o. lo stato de gli Presidii.

Telle étoit l’Hétrurie après que les Gaulois furent établis en Italie ; car avant leur arrivée, les Hétrusques avoient des établissemens au-delà de l’Apennin, mais ils en furent aisément dépouillés par des peuples guerriers, auxquels une nation amollie par l’aisance & le repos, n’étoit pas en état de résister longtems.

On conçoit de ce détail, que ce seroit se tromper grossierement, que de traduire toujours l’Hétrurie par la Toscane ; car quoique cet état, qui comprend le Florentin, le Pesan & le Siennois, soit une partie considérable de l’ancienne Hétrurie, il faut y en ajouter huit autres pour faire l’Hétrurie entiere. Voyez Toscane.

Ce furent les Hétrusques qui instruisirent les premiers Romains, soit parce qu’eux-mêmes avoient été éclairés par des colonies grecques, soit plutôt parce que de tout tems, une propriété de cette belle terre a été de produire des hommes de génie, comme le territoire d’Athènes étoit plus propre aux arts, que celui de Thèbes & de Lacédémone.

Il ne nous reste pour tout monument de l’Hétrurie, que quelques inscriptions épargnées par les injures du tems, & qui sont inintelligibles. En vain Gruter a publié l’alphabet de toutes ces inscriptions dans ses tables Eugubines, on n’en est pas plus avancé ; les savans hommes de Toscane, particulierement ceux qui ont travaillé à éclaircir les antiquités de leur pays, comme Vincenzo Borghini, auteur très-judicieux, l’ont ingénuement reconnu.

Ils ont eu d’autant plus de raison d’avouer cette vérité, que par le témoignage des anciens Grecs & Latins, il paroît que les Hétrusques avoient une langue & des caracteres particuliers, dont ils ne donnoient la connoissance à aucun étranger, pour se maintenir par ce moyen plus aisément dans l’honorable & utile profession où ils étoient, de consacrer chez leurs voisins, & même dans des contrées éloignées, les temples & l’enceinte des villes, d’interpréter les prodiges, d’en faire l’expiation, & presque toutes les autres cérémonies de ce genre. (D. J.)

HETTGAU, (Géog.) district de la basse Alsace dans le voisinage de Seltz.

HETTSTOEDT, (Géog.) petite ville d’Allemagne située dans le comté de Mansfeld.

HEU, s. m. (Marine.) c’est un bâtiment à varangues plates, qui tire peu d’eau, & dont les Hollandois & les Anglois se servent beaucoup. Il n’a qu’un mât, du sommet duquel sort une piece de bois qui s’avance en saillie vers la poupe qu’on appelle la corne. Cette corne & le mât n’ont qu’une même voile qui court de haut en bas de l’un à l’autre : ce même mât porte une vergue de foule, & est tenu par un gros étai qui porte aussi une voile nommée voile d’étai.

Les proportions les plus ordinaires du heu sont de soixante piés de longueur sur dix-huit de largeur ; il a de creux neuf piés, & de bord onze piés & demi ; la hauteur de l’étambord est de quatorze piés, celle de l’étrave quinze piés. (Z)

HEUKELUM, (Géog.) petite ville des Provinces-unies, dans la Hollande sur la Linge, au-dessous de Léerdam, à deux lieues de Gorcum. Long. 22. 6. lat. 51. 55. (D. J.)

HEULOTS, s. m. terme de pêche usité dans le ressort de l’amirauté de Saint-Vallery en Somme. Voyez Goblets.

HEURE, s. f. (Astr. & Hist.) c’est la vingt-quatrieme & quelquefois la douzieme partie du jour naturel. Voyez Jour.

Le mot heure, hora, vient du Grec ὥρα, qui signi-

fie la même chose, & dont l’étymologie n’est pas

trop connue, les savans étant fort partagés sur ce sujet.

L’heure chez nous est une mesure ou quantité de tems égale à la vingt-quatrieme partie du jour naturel, ou de la durée du mouvement journalier que paroît faire le soleil au-tour de la terre. Quinze degrés de l’équateur répondent à une heure, puisque trois cens soixante degrés répondent à vingt-quatre. On divise l’heure en soixante minutes, la minute en soixante secondes, &c. Voyez Minute.

La division du jour en heure est très-ancienne, comme le prouve le P. Kirker dans son Œdip ægypt. tom. II. les heures qui sont la vingt-quatrieme partie du jour, s’appellent heures simples ; les heures qui en sont la douzieme partie, s’appellent heures composées.

Les plus anciens peuples faisoient leurs heures égales à la douzieme partie du jour. Hérodote lib. II. observe que les Grecs avoient appris des Egyptiens entre autres choses, à diviser le jour en douze parties.

Les Astronomes de Cathay conservent encore aujourd’hui cette division. Ils appellent l’heure chag, & donnent à chaque chag un nom particulier pris de quelque animal. Le premier est appellé zeth, souris ; le second chio, taureau ; le troisieme zem, léopard ; le quatrieme mau, lievre ; le cinquieme chiu, crocodile ; le sixieme six, serpent ; le septieme vou, cheval ; le huitieme vi, brebis ; le neuvieme schim, singe ; le dixieme you, poule ; l’onzieme sou, chien, le douzieme cai, porc.

Les heures qui partagent le jour en vingt-quatre parties égales étoient inconnues aux Romains avant la premiere guerre punique. Ils ne régloient leurs jours auparavant que par le lever & le coucher du soleil.

Ils divisoient les douze heures du jour en quatre : prime ou la premiere, qui commençoit à six heures du matin ; tierce ou la troisieme, à neuf ; sexte ou la sixieme, à douze ou midi ; & none ou la neuvieme, à trois heures après midi. Ils divisoient aussi les heures de la nuit en quatre veilles, dont chacune contenoit trois heures.

Il y a diverses sortes d’heures chez les Chronologistes, les Astronomes, les faiseurs de cadrans solaires. On divise quelquefois les heures en égales & inégales. Les heures égales sont celles qui sont la vingt-quatrieme partie du jour naturel ; c’est-à-dire le tems que la terre emploie à parcourir dans son mouvement diurne de rotation quinze degrés de l’équateur.

On les appelle encore équinoxiales, parce qu’on les mesure sur l’équateur ; & astronomiques, parce que les Astronomes s’en servent. Elles changent de nom suivant la maniere dont les différentes nations les comptent. Les heures astronomiques sont des heures égales que l’on compte depuis midi dans la suite continue des vingt-quatre heures. Ainsi quand un astronome dit qu’il a fait telle observation tel jour à dix-neuf heures, cela signifie tel jour à sept heures du soir.

Heures babyloniennes sont des heures égales, que l’on commence à compter depuis le lever du soleil.

Heures européennes sont des heures égales que l’on compte depuis minuit jusqu’à midi, & depuis midi jusqu’à minuit.

Heures judaïques, planétaires ou antiques, sont la douzieme partie du jour & de la nuit. Comme ce n’est qu’au tems des équinoxes que le jour artificiel est égal à la nuit, ce n’est aussi que dans ce tems que les heures du jour & de la nuit sont égales entre elles. Elles augmentent ou diminuent dans tous les autres tems de l’année. On les appelle heures antiques ou judaïques, parce que les anciens & les