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Gardien ; ce titre étoit quelquefois donné au lieu de celui de garde, à certains juges établis par le roi pour la manutention des priviléges accordés à certaines églises, villes, ou autres communautés : par exemple, après l’abolition de la commune de Laon, il y fut établi par le roi un gardien pour rendre la justice, comme il est dit en l’ordonnance de Philippe de Valois du mois de Décembre 1331. (A)

GARDIENS, s. m. pl. (Marine.) matelots gardiens ; ce sont des matelots commis dans un port pour la garde des vaisseaux & pour veiller à la conservation des arsenaux de Marine. On partage les matelots gardiens en trois brigades égales en nombre & force, suivant le rôle qui est arrêté par le capitaine de port ; chaque brigade est conduite par un maître des matelots choisi par le capitaine du port. Sur les vaisseaux du premier rang il doit y avoir huit matelots gardiens ; sur ceux du second rang, six ; sur ceux du troisieme, quatre ; sur ceux du quatrieme & cinquieme, trois ; sur les frégates, brûlots, flûtes, & autres bâtimens, deux ou un, selon le besoin. Dans le nombre des gardiens, il doit y avoir le quart qui soient calfats ou charpentiers ; l’ordonnance de la Marine de 1689 regle tout ce qui concerne les gardiens. (Z)

Gardien de la fosse aux-lions, (Marine.) c’est le matelot qu’on y met de garde pour fournir ce qu’on y demande pour le service du vaisseau. (Z)

GARDIENNE, (Jurispr.) voyez ci-devant Gardien & Garde-gardienne.

GARDIENNERIE, s. f. (Marine.) chambre des canonniers. Voyez Sainte-barbe.

GARDIER, s. m. (Hist. de France.) officier supérieur établi autrefois dans quelques villes du royaume, comme à Lyon, à Vienne, &c. pour faire payer à ceux que le souverain avoit mis sous leur sauvegarde, les impositions dûes pour cela ; pour leur faire rendre justice des vexations qu’on pouvoit exercer contre eux ; pour donner l’investiture des biens mouvans du domaine ; enfin pour connoître par lui-même, ou par ses officiers, des infractions à tous ces égards.

Il falloit que cet emploi fût une dignité de confiance, puisque dauphin ne dédaigna pas d’être gardier dans la ville & cité de Lyon ; & pour le dire en passant, ce Gui dauphin n’est point ce malheureux chevalier templier, brûlé à Paris avec le grand maître Jacques de Molay, comme l’ont écrit la plûpart de nos historiens, Nicole Gille, Paul Emile, Dupleix, Mezerai, le P. Labbe, & M. Dupuy lui-même, sur l’autorité de Villani. Gui dauphin, gardier de Lyon, baron de Montauban, & frere de Jean dauphin de Viennois, étoit le troisieme fils d’Humbert premier, seigneur de la Tour & de Coligni, appellé en 1282 à la souveraineté du Dauphiné. Ce fils Gui fut marié avec Beatrix de Baux, & mourut en 1318. (D. J.)

GARDON, s. m. leucisci species prima, (Hist. nat. Ichthiologie.) poisson de riviere semblable au meunier par la figure des écailles, par le nombre & par la position des nageoires : mais il a la tête plus petite & le corps plus large. Le dos est bleu, la tête verdâtre, & le ventre blanc ; les yeux sont grands, & il n’y a point de dents à la bouche. Ce poisson a la chair molle. Rondelet, hist. des poiss. de riviere, chap. xiij. Voyez Poisson. (I)

GARE, s. m. (Marine.) les mariniers donnent ce nom à des lieux préparés sur une riviere étroite, pour y ranger leurs bateaux lorsqu’ils en rencontrent d’autres qui embarrasseroient la navigation, la riviere n’étant pas assez large pour qu’il en puisse passer deux en même tems sans courir risque de s’endommager. (Z)

GARED, (Géog.) nouvelle petite ville d’Afrique

dans la Barbarie, au royaume de Maroc, dans la province de Suz, remarquable par ses moulins à sucre. Elle a été bâtie par le cherif Abdalla qui regnoit du tems de Marmol. Long. 8. 40. lat. 29. 11. (D. J.)

GARENNE, s. f. (Chasse.) on appelle ainsi tout espace peuplé d’une grande quantité de lapins. Cependant les garennes proprement dites sont enfermées de murs, & par cette raison on les nomme garennes forcées. Celles qui ne sont pas forcées font trop de tort à leur voisinage, pour qu’il dût être permis d’en avoir.

On établit une garenne pour avoir commodément des lapins pour son usage, ou pour les donner à loyer : dans l’un & dans l’autre cas, les intérêts & les soins sont les mêmes.

Une garenne n’est avantageuse qu’autant que les lapins y sont bons, qu’ils y multiplient beaucoup, & que les lapreaux y sont hâtifs. Pour cela, il faut que le terrein soit sec, qu’il produise des herbes fines & odoriférantes, comme le serpolet, &c. & qu’il soit exposé au midi ou au levant. Le lapin est de tous les animaux celui dont la chair garde le mieux le goût des herbes dont il s’est nourri. Une odeur rebutante décele ceux qui ont mangé des choux, & les autres nourritures que la domesticité met dans le cas de leur donner. L’eau ne vaut rien non plus pour les lapins. Les prés humides, ceux où l’herbe se charge d’une grande quantité de rosée, leur donnent une constitution mal-saine & un goût déplaisant. Il faut donc pour asseoir une garenne, choisir un lieu élevé. L’exposition que nous avons indiquée n’est pas moins nécessaire pour avancer la chaleur des bouquins & la fécondation des hazes.

Une garenne n’étant bonne qu’autant qu’elle est hâtive, il s’ensuit que tous les soins du propriétaire ou du fermier doivent concourir à la rendre telle. Pour cela, il faut qu’elle ne contienne qu’une quantité de lapins proportionnée à son étendue, qu’ils y soient bien nourris pendant l’hyver, & qu’il n’y reste que le nombre de bouquins nécessaire. Il ne faut pas moins que de deux à trois arpens pour une centaine de lapins de fond : ainsi dans une garenne de cent arpens, il n’en faudra jamais laisser pendant l’hyver plus de quatre mille. Malgré cet espace il faudra les nourrir un peu pendant les gelées, & beaucoup lorsque l’herbe sera couverte de neige ou de givre. Si les lapins manquent de nourriture pendant trois ou quatre jours, ils maigriront à l’excès ; & la premiere portée, qui est à tous égards la plus avantageuse, en sera considérablement retardée. Le meilleur fourrage qu’on puisse leur donner, c’est le regain de luserne, ou celui de trefle : on peut aussi leur jetter des branches de saule & de tremble, dont l’écorce leur plaît & les nourrit bien.

Pour ne rien perdre du fourrage, qui souvent est assez cher, on peut le leur donner sur de petits rateliers faits en forme de berceau comme ceux des bergeries, & élevés d’un demi pié. On les place à portée des terriers. On peut les couvrir aussi d’un petit toît de planches, pour garantir l’herbe de la pluie & de la neige. La faim y accoûtume les lapins en peu de jours. Il ne faut d’abord que les affriander ; & lorsqu’il ne reste rien aux rateliers, on augmente peu-à-peu.

Pour joüir des lapins ou en ôter le superflu, il y a trois moyens ; le fusil, les panneaux, & les furets. Le premier est infidele & dangereux ; on tue quelquefois des hazes ; & d’ailleurs pour peu qu’un lapin qui a été tiré ait encore de vie, il rentre au terrier, y meurt & l’infecte. Les garenniers intelligens ne laissent tirer dans leurs garennes qu’avec beaucoup de précautions : cependant depuis les premiers lapreaux jusqu’à la fin de Juillet, il est difficile de s’en dispenser : mais dès qu’on le peut, il vaut mieux recourir aux panneaux &