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& l’on les éprouvoit à cet égard, de maniere qu’il y avoit entre eux une espece de combat, à qui remporteroit le prix en ce genre, comme il paroît par des passages de Lucien & de Démosthene. Homere n’a point oublié de célébrer Stentor, dont la voix plus éclatante que l’airain, pouvoit servir de trompete, & se faisoit entendre plus loin, que celle de cinquante hommes des plus robustes. Tout étoit considéré chez les Grecs ; tous les avantages du corps comme ceux de l’esprit, avoient part aux honneurs & aux récompenses. (D. J.)

Héraut, (Hist. mod.) un héraut, ou héraut d’armes, étoit anciennement un officier de guerre & de cérémonie, qui avoit plusieurs belles fonctions, droits & privileges.

Du Cange tire ce mot de l’Allemand Heere-ald, qui signifie gendarme, sergent d’armes, ou de camp ; d’autres le dérivent de heer-houd, fidele à son seigneur ; ce sont là les deux étymologies les plus vraissemblables.

On divisoit ces officiers de guerre & de cérémonie, en roi d’armes, hérauts, & poursuivans. Le premier & le plus ancien s’appelloit roi d’armes. Voyez Roi d’armes. Les autres étoient simplement hérauts, & l’on donnoit le nom de poursuivans aux surnuméraires.

Les hérauts, y compris le roi d’armes, étoient au nombre de trente, qui avoient tous des noms particuliers qui les distinguoient. Montjoie Saint Denis étoit le titre affecté au roi d’armes ; les autres portoient le nom des provinces de France, comme de Guienne, Bourgogne, Normandie, Dauphiné, Bretagne, &c.

Ils étoient revêtus aux cérémonies, de leur cotte d’armes de velours violet cramoisi, chargée devant & derriere de trois fleurs-de-lis d’or ; de brodequins pour les cérémonies de paix, & de bottes pour celles de la guerre. Aux pompes funebres, ils portoient une longue robe de deuil traînante, & tenoient à la main un bâton, qu’on appelloit caducée, couvert de velours violet, & semé de fleurs-de-lis d’or en broderie.

Plusieurs auteurs ont décrit fort au long, les fonctions, droits & privileges de nos anciens hêrauts d’armes, en paix & en guerre ; mais nous ne rapporterons ici que quelques-unes des particularités sur lesquelles ils s’accordent.

Le principal emploi des hérauts étoit de dresser des armoiries, des généalogies, des preuves de noblesse, de corriger les abus & usurpations des couronnes, casques, timbres, & supports ; de faire dans leurs provinces les enquêtes nécessaires sur la noblesse, & d’avoir la communication de tous les vieux titres qui pouvoient leur servir à cet égard.

Il étoit de leur charge de publier les joûtes & tournois, de convier à y venir, de signifier les cartels, de marquer le champ, les lices, ou le lieu du duel, d’appeller tant l’assaillant que le tenant, & de partager également le soleil aux combattans à outrance. Ils publioient aussi la fête de la célébration des ordres de chevalerie ; & s’y trouvoient en habit de leur corps.

Ils assistoient aux mariages des rois, & aux festins royaux qui se faisoient aux grandes fêtes de l’année, quand le roi tenoit cour pléniere, où ils appelloient le grand-maître, le grand pannetier, le grand bouteillier, pour venir remplir leur charge. Aux cérémonies des obseques des rois, ils enfermoient dans le tombeau les marques d’honneur, comme sceptre, couronne, main de justice, &c.

Ils étoient chargés d’annoncer dans les cours des princes étrangers, la guerre ou la paix, en faisant connoître leurs qualités & leurs pouvoirs ; leurs per-

sonnes alors étoient sacrées, comme celles des ambassadeurs.

Le jour d’une bataille, ils assistoient devant l’étendard, faisoient le dénombrement des morts, redemandoient les prisonniers, sommoient les places de se rendre, & marchoient dans les capitulations devant le gouverneur de la ville. Ils publioient les victoires, & en portoient les nouvelles dans les cours étrangeres alliées.

Les premiers commencemens des hérauts d’armes ne furent pas brillans ; nous voyons par les anciens livres de Romancerie, & par l’histoire des rois qui ont précédé S. Louis, qu’on ne regardoit les hérauts que comme de vils messagers, dont on se servoit en toutes sortes d’occasions. Ils eurent un démêlé avec les trouveres & chanterres sur la préséance. Pour établir contre eux leur dignité, ils produisirent un titre, par lequel Charlemagne leur accordoit des droits excessifs, & c’étoit un faux titre ; cependant ils parvinrent insensiblement à s’accréditer, à obtenir des privileges, & à composer leur corps de gens nobles ; mais, dit Fauchet, « ce corps s’est abatardi par aucuns qui y sont entrés, indignes de telle charge, & par le peu de compte que les rois & princes en ont fait, principalement depuis la mort d’Henri II. quant à l’occasion des troubles, les cérémonies anciennes furent méprisées, faute d’en entendre les origines ». Depuis il n’a plus été question du corps des hérauts.

Il arriva seulement que lorsque Louis XIII. vint en 1621 dans les provinces méridionales de son royaume, pour contenir les chefs de parti, il fit renouveller l’ancienne formalité suivante, qui est aujourd’hui entiérement abolie.

Lorsqu’on s’approchoit d’une ville où commandoit un homme suspect, un héraut d’armes se présentoit aux portes ; le commandant de la ville l’écoutoit chapeau bas, & le héraut crioit : « A toi Isaac ou Jacob tel, le roi ton souverain seigneur & le mien, t’ordonne de lui ouvrir, & de le recevoir comme tu le dois, lui & son armée ; à faute de quoi, je te déclare criminel de lése-majesté au premier chef, & roturier toi, & ta postérité ; tes biens seront confisqués, tes maisons rasées, & celles de tes assistans. »

Le même Louis XIII. en 1634, envoya déclarer la guerre à Bruxelles par un héraut d’armes ; ce héraut devoit présenter un cartel au cardinal infant, fils de Philippe III. gouverneur des pays-bas. C’est-là la derniere déclaration de guerre qui se soit faite par un héraut d’armes ; depuis ce tems on s’est contenté de publier la guerre chez soi, sans l’aller signifier à ses ennemis. Et pour ce qui regarde les fonctions des hérauts à l’armée, c’est en partie les trompetes & les tambours qui les remplissent aujourd’hui.

Si quelqu’un est curieux de plus grands détails, il peut consulter Du Cange au mot Heraldus ; le Glossar. Archoeolog. de Spelman ; Jacob. Spencer de Art. heraldicâ, Francof. 2 vol. in-fol. la Science héraldique de Vulson de la Colombiere ; Fauchet, Traité des Chevaliers ; André Favin, Théâtre d’honneur ; & finalement le livre intitulé, Traité du héraut d’armes, Paris 1610, in-12. (D. J.)

Héraut d’armes, (Hist. mod.) Leur college qu’on appelle en anglois the herald’s-office, dépend du grand maréchal d’Angleterre.

Les hérauts d’armes anglois sont assez instruits des généalogies du royaume ; ils tiennent registre des armoiries des familles, reglent les formalités des couronnemens, des mariages, des baptêmes, des funérailles, &c. On les distingue en trois classes, les kings of arms, les heralds & les pursevants at arms.

Il y a trois kings of arms ; le premier qui s’appelle