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ner issue à la matiere obstruante, lorsqu’elle ne peut pas être atténuée, reprendre sa fluidité & son cours, & qu’elle ne peut être tirée autrement des vaisseaux où elle est retenue, ainsi qu’il arrive dans la péripneumonie, où les crachats sanglans dégagent par cette évacuation forcée la partie enflammée. Il ne peut arriver rien de semblable dans le foie, à l’égard de la plûpart des humeurs qui sont portées dans sa substance, à cause de la lenteur avec laquelle elles coulent, & du peu de mouvement excédent qui peut leur être communiqué ; en un mot à cause de la disposition dominante qui se trouve dans les solides & dans les fluides à favoriser la formation des obstructions, à les laisser subsister, & à les augmenter par tout ce qui est le plus propre à cet effet. Voyez Obstruction.

Il n’y a donc d’autre moyen à tenter, pour parvenir à détruire ces causes morbifiques, que celui de faire naître un petit mouvement de fievre dans toute la machine, qui puisse atténuer les humeurs portées au foie, & les disposer pour ainsi dire à détremper, à pénétrer les humeurs stagnantes, à les ébranler, & à les emporter dans ce torrent de la circulation : c’est donc une méthode bien pernicieuse & bien contraire, que de traiter ce genre de maladie avec le quinquina, puisqu’il tend à supprimer la fievre, qui est le principal agent que la nature & l’art puissent employer pour dissiper les obstructions du foie ; mais les effets de la fievre peuvent être considérablement aidés par l’usage du petit-lait & de tous autres médicamens liquides atténuans, qui soient susceptibles d’être poussés du canal intestinal dans les veines mésentériques, & portés de-là au foie, ce qui est la voie la plus courte, sans passer le grand chemin du cours des humeurs ; afin qu’ils parviennent à leur destination avant d’avoir perdu leurs propriétés, leurs forces. C’est par ces raisons qu’on peut utilement employer dans ces cas la décoction de chiendent, des bois legerement sudorifiques ou incisifs, sur-tout les eaux minérales dites acidules, tous ces médicamens en grande quantité : ce sont presque les seuls qui conviennent aux embarras du foie, & qui ne nuisent pas, s’ils ne peuvent pas être utiles ; mais il faut en accompagner l’usage d’un exercice modéré, de l’équitation, des promenades, des voyages en voiture.

Voilà sommairement tout ce qu’on peut dire de la cure des principales maladies propres au foie, qui ont presque toutes cela de commun, d’être causées par des obstructions de ce viscere ; il n’y a que le différent siége de ces obstructions dans ses différentes parties, qui fait varier les symptomes & la dénomination de ces maladies, dont la nature de cet ouvrage ne permettroit pas de donner ici une histoire théorique & pratique plus étendue, sans s’exposer à des répétitions dans les articles particuliers où il en est traité, auxquels il a été renvoyé. Voyez aussi Mélancolie, Hypochondriaque. (Passion.)

Quant aux auteurs qui ont traité de la physiologie & de la pathologie du foie, de ses maladies & de leur cure, d’une maniere qui ne laisse rien à desirer, voyez entr’autres les œuvres de Bonh, celles d’Hoffman, passim, & sur-tout sa dissertation de bile medicinâ & veneno corporis : les œuvres de Boerhaave, instit. comment. Haller, de actione hepatis, de actione bilis utriusque, & aphor. de cognoscendis & curandis morbis : Comment. Wanswieten, t. III. de hepatitide & ictero multiplici. Voyez encore les essais de Physique sur l’anatomie d’Heister, au chap. de l’action du foie. (d)

Foie des Animaux, (Diete & Mat. méd.) est un aliment généralement reconnu pour mal sain & difficile à digérer : ce reproche tombe principalement sur le foie des gros animaux, bœuf, veau, mouton,

cochon ; ceux des canards, oies, poulardes, pigeons, & autres volailles engraissées, appellés dans nos cuisines foies gras, sont un aliment de moins difficile digestion, dont il faut cependant interdire l’usage aux convalescens & à ceux qui ont l’estomac mauvais. Les gens qui se portent bien se priveroient sur une crainte frivole d’un aliment très-agréable au goût, en renonçant aux foies, & sur-tout aux foies gras. Les séveres lois de la diete sur le choix des alimens, ne sont pas faites pour eux ; ils se conduiront assez médicinalement, s’ils obéissent à un seul de ses préceptes, au précepte majeur : premier, universel, à celui de la sobriété. Voyez Régime. (b)

Foie de Soufre, (Chimie.) Voyez Soufre.

Foie d’Antimoine, (Chimie.) Voyez Antimoine.

Foie d’Arsenic, (Chimie.) Voyez Orpiment.

FOIER, voyez Foyer.

FOIN, s. m. (Jardinage.) ce terme exprime toute l’herbe qui couvre une prairie. On dit, une piece de foin, un arpent de soin : mais à proprement parler, on entend par le mot de foin, l’herbe seche qui sert de nourriture aux bestiaux. (K)

Foin, (Manége. Maréchall.) aliment ordinaire du cheval : la quantité en est nuisible à l’animal, principalement aux vieux chevaux, qu’elle conduit à la pousse. On doit faire une attention exacte à la qualité du foin ; elle varie selon la situation & la nature du terrein & des prés où on l’a cueilli. Le foin vasé, le foin nouveau, le foin trop gros, le foin pourri, &c. ne peut être que pernicieux au cheval. Voyez Fourrage. (e)

Foins, (Chasse.) La conservation d’une certaine espece de gibier, a occasionné sur la fenaison un réglement qui n’a rien d’injuste, si l’on dédommage les particuliers toutes les fois qu’il leur est nuisible. Il est défendu à toutes personnes ayant iles, prés, & bourgognes sans clôture dans l’étendue des capitaineries de Saint-Germain-en-Laye. Fontainebleau, Vincennes, Livry, Compiegne, Chambort, & Varenne du Louvre, de les faire faucher avant le jour de Saint-Jean-Baptiste, à peine de confiscation & d’amende arbitraire.

FOIRE, s. f. (Comm. & Politiq.) ce mot qui vient de forum, place publique, a été dans son origine synonyme de celui de marché, & l’est encore à certains égards : l’un & l’autre signifient un concours de marchands & d’acheteurs ; dans des lieux & des tems marqués ; mais le mot de foire paroît présenter l’idée d’un concours plus nombreux, plus solennel, & par conséquent plus rare. Cette différence qui frappe au premier coup-d’œil, paroît être celle qui détermine ordinairement dans l’usage l’application de ces deux mots ; mais elle provient elle-même d’une autre différence plus cachée, & pour ainsi dire plus radicale entre ces deux choses. Nous allons la développer.

Il est évident que les marchands & les acheteurs ne peuvent se rassembler dans certains tems & dans certains lieux, sans un attrait, un intérêt, qui compense ou même qui surpasse les frais du voyage & du transport des denrées ; sans cet attrait, chacun resteroit chez soi : plus il sera considérable, plus les denrées supporteront de longs transports, plus le concours des marchands & des acheteurs sera nombreux & solennel, plus le district dont ce concours est le centre, pourra être étendu. Le cours naturel du commerce suffit pour former ce concours, & pour l’augmenter jusqu’à un certain point. La concurrence des vendeurs limite le prix des denrées, & le prix des denrées limite à son tour le nombre des vendeurs : en effet, tout commerce devant nourrir celui qui l’entreprend, il faut bien que le nombre des ventes dédommage le marchand de la