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XIII. épigramm. 114. & Horace, serm. l. III. sat. V. v. 34. ont parlé. Vitruve, suivant quelques-uns, naquit dans cette ville. (D. J.)

FONDIQUE, s. f. (Commerce.) maison commune où les Marchands s’assemblent pour leur commerce, & où ils déposent l’argent & les marchandises de leur compagnie.

Les auteurs du Dictionnaire de Trévoux disent que ce mot vient de fundus, qui signifioit autrefois une bourse, & que c’est de-là qu’on dit encore à-présent la bourse d’Anvers, la bourse d’Amsterdam.

Mais quelque vraissemblable que soit cette étymologie, il est certain que dans l’usage présent, fondique n’a plus précisément la même signification, & qu’il signifie simplement un magasin ou dépôt pour les marchandises étrangeres, encore ne se dit-il guere que des dépôts des douanes d’Espagne & de Portugal, ou de celles que les Espagnols ont dans l’Amérique, & les Portugais dans l’Orient. Dictionn. de Commer. Trév. & Chambers. (G)

FONDIS, s. m. espece d’abysme causé par la consistance peu solide du terrein, ou par quelque source d’eau au-dessous des fondemens d’un bâtiment. On appelle aussi fondis ou fontes un éboulement de terre causé dans une carriere, pour n’y avoir pas laissé suffisamment des piliers, & fondis à jour, celui qui a fait un trou, par où l’on peut voir le fond de la carriere. (P)

Fondis, (Jardinage.) terme de Terrassier, pour exprimer une gorge, une vallée, ou quelqu’endroit de terre un peu bas qu’on a dessein de remplir. (K)

* FONDRE, v. act. (Gram.) c’est l’action de mettre en fusion ou sous une forme fluide, par l’action du feu, un minéral, du verre, une pierre, ou un autre corps solide. Ce mot se prend au simple & au figuré.

Fondre des Actions, des Billets, (Commerce.) expression assez récente parmi nous, introduite dans le commerce du papier presqu’en même tems que la compagnie des Indes & la banque royale ont été établies en France. Elle signifie se défaire de ses billets, vendre ses actions pour de l’argent comptant ; & comme pour l’ordinaire cette vente ne se fait qu’avec perte de la part du vendeur, cette expression se prend plûtôt en mauvaise qu’en bonne part. Dictionn. de Commerce, Trév. Chamb. (G)

Fondre, c’est l’action de liquéfier la cire par le moyen du feu. Le point essentiel de cette opération est de donner le degré de chaleur convenable, de connoître, & de saisir l’instant où la fonte est parfaite. Cet instant n’est pas d’une minute, & d’une minute dépend la perte de plusieurs milliers de cire : de la chaudiere où elle a été fondue, elle tombe par un robinet dans une cuve, où elle refroidit pendant trois heures, après lesquelles on la met en rubans. Voyez Rubans & l’article Blanchir, où toutes ces opérations sont détaillées.

Fondre, en Fauconnerie, se dit du faucon, lorsque soûtenu sur ses aîles à une grande élévation, il vole en descendant avec impétuosité pour se saisir d’un oiseau.

Fondre, (Jardinage.) se dit d’une plante qui périt, ou qui pourrit en pié ; ce qui arrive souvent quand on lui donne trop d’eau ou trop de soleil ; si étant enfermée dans la serre, elle n’a pas eu assez d’air, ou qu’elle n’ait pas joüi d’un air nouveau, il n’en faut pas davantage pour la suffoquer. On peut s’il y a une autre chambre à la serre, l’ouvrir de tems en tems : ce lieu se remplit d’air extérieur, & refermant ensuite la porte, & ouvrant celle qui se communique avec la serre, l’air extérieur y entrera sans risquer que les arbres en souffrent.

En fait de légumes, fondre, est périr faute d’eau ; pour les melons, c’est devenir à rien. (K)

* Fondre, (à la Monnoie.) c’est jetter le métal en fusion dans les moules formés par les planches gravées. Voy. les Planches gravées de Monnoyage. Comme la maniere de fondre à la Monnoie ne differe en rien de celle que l’on suit dans les atteliers des Fondeurs ; on renvoye à l’article Monnoie.

Fondre, en Peinture, c’est bien mêler les couleurs. Des couleurs bien fondues ; fondre les bruns avec les clairs, de façon que le passage des uns aux autres soit insensible.

On dit : il y a une belle fonte de couleur dans ce tableau : il faut fondre ses couleurs avant de donner les dernieres touches. (R)

Fondre, en terme de Fondeur de petit plomb, c’est liquéfier le plomb par le moyen du feu sur lequel on l’expose dans un vase pour le couler, & lui faire prendre la forme qu’on veut dans le moule.

* Fondre l’Étain et le jetter en moule. Lorsqu’un potier d’étain veut mettre l’étain en œuvre, il le fait d’abord fondre ; il faut avoir une chaudiere de fer qui tienne à proportion de ce qu’on a à fondre. Ceux qui fondent des saumons ont des fosses ; c’est une sorte de trou plus long que large, bâti en brique sous une cheminée ; on met le feu dedans la fosse & les lingots sur la flamme du bois qu’on y allume, & à l’aide d’un soufflet à main, pareil à celui dont se servent les Orfévres, ils fondent plus aisément & plus promptement. A mesure que l’étain fond, la braise & la cendre nagent sur l’étain, & on les dérange avec la cuilliere de fer avec laquelle on jette en moule, pour prendre l’étain net.

De tems en tems, on retire les cendres qui s’amassent sur l’étain, c’est ce qu’on appelle déchet : on les réserve à part ; & quand on en a une quantité, on les lave d’une maniere qui sépare la cendre & le charbon qui se trouvent mêlés d’étain, & cet étain se fond dans une chaudiere le feu dessous ; & par le moyen de la graisse & du suif qu’on y met dedans, on réduit l’étain.

Il y en a qui pour fondre, ont une chaudiere qui est massonnée tout-autour, & le feu est sur l’étain comme dans la fosse. Enfin d’autres (& c’est assez l’usage en province, où on ne fond pas souvent des saumons) mettent la chaudiere sur un trépié le feu dessous.

Il faut préparer ses moules avant de jetter dedans ; on sait que les moules sont ordinairement de cuivre ou potin ; les moules de vaisselle sont de deux pieces, la chape qui forme le dessous de la piece, soit plat, assiette, écuelle ou bassin, & le noyau qui forme le dedans. (Voyez la description aux figures.) Cette préparation est de les écurer, puis d’y répandre dans tous les endroits où l’étain doit couler, avec un pinceau de crin, de la ponce en poudre délayée dans du blanc d’œuf, ce qui s’appelle poteyer les moules : après quoi on met chauffer le moule en-dehors sur le feu, afin qu’il soit assez chaud pour recevoir l’étain ; on met quelques morceaux de fer en-travers sur la fosse pour supporter les moules.

Il faut observer que la science pour bien jetter, consiste à conserver le degré de chaleur tant de l’étain fondu que du moule ; si l’étain chauffe trop, il s’aigrit, il faut y mettre quelque piece qu’on réserve pour le rafraîchir ou diminuer le feu. Si le moule s’échauffe trop, ce qui arrive ordinairement aux endroits où l’étain tombe en jettant, & où il revient ; on le rafraîchit avec de l’eau qu’on y applique par-dehors avec un bâton entortillé de linge mouillé par un bout qu’on nomme patroüille. On connoît que le moule ou l’étain sont trop chauds quand les pieces viennent grumeleuses. Les grumelures sont des petits trous sans nombre, qui ne percent pas la piece, mais la gâtent fort, parce qu’ils paroissent après le tour & la forge ; ainsi on aime mieux jetter un peu