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* GEDENG, s. m. (Commerce.) mesure d’usage aux Indes, où l’on s’en sert à mesurer le poivre & autres denrées de la même nature : Savari dit qu’elle contient quatre livres pesant de poivre, la livre sur le pié de seize onces. Voyez le dict. de Comm.

GÉDROSIE, (Géog. anc.) grande province d’Asie qui s’étendoit depuis la Carmanie jusqu’à l’Inde, & avançoit beaucoup vers le nord. Les peuples les plus remarquables de ce pays étoient les Arbites, les Orites, & les Ichtyophages, ou mangeurs de poisson : Arrien donne en étendue à cette province 450 milles de côtes. La Gédrosie est présentement le pays de Mekran, qui en renferme la plus grande partie. (D. J.)

GEELÆUM, (Hist. nat.) ce mot qui signifie huile de la terre, a été employé par quelques anciens auteurs, pour désigner la même chose que nous appellons pétrole. Voyez cet article.

GÉELMUYDEN, (Géog.) petite ville des Pays-Bas dans l’Overyssel, à l’embouchure du Wecht dans le Zuydersée, à une lieue de Kampen. Longit. 23d. 28′. latit. 52d. 37′. (D. J.)

GEGENBACH, (Géog.) petite ville libre impériale d’Allemagne dans la Soüabe au Mordenaw, sous la protection de la maison d’Autriche ; elle est sur le Kintsig, à six lieues S. de Strasbourg, dix N. E. de Fribourg. Lon. 25. 40. 58. latit. 48. 24. 50. (D. J.)

* GEHENNE, s. f. (Théolog.) terme de l’Ecriture qui a fort exercé les critiques ; il vient de l’hébreu gehinnon, c’est-à-dire la vallée de Hinnon : cette vallée étoit dans le voisinage de Jérusalem ; & il y avoit un lieu appellé tophet, où des Juifs alloient sacrifier à Moloch leurs enfans qu’on faisoit passer par le feu. Pour jetter de l’horreur sur ce lieu & sur cette superstition, le roi Josias en fit un cloaque où l’on portoit les immondices de la ville & les cadavres auxquels on n’accordoit point de sépulture ; & pour consumer l’amas de ces matieres infectes, on y entretenoit un feu continuel. Ainsi en rapportant au mot gehenne toutes ces idées, il signifieroit une caverne remplie de matieres viles & méprisables, consumées par un feu qui ne s’éteint point ; & par une métaphore assez legere, on l’auroit employé à désigner le lieu où les damnés seront détenus.

GÉHON, (le-) Géog. sacrée, fleuve dont parle Moyse dans la description du paradis terrestre : « Le nom du second fleuve, dit-il, est Gehon ; c’est celui qui tournoye dans la terre de Chus ».

On sait combien l’explication des quatre fleuves de Moyse embarrasse les savans, & en particulier combien ils ont disputé sur le Géhon. Ce fleuve a passé chez les uns pour le Gange, chez les autres pour l’Oxus ; on l’a pris pour l’Araxe ou pour le Nahar-Malea, canal fait à la main afin de joindre l’Euphrate au Tigre. Josephe, la plûpart des peres de l’Église, & une infinité d’interpretes, veulent que le Gehon soit le Nil ; & M. Huet prétend que c’est le canal oriental du Tigre & de l’Euphrate : c’est ainsi que plusieurs critiques prévenus que le paradis terrestre étoit auprès du Tigre & de l’Euphrate, cherchent le Géhon dans un des bras de ces deux fleuves. M. Leclerc persuadé au contraire que le paradis terrestre étoit vers la source du Jourdain, croit que le Géhon est l’Oronte ; & par la terre de Chus, que le Géhon arrosoit, il entend la Cassiotide.

Le P. Hardoüin a un sentiment particulier ; il donne un sens nouveau à ces paroles du texte latin : Et fluvius egrediebatur de loco voluptatis ad irrigandum paradisum, qui indè dividitur in quatuor capita ; c’est-à-dire, selon le P. Hardoüin : « il sortoit de ce lieu de délices un fleuve pour arroser le paradis, qui delà se divise en quatre têtes ou sources ».

Il trouve avec raison qu’il n’est pas commode de supposer sans nécessité que les quatre fleuves, savoir, le Phison, le Géhon, le Tigre, & l’Euphrate fussent

autant de branches dérivées du fleuve qui sortoit du lieu de délices : il rapporte donc ces mots, se divise, non pas au fleuve duquel il ne s’agit plus, mais au paradis. C’est, ajoûte-t-il, comme si Moyse eût dit : « & de ce lieu de délices sortoit un fleuve pour arroser le paradis, dont la beauté ne subsiste plus entierement, mais dont on voit encore des restes autour des sources des quatre fleuves ».

Si cette explication du P. Hardoüin ne satisfait pas tout le monde, du-moins faut-il convenir qu’elle est ingénieuse, & qu’elle a l’avantage de sauver les difficultés géographiques de toutes les autres interprétations. (D. J.)

GEISLENGEN, (Géog.) ville impériale d’Allemagne dans la Soüabe, à 7 lieues nord-oüest d’Ulm. Long. 27. 37. latit. 48. 38. (D. J.)

GÉLA, (Géog. anc.) petite ville de Sicile qui prenoit son nom de la riviere Géla qui l’arrosoit : Virgile le dit, immanisque Géla fluvii cognomine dicta. Le nom moderne de cette riviere est fiume di Terra-Nova ; & la ville ou bourg s’appelle Terra-Nova. Il falloit que ce fût une grande ville du tems de Virgile, puisqu’il la nomme immanis. (D. J.)

GELALÉEN, (Calendrier) Chronolog. Voyez Calendrier & An.

GELÉE, s. f. (Physique.) froid par lequel l’eau & les liquides aqueux se gelent naturellement, se convertissent d’eaux-mêmes en glace dans un certain canton, dans toute une région déterminée. La gelée est opposée au dégel. qui est proprement ce relâchement du grand froid, cet adoucissement qui rend à l’eau sa liquidité, & qui détrempe la terre en fondant les glaces & les neiges dans tout un pays. Voy. Froid, Glace, Congelation, & Dégel.

L’eau & les liquides aqueux sont les seuls fluides dont on ait dû faire mention dans les deux définitions précédentes : ce n’est pas que d’autres liqueurs, l’huile d’olive, par exemple, ne gelent plus facilement & plus promptement que l’eau, & à de moindres degrés de froid : mais tant que la froideur de l’air n’opere que la congelation des huiles grasses, & que l’eau se maintient dans sa liquidité ordinaire, l’usage autorise à dire qu’il ne gele point. La gelée n’arrive dans un pays, que quand l’eau & les liqueurs aqueuses qui ne sont pas trop agitées, se glacent d’elles-mêmes à l’air libre ; c’est-là le premier & le moindre degré de la gelée. On verra ailleurs (artic. Glace), comment la grande agitation d’un liquide peut mettre obstacle à sa congelation. Si le froid augmente, la gelée sera plus forte ; des fluides dont la liquidité résiste au degré de froid qui fait geler l’eau, se convertiront en glace ; il gelera dans l’intérieur des maisons & jusque dans les chambres les plus exactement fermées ; les rivieres les plus rapides obéissant à l’impression du froid, se glaceront en partie, ou même entierement jusqu’à une certaine profondeur : tout ceci est facile à concevoir. Ce qu’il est important de bien remarquer, c’est ce qu’on a dit du caractere essentiel & distinctif de la gelée, laquelle a toûjours lieu quand l’eau ou tranquille ou peu agitée se glace d’elle-même à l’air libre dans tout un pays.

Nous connoissons divers agens capables d’opérer dans une certaine étendue de pays la congelation naturelle de l’eau : on peut consulter sur ce sujet les articles Froid, & Congelation. La gelée ayant un rapport marqué à la température de l’air & à la constitution de l’atmosphere, c’est principalement sous ce rapport que nous devons d’abord la considérer dans cet article.

Il se présente une question que l’observation seule pourra résoudre : on demande si dans tous les pays du monde l’eau se gele constamment par le même degré de froid ; ou si le climat, dont l’influence est si sensible sur une infinité de phénomenes, met ici de la