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GERGENTI, Agrigentinum, (Géog.) ville d’Italie dans la Sicile, avec un château qui la défend du seul côté où elle soit accessible, & un évêché suffragant de Palerme, à trois milles de la mer. Elle est dans la vallée de Mazara, à vingt-quatre lieues sud-oüest de Mazara, vingt sud-est de Palerme. Longit. 31. 21. lat. 47. 23.

Elle a pris son nom de la ville d’Agrigente, des ruines de laquelle elle s’est formée, quoiqu’elle ne soit pas précisément sur le même terrein. Voy. Agrigente au supplém. de l’Encyclopédie ; car on ne négligera rien pour perfectionner cet Ouvrage. (D. J.)

GERGOVIA, (Géog. anc.) César est le seul des anciens qui ait parlé de Gergovia. Elle a eu le même sort de plusieurs autres villes considérables dont on cherche la position. Cette capitale des Auvergnats, qui osoient s’appeller les freres & les émules des Romains, cette place qui vit échoüer devant ses murailles la fortune du vainqueur de Pompée, paroît avoir disparu. On ignore où elle étoit située ; & l’opinion générale qui met cette ville sur la montagne appellée le Puy-de-Mardogne, à une lieue de Clermont en Auvergne, souffre les plus fortes difficultés.

Il semble par les commentaires de César, qu’il y avoit une autre Gergovia dans le pays des Boyens ; mais cette seconde ville est encore moins connue que la précédente, quoique l’opinion commune la place vers Moulins dans le Bourbonnois. Voyez les mémoires de l’académie des Belles-Lettres, où vous trouverez une dissertation de M. Lancelot à ce sujet. (D. J.)

* GERIS, s. f. (Myth.) nom d’une divinité qu’Hésychius croit être la même que Cerès ou la Terre.

GERMAIN, adj. (Jurispr.) est une qualité que l’on donne à certains parens, & qui a deux significations différentes.

On dit freres & sœurs germains, pour exprimer ceux qui sont conjoints des deux côtés, c’est-à-dire qui sont procréés des mêmes pere & mere.

On appelle cousins-germains, les enfans des deux freres, ou des deux sœurs, ou d’un frere & d’une sœur.

Cousins issus de germain, sont ceux qui sont éloignés d’un degré de plus que les cousins-germains. Voyez Freres & Cousins. (A)

Germain-en-Laye, (Saint-) Géog. petite ville de l’île de France, avec une maison royale, embellie par plusieurs de nos rois. C’est un des plus beaux séjours de France par sa position, sa forêt & ses jardins. Elle est à quatre lieues de Paris sur la Seine. Long. 19. 40. lat. 48. 52.

Marguerite de France, fille de François premier, naquit à Saint-Germain-en-Laye le 5 Juin 1523, & se fit une gloire immortelle par sa beauté, par son savoir & par ses vertus. Ses sujets la nommoient la mere des peuples.

Henri II. né dans le même château le 31 Mai 1518, & mort à Paris le 10 Juillet 1559, d’un coup de lance que lui donna Montgommeri dans un tournois, persécuta les Calvinistes de son royaume, soûtint ceux d’Allemagne, fit alliance avec les Suisses, qui s’y prêterent avec peine, & fut soûmis dès le commencement de son regne aux volontés de la duchesse de Valentinois, qui se rendit maîtresse de son cœur & de son esprit, quoiqu’elle fût âgée de quarante-sept ans.

Charles IX. naquit aussi à Saint-Germain-en-Laye le 27 Juin 1550. Son regne fut rempli de meurtres & d’horreurs ; il s’avoüa l’auteur de la Saint-Barthélemy, & sa devise étoit deux colonnes avec ces mots, pietate & justitiâ.

Louis XIV. vit le jour dans le même lieu le 5 Septembre 1638, après vingt-trois ans de stérilité de la reine sa mere ; phénomene aussi singulier que la longueur de son regne. (D. J.)

Germain-Laval, (Saint-) Géog. ville de France dans le Fores, avec une châtellenie royale : elle est dans un terrein fécond en bons vins, à quatre-vingts-onze lieues sud-est de Paris. Lon. 21. 31. 42. lat. 45. 49. 57. (D. J.)

GERMANDRÉE, s. f. chamædris, (Hist. nat. bot.) genre de plante à fleur monopétale labiée, dont les étamines occupent la place de la levre supérieure ; l’inférieure est divisée en cinq parties, dont celle du milieu est plus grande que les autres, courbée en forme de cuillier, & fourchue dans quelques especes. Il sort du calice un pistil qui passe dans la partie postérieure de la fleur, & qui est entouré de quatre embryons. Ces embryons deviennent autant de semences arrondies, & renfermées dans une capsule qui a servi de calice à la fleur. Les fleurs naissent dans les aisselles des feuilles, & ont un calice en forme de tuyau. Tournefort, inst. rei herbar. Voyez Plante. (I)

Les Botanistes comptent une vingtaine d’especes de germandrée, entre lesquelles il suffira de décrire la principale, nommée chamædris minor, repens, par C. Bauh. pag. 148. Hist. oxon. 3. 422. Tourn. inst. 205. Boerh. ind. a. 182.

Ses racines sont fibreuses, fort traçantes, & jettent de tous côtés des tiges couchées sur terre, quadrangulaires, branchues, longues de neuf à dix pouces, & velues. Sur les tiges naissent des feuilles conjugées & opposées, d’un verd gai, longues d’un demi-pouce, larges de quelques lignes, étroites à leur base, crenelées depuis leur milieu jusqu’à leur extrémité, ameres, & un peu aromatiques.

Ses fleurs naissent des aisselles des feuilles ; elles sont d’une seule piece en gueule & purpurines ; elles n’ont point de levre supérieure, mais elles portent à la place des étamines recourbées, un pistil fourchu : la levre inférieure, outre sa partie supérieure qui se termine en deux appendices aiguës, est à trois lobes.

Le calice est d’une seule piece en cornet, partagé en cinq parties, & contient quatre graines sphéroïdes, & formées de la base du pistil.

On cultive en Angleterre par curiosité quelques especes de germandrée ; sur quoi nous renvoyons à Miller.

Nous renvoyons de même le lecteur à M. de Reaumur, au sujet des galles de la germandrée. Nous remarquerons seulement que tandis que les galles des autres plantes sont produites sur les feuilles, celles de la germandrée le sont sur la fleur ; & pour surcroît de singularité, par une punaise, le seul insecte connu de sa classe, qui se forme & croisse dans ces sortes de tubercules monstrueux. Cet insecte est niché en naissant dans la fleur toute jaune du chamædris, & il la suce avec sa trompe. La fleur sucée croît beaucoup sans pouvoir s’ouvrir ; parce que sa levre qui devroit se dégager du calice fait par les autres pétales, y reste retenue à cause qu’elle a pris trop de volume, & la petite nymphe de punaise y conserve son logement clos. (D. J.)

Germandrée ou Petit Chêne, (Mat. med.) cette plante doit être rangée dans la classe des amers aromatiques, & être regardée par conséquent comme tonique, stomachique, fortifiante, apéritive, vermifuge & emménagogue. L’expérience confirme toutes ces propriétés. On la prescrit très-utilement dans les obstructions des visceres, la jaunisse, la suppression des regles, & l’hydropisie commençante.

La germandrée passe pour spécifique contre la goutte. J’ai connu un vieux medecin qui avoit été sujet de bonne-heure à cette maladie, & qui prenoit de l’infusion de germandrée tous les matins à jeun depuis quarante ans, dans la vûe d’en éloigner au-moins &