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montrans à protester d’avance contre tout ce qui se feroit.

On avoit choisi Dordrecht pour la célébration du synode ; l’ouverture s’en fit le 13 Novembre 1618.

Nous ne donnerons pas ici un détail suivi de ce qui s’y passa ; nous dirons seulement que les Arminiens y furent condamnés unanimement ; leurs opinions y furent déclarées contraires à l’Ecriture & à la doctrine des premiers réformateurs. On ajoûta à cette condamnation une censure personnelle contre les Arminiens cités au synode ; ils avoient été retenus dans la ville par les états généraux, après avoir présenté inutilement plusieurs requêtes pour être renvoyés chez eux. Cette sentence fut dressée au nom du synode & des députés des états généraux ; elle déclaroit les Arminiens détenus à Dordrecht atteints & convaincus d’avoir corrompu la religion & déchiré l’unité de l’Eglise ; & pour ces causes, elle leur interdisoit toute charge ecclésiastique, les déposoit de leurs vocations, & les jugeoit indignes des fonctions académiques. Elle portoit que tout le monde seroit tenu de renoncer publiquement aux cinq propositions des Arminiens ; que les noms de Remontrans & contre-Remontrans seroient abolis & oubliés. Les peines portées par cette sentence sont toutes ecclésiastiques : mais il ne tint pas aux Gomaristes, qu’elles ne fussent & civiles & plus séveres.

Ils avoient fait les plus grands efforts pour faire condamner les Arminiens comme ennemis de la patrie & perturbateurs du repos public ; mais les théologiens étrangers refuserent absolument d’approuver la sentence du synode en ce point ; de sorte qu’on fut obligé de la réformer ; & même quelque correction qu’on y eût faite, plusieurs ne voulurent point entrer dans ce qui regardoit la sentence personnelle des Arminiens : mais les états généraux satisfirent en cela l’animosité des Gomaristes des Provinces-Unies ; car après avoir donné un édit le 2 Juillet de la même année, pour approuver & faire exécuter les decrets & la sentence du synode, on proscrivit les Arminiens ; on bannit les uns, on emprisonna les autres, & on confisqua les biens de plusieurs.

Le supplice du célebre Barnevelt, grand pensionnaire de Hollande, suivit de près la fin du synode, & le prince d’Orange fit porter contre lui une sentence de mort, dans laquelle, parmi d’autres griefs en matiere civile, on l’accusoit d’avoir conseillé la tolérance de l’Arminianisme, d’avoir troublé la religion & contristé l’Eglise de Dieu. Tout le monde sait que cet homme célebre fut le martyr des lois & de la liberté de son pays, plûtôt que des opinions des Arminiens, quoiqu’il les adoptât.

Le prince d’Orange Maurice, qui visoit à la souveraineté des Pays-Bas, & qui étoit traversé dans ses desseins par les magistrats des villes & les états particuliers des provinces, & sur-tout de celles de Hollande & West-Frise, à la tête desquels se trouvoient Barneveld & Grotius, se servit du prétexte des querelles de religion pour abattre ces républicains, & pensa opprimer tout-à-fait la liberté de la Hollande, sous l’apparence d’en extirper l’Arminianisme.

En 1623, une conjuration contre le prince d’Orange, dans laquelle entrerent plusieurs arminiens, fut une nouvelle occasion de les persécuter, que les Gomaristes ne laisserent pas échapper ; on les appella dans les prêches des traitres & des parricides. Il étoit assez naturel de penser que Guillaume Barnevelt, chef de cette conspiration, & fils puîné du grand pensionnaire, étoit animé par le desir de venger la mort de son pere ; mais on ne manqua pas de représenter la conspiration comme l’ouvrage de toute la secte, & la persécution fut très-vive.

Après la mort de Maurice, arrivée en 1625, les Arminiens tenterent inutilement leur rétablissement

en Hollande, sous le prince Frédéric Henri son frere ; ils se réfugierent en divers pays de l’Europe où on leur offroit des asyles.

Mais la tolérance civile & même ecclésiastique s’établissant peu-à-peu en Hollande, à la suite des principes de la réforme, sous le stathoudérat de Guillaume II. fils du prince Henri, on leur permit d’avoir des églises dans quelques villes des Provinces-Unies ; celle d’Amsterdam a eu de grands hommes à sa tête ; le savant le Clerc de Limborch, & beaucoup d’habiles gens y ont été ministres.

Les Gomaristes sont toûjours dans la religion réformée, le parti dominant, & les Arminiens y font secte, au-moins pour la police extérieure de la religion. On professe encore ouvertement les dogmes rigides des premiers réformateurs ; les formules de foi expriment par-tout cette même doctrine, & on est obligé de s’y conformer pour parvenir aux emplois ecclésiastiques : il en est de même en Angleterre, où les épiscopaux tiennent les opinions de Calvin sur les matieres de la grace & de la prédestination. Cependant une grande partie des ministres, dans la réforme, s’est rapprochée des sentimens des Arminiens, ramenée à ces opinions par la Philosophie & sur-tout par la Morale, qui s’en accommodent beaucoup mieux : on les accuse même de donner dans les sentimens des Sociniens sur plusieurs articles considérables de la doctrine chrétienne. Quoi qu’il en soit, l’Arminianisme ne cause plus aujourd’hui aucun trouble en Hollande ; la tolérance civile a réparé les maux qu’avoit faits la persécution. Les magistrats hollandois ont enfin compris que pour le bien de la paix, ils devoient s’abstenir de se mêler dans ces disputes ; permettre aux théologiens de parler & d’écrire à leur aise ; les laisser conférer s’ils en avoient envie, & décider, si cela leur plaisoit ; & sur-tout ne persécuter personne. (G)

GOMBAUT, s. m. ketmia, (Hist. nat. bot.) plante potagere très-commune aux iles Antilles. Elle s’éleve d’environ quatre à cinq piés, suivant la bonté du terrein ; ses feuilles ressemblent assez à celles de la mauve ; elle porte de belles fleurs jaunes auxquelles succedent des fruits de forme à-peu-prés conique, longs de trois & quatre pouces, cannelés suivant leur longueur, & s’ouvrant lorsqu’ils sont secs en plusieurs logettes qui renferment des semences rondes, grises, & grosses comme des petits pois ; ce fruit doit se cueillir avant d’être tout-à-fait mûr ; on le fait cuire dans le pot pour le manger avec la soupe ou bien en salade ; on en fait aussi des especes de farces, & il est un des principaux ingrédiens qui entrent dans la composition du calalon, sorte de mets dont les dames créoles sont très-friandes.

Le gombaut étant cuit devient extrèmement gluant par la grande quantité de mucilage qui en sort ; c’est pourquoi on le regarde comme un très-grand émollient, étant pris en lavement. Article de M. le Romain.

GOMBETTES, (Jurispr.) V. Lois Gombettes.

GOMERE (la) Géog. île de l’Océan atlantique, entre les Canaries & l’île de Fer. Elle appartient aux Espagnols qui s’en emparerent en 1545 ; elle a environ 22 lieues de tour, avec un port & un bourg de même nom ; son terroir abonde en fruits, en sucre, & en vins. (D. J.)

GOMME, s. f. (Phys. génér.) suc végétal concret, qui suinte à-travers l’écorce de certains arbres, soit naturellement, soit par incision, & qui s’endurcit ensuite ; la gomme qui découle d’elle-même, paroît être en Physique une espece de maladie de la seve des arbres, qui étant viciée, s’extravase, & devient en quelque maniere solide. Elle perce par quelque endroit tendu, écorché, ou rompu de la plante, & fait mourir les parties voisines ; de sorte