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de bons gargarismes détersifs dans les aphthes putrides. La décoction de quinquina & de sommités de sapin, avec de l’esprit de vitriol jusqu’à une agréable acidité, donne une liqueur anti-septique, fort convenable dans les esquinancies gangreneuses.

Les gargarismes émolliens & anodyns, se font avec les racines d’althæa, les feuilles de mauves, les semences de lin & de fenugrec, cuites dans de l’eau ou dans du lait. La décoction de figues grasses est adoucissante & maturative. La décoction des plantes vulnéraires avec du miel, & à laquelle on ajoûte du sirop de roses seches, est un gargarisme détersif pour les ulceres de la bouche qui n’ont aucune malignité. Lorsqu’il est question de resserrer & de fortifier, on fait bouillir ces plantes dans du vin. Les gargarismes astringens se font avec l’écorce de grenades, les balaustes, le sumach, & les roses rouges, cuites dans du gros vin. Les gargarismes rafraîchissans se font avec la décoction d’orge & du sirop de mûres, en y ajoûtant quelques gouttes d’esprit de vitriol. On préfere l’esprit de cochléaria dans les gargarismes anti-scorbutiques. Voyez Scorbut. Le vinaigre & l’eau donnent une liqueur rafraîchissante très-simple. Il n’y a point de maladies plus communes que les maux de gorge inflammatoires. Voyez Esquinancie. Les gargarismes repercussifs dont on se sert quelquefois imprudemment dans cette maladie, sont une cause de métastase sur le poumon : M. Recolin qui a lû un mémoire sur cette matiere intéressante, à la séance publique de l’académie royale de Chirurgie, en 1756, joint son expérience aux observations des plus grands maîtres, pour démontrer le danger des gargarismes repercussifs dans ce cas. Il remarque que les anciens qui recommandoient en général ses topiques qui ont cette vertu dans le commencement de toutes les inflammations, ont posé pour exception les cas où la métastase étoit à craindre. Pourquoi ne pas faire l’application d’un principe si lumineux & si sûr aux esquinancies inflammatoires ? Les remedes froids dont on use impunément dans les inflammations legeres, font presque toûjours refluer l’humeur sur le poumon, lorsque la fluxion a saisi vivement. Voyez ci-devant au mot Gargariser, la façon de se servir des gargarismes. (Y)

Gargarisme, (Man. Marechall.) médicament liquide, & propre à humecter les parties de la bouche & de l’arriere-bouche de l’animal. C’est une espece d’infusion ou de décoction, ou de suc exprimé, ou de mixture moyenne, &c. & il offre de véritables ressources dans des cas d’inflammation, de sécheresse, de tumeurs, d’ulceres, d’aphthes dans l’une ou l’autre de ces cavités.

Son efficacité ne sauroit être rapportée ni à une collution réelle, car nous ne connoissons aucun moyen de forcer l’animal d’agiter la liqueur dans sa bouche, de maniere que toutes les parties en soient imbibées, détergées & pénétrées ; ni au séjour que le remede y fait, car il nous est impossible de le contraindre à l’y retenir long-tems : il ne peut donc être salutaire que par l’attention que l’on a d’en renouveller souvent l’usage.

L’impuissance où nous serions encore d’inviter avec succès l’animal à prendre le fluide que nous lui présenterions, ne nous laisse que la voie des injections. Nous poussons le gargarisme avec une seringue dont l’extrémité de la canule ou du syphon, qui présente une forme ovalaire & legerement arrondie, est percée de plusieurs trous, semblables à ceux dont sont percés les arrosoirs ; & pour l’adresser plus sûrement au lieu qu’il importe de baigner, nous faisons ouvrir la bouche du cheval par le secours d’un pas-d’âne ou autrement, s’il s’agit néanmoins d’humecter les parties qu’elle renferme. Lorsqu’il est question de porter la liqueur dans l’arriere-bouche & au-delà

de la cloison du palais, nous dirigeons notre injection dans les nazeaux, à l’aide d’un syphon percé d’une seule ouverture ; & cette route l’y conduit directement, parce qu’elle enfile les arriere-narines. Cette pratique est sans doute préférable à celle d’introduire des médicamens jusque dans le fond du gosier par le moyen d’un nerf de bœuf, aux risques d’estropier l’animal, & d’augmenter tous les accidens qu’un ignorant s’efforce toujours vainement de combattre.

Au surplus, le choix des matieres à injecter dépend du genre de la maladie ; ainsi il est des gargarismes antiseptiques, antiphlogistiques, résolutifs, rafraîchissans, émolliens, détersifs, consolidans, &c. & l’on doit ne faire entrer dans leur composition aucune chose qui, prise intérieurement, pourroit nuire & préjudicier au cheval. (e)

GARGOUGES, (Art milit.) voyez Cartouches.

GARGOUILLADE, s. f. (Danse. Ce pas est consacré aux entrées de vents, de démons, & des esprits de feu ; il se forme en faisant du côté que l’on veut, une demi-piroüette sur les deux piés. Une des jambes, en s’élevant, forme un tour de jambe en-dehors, & l’autre un tour de jambe en-dedans, presque dans le même tems. Le danseur retombe sur celle des deux jambes qui est partie la premiere, & forme cette demi-piroüette avec l’autre jambe qui reste en l’air. Voyez Tour de jambe.

Ce pas est composé de deux tours. Il est rare qu’on puisse faire ce tour également bien des deux côtés.

Le célebre Dupré faisoit la gargouillade très bien lorsqu’il dansoit les démons ; mais il lui donnoit une moindre élevation que celle qu’on lui donne à-présent : on l’a vûe plus haute & de la plus parfaite prestesse dans le quatrieme acte de Zoroastre.

Mlle Lyonnois qui y dansoit le rôle de la Haine, & qui y figuroit avec le Desespoir, est la premiere danseuse qui ait fait ce pas brillant & difficile.

Dans les autres genres nobles la gargouillade est toûjours déplacée ; & fût-elle extrèmement bien faite, elle dépare un pas, quelque bien composé qu’il puisse être d’ailleurs.

Dans la danse comique on s’en sert avec succès, comme un pas qu’on tourne alors en gaieté ; au lieu qu’il ne sert qu’à peindre la terreur dans les entrées des démons, &c. (B)

GARGOUILLE, s. f. terme d’Architect. c’est un canal rond & étroit que l’on construit entre des murs, pour faciliter l’entrée & la sortie des eaux, lorsque l’on bâtit en des lieux sujets à des inondations, ou qui sert à dégager une terrasse.

Gargouille est aussi à une fontaine ou cascade, un mascaron d’où sort de l’eau. C’est encore, dans un jardin, une petite rigole où l’eau coule de bassin en bassin, & qui sert de décharge. Ce mot peut venir du latin gurgulio, le gosier.

On appelle aussi gargouilles les petites ouvertures-cimaises d’une corniche, par où les eaux qui tombent dessus sa saillie, s’échappent ; & qui auparavant de tomber, s’assemblent dans une goulotte pratiquée sur le talud ou revers d’eau de la corniche, tel qu’il est pratique à celle du pérystile du louvre. Ces gargouilles sont souvent ornées de masques, de têtes d’animaux, & particulierement de mufles de lion. (P)

Gargouille, terme d’Eperonnier, espece d’anneau diversement contourné, qui termine les branches des mors. Communément sa partie la plus basse présente une sorte de plate-forme ronde, legere, & percée dans son milieu d’un trou que l’on nomme l’œil du touret. Ce trou est pratiqué dans la direction de la ligne du banquet, ou parallelement à cette même direction, selon que la branche est droite, hardie ou