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cessaires à la cérémonie ; convient les parens & les amis, ou par billets ou de vive voix ; qu’on expose ensuite le défunt, ou dans une chambre ardente, ou à sa porte dans un cercueil ; que le clergé vient enlever le corps, & le conduit à l’église, suivi de ses parens, amis, &c. & qu’après plusieurs aspersions, & le chant des prieres & pseaumes convenables à cet acte de religion, on l’inhume ou dans l’église même ou dans le cimetiere.

Les funérailles des grands, des princes, & des rois, sont accompagnés de plus de pompe : après qu’on les a embaumés & déposés dans un cercueil de plomb, on les expose pendant plusieurs jours sur un lit de parade, dans une salle tendue de noir & illuminée, où des prêtres & des religieux récitent des prieres jour & nuit ; les cours souveraines, les communautés religieuses, & autres corps, viennent leur jetter de l’eau benite ; & au jour marqué, on les transporte au lieu de leur sépulture, dans un char drapé de noir, avec leurs armoiries, & attelé de chevaux caparaçonnés de noir, grand nombre de pauvres & de domestiques portans des flambeaux : ces cérémonies sont accompagnées de discours pour remettre le corps & le recevoir, suivies à quelque tems de-là de services solennels & d’oraisons funebres. On y porte ordinairement les marques de la dignité du défunt ; comme la couronne ducale, &c. ce sont des officiers ou gentilshommes qui sont chargés de ces fonctions ; & aux funérailles des rois, elles sont remplies par les grands officiers de la couronne.

Parmi les Protestans, on a retranché la plûpart des cérémonies de l’Eglise romaine ; les aspersions ; croix, luminaire, &c. Pour l’inhumation d’un particulier, le ministre le conduit au lieu de sa sépulture ; & lorsqu’on l’a mis en terre, il adresse ces paroles au cadavre : dors en paix, jusqu’à ce que le seigneur te réveille. Celles des rois & des princes se font avec le cérémonial attaché à leurs dignités, & d’usage différent selon les divers pays. (G)

FUNÉRAIRE, (sacrifice) Antiquité. les Romains avoient coûtume d’offrir aux dieux des sacrifices sanglans ou non-sanglans, à la mort de leurs parens & de leurs amis ; l’Histoire en fait mention, & les monumens qui représentent en sculpture ou en gravure, ces marques de la piété & de la tendresse des vivans envers les morts, ne sont pas rares dans les cabinets des Curieux. Le Roi de France possede une agathe onyx, dont la gravûre peut en augmenter le nombre : on y voit sous le toît d’un bâtiment rustique, & tel qu’on les construisoit dans l’enfance de l’Architecture, une femme une vis-à-vis d’un autel, sur lequel est allumé le feu sacré. Elle paroît occupée d’un sacrifice qu’elle offre aux dieux infernaux, avant que de placer dans la tombe l’urne qu’elle porte, & qui sans doute est remplie des cendres de quelqu’un qu’elle a aimé. Derriere elle, est posé sur une colonne un vase rempli de fleurs ; car c’étoit une pratique usitée, & même une pratique religieuse, d’en répandre sur les tombeaux : purpureos spargam flores, dit Virgile, au sujet de la mort de Marcellus ; & saltem fungar inani munere. (D. J.)

Funéraires, frais, (Jurisprud.) voyez ci-devant Frais funéraires.

* FUNERE, s. f. (Hist. anc.) nom que les Romains donnoient dans les cérémonies funebres à la plus proche parente du mort. Celle-ci renfermée dans la maison avec les autres parentes faisoit les lamentations & les regrets usités en pareille occasion ; une autre appellée præfica, qui n’étoit pas parente, mais pleureuse publique de son métier, s’acquittoit du même devoir dans la rue.

* FUNESTE, adj. (Gramm.) qui porte malheur ; comme on voit dans ces exemples, une guerre funeste,

un conseil funeste ; il signifie aussi qui menace d’un malheur, ou qui l’annonce, ainsi que dans cette phrase, il a quelque chose de funeste dans le regard. On appelle jours funestes, ceux qui sont marqués de quelques grands malheurs ; les hommes redoutent le retour de ces jours comme s’ils devoient ramener avec eux les mêmes malheurs. Mais, s’ils connoissoient mieux l’histoire du monde, ils ne trouveroient peut-être pas dans tout le cours d’une année, un seul moment qui ne fût marqué par plusieurs grands accidens, & ils s’accorderoient à ne regarder aucun jour ou à regarder tous les jours comme funestes.

FUNEURS, (Marine.) voyez Agréeurs.

FUNG, (Géog.) ville de la Chine, dans la province de Nankin. Le P. Martini lui donne 35d 20′ de lat. & le fait de 35d plus orientale que Peking. (D. J.)

FUNG-GYANG, (Géog.) ville de la Chine, dans la province de Xansi, remarquable par la naissance de Chu, qui de simple prêtre, devint empereur de la Chine. Long. 134d 10′. latit. 35d 20′, suivant le P. Martini. (D. J.)

FUNGIFER LAPIS, (Hist. nat.) quelques auteurs ont donné ce nom à une pierre, qui suivant Gesner, se trouve dans le royaume de Naples, & en d’autres endroits de l’Italie. Cette pierre a, dit-on, la propriété de produire des champignons au bout de quatre jours, pourvû qu’elle ait été couverte de terre, & arrosée d’eau tiede. Voyez Boetius de Boot, lib. II. Cette pierre est, dit-on, une espece de tophus, dont le tissu est très-spongieux ; la propriété qu’elle a de produire des champignons vient, suivant les apparences, de ce que des graines de cette plante se sont logées dans les cavités dont elle est remplie, que la terre & l’eau tiede servent à développer. (—)

FUNGITES, (Hist. nat.) nom qui a été donné par les Naturalistes à une espece de corail ou de concrétion marine qui ressemble à un champignon ; c’est ce qui lui a fait donner le nom qu’elle porte. La forme en est ordinairement conique, garnie de sillons à la surface, & plus évasée par une extrémité. La pierre à bâtir connue à Paris sous le nom de pierre de Verberie, contient beaucoup de fungites, il y en a plusieurs variétés. Les Naturalistes leur ont donné plusieurs noms différens, & les ont appellés coralloides undulati, kymatitæ, astroitæ undulati, columelli, undulago, fungitæ, &c. Voyez la Minéralogie de Wallerius, tome II. pages 37 & 41, & l’article Champignon de mer. Il y a encore une pierre que les anciens ont nommée fungites ou fongites, que l’on prétend se trouver en Perse, & avoir une couleur de feu, suivant les uns, & celle du crystal de roche, suivant d’autres ; c’est tout ce qu’on en sait. On lui a attribué la qualité d’appaiser les douleurs quand on la porte à la main gauche. Voyez Boetius de Boot. (—)

FUNGMA, (Géog.) île d’Asie, au sud du royaume de Corée, à l’E. de l’embouchure de la riviere Jaune, & à l’O. de Firando, île du Japon. Les tables hollandoises donnent à la pointe occidentale de Fungma 146d 15′ de long. & 34d 30′ de lat. M. de Lisle retranche les 30 minutes de lat. dans sa carte des Indes & de la Chine, & remarque que cette île s’appelle aussi Guelpaerts. (D. J.)

FUNGOIDASTER, s. m. (Hist. nat. bot.) genre de plantes qui ont une tête comme le champignon, dont elles different en ce que leur chapiteau est lisse par-dessus & par-dessous, & que les semences sont attachées dans quelques especes sur la surface supérieure, & dans d’autres sur l’inférieure. Nova plantar. amer. gener. &c. par M. Micheli. (I)