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souvent inefficaces, il se détermina en faveur des fumigations faites sur la partie malade ; elles procurerent une salivation très-médiocre, mais beaucoup d’évacuations par les selles, les sueurs, & les urines ; la tumeur & la douleur diminuerent de jour en jour, & enfin la malade fut parfaitement rétablie au bout de deux mois au moyen de vingt fumigations, des purgatifs, & de l’usage du lait. On peut lire le détail de cette cure dans le mercure de France, mois de Décembre 1746.

La fig. 12. Pl. VII. chirur. représente un entonnoir pour recevoir les fumigations dans le vagin. (Y)

FUMISTE, s. m. (Arts méc.) On appelle ainsi celui qui empêche ou qui prétend empêcher les cheminées de fumer. Sur quoi voyez l’article Cheminée.

FUNAMBULE, danseur de corde. Voyez Scenobate.

FUNCHAL, (Géog.) ville de l’Océan atlantique, vers les côtes de Barbarie, capitale de l’île de Madere, sous la domination du roi de Portugal, avec un évêché suffragant de Lisbonne, un port & plusieurs forts. Le P. Biet qui y passa en 1652, l’appelle Fonsaie, & la décrit dans son voyage de la terre équinoctiale. Son commerce consiste en confitures & en vins. Lon. suivant le P. Laval jésuite, 2d 55′ 15″. lat. 32d 37′ 53″. (D. J.)

* FUNEBRE, (Gramm.) qui appartient aux funérailles. Ainsi l’on dit, pompe funebre, oraison funebre, jeux funebres.

Les jeux funebres consistoient en des processions & des combats de gladiateurs, que l’on donnoit autour du bûcher. Voyez Gladiateur, Funérailles.

Funebre, (Colonne) Architect. antiq. c’étoit une colonne surmontée d’une urne, dans laquelle on supposoit enfermées les cendres de quelque mort. Le fût de cette colonne étoit parsemé de larmes & de flammes, qui sont les symboles de la Tristesse & de l’Immortalité. Rien ne convenoit mieux au témoignage de la douleur & du sentiment. (D. J.)

FUNEN ou FUYNEN, (Géog.) en latin Finnia, île considérable de Danemark, d’une figure presque ronde, dans la mer Baltique, entre l’île de Zéland dont elle est séparée à l’est par le grand Belt, & le sud-Jutland, dont elle est aussi séparée à l’oüest par le petit Belt. Cette ile est fort peuplée, abondante en grains, en pâturages, en chevaux très-estimés, & elle est l’apanage du fils aîné du roi de Danemark. Odensée en est la capitale. Long. 27d. 26-28. 40. lat. 55d 6-50. (D. J.)

FUNER un mât, (Marine.) c’est garnir le mât de son étai, de ses haubans, & de sa manœuvre. Le défuner, c’est les ôter. Quand par de gros tems on veut mettre bas les mâts de hune ou le perroquet, il faut les défuner. (Z)

FUNÉRAILLES, s. m. pl. (Hist. anc.) ce mot est dérivé du latin funus, & celui-ci de funalia ; parce que les torches (funes cerâ circumdati) étoient d’usage dans les enterremens des Romains.

Les funérailles sont les derniers devoirs que l’on rend à ceux qui sont morts, ou, pour mieux dire, c’est un appareil de la vanité & de la misere humaine. Voyons quelles étoient les cérémonies de cet appareil chez les Egyptiens, les Grecs, & les Romains ; car l’histoire en parle si souvent, qu’il est nécessaire d’entrer dans quelques détails à ce sujet.

Funérailles des Egyptiens. Les Egyptiens sont les premiers de tous les peuples qui ont montré le plus grand respect pour les morts, en leur érigeant des monumens sacrés, propres à porter aux siecles futurs la mémoire des vertus qu’ils avoient cultivées pendant leur vie. Voici comme on se conduisoit pour les particuliers.

Quand quelqu’un étoit mort dans une famille, les parens & les amis commençoient par prendre des

habits lugubres, s’abstenoient du bain, & se privoient de tous les plaisirs de la bonne-chere. Ce deuil duroit jusqu’à quarante & soixante-dix jours Pendant ce tems-là on embaumoit le corps avec plus ou moins de dépense. Dès que le corps étoit embaumé, on le rendoit aux parens qui l’enfermoient dans une espece d’armoire ouverte, où ils le plaçoient debout & droit contre la muraille, soit dans leur maisons, soit dans les tombeaux de la famille. C’est par ce moyen que la reconnoissance des Egyptiens envers leurs parens se perpétuoit d’âge en âge. Les enfans en voyant le corps de leurs ancêtres, se souvenoient de leurs vertus que le public avoit reconnues, & s’excitoient à aimer les préceptes qu’ils leur avoient laissés. J’ai dit des vertus que le public avoit reconnues ; parce que les morts avant d’être admis dans l’asyle sacré des tombeaux, devoient subir un jugement solennel ; & cette circonstance des funérailles chez les Egyptiens, offre un fait des plus remarquables de l’histoire de ce peuple.

C’est une consolation en mourant de laisser un nom qui soit en estime ; & de tous les biens humains, c’est le seul que le trépas ne peut ravir : mais il falloit en Egypte mériter cet honneur par la décision des juges : car aussi-tôt qu’un homme étoit privé du jour, on l’amenoit en jugement, & tout accusateur public étoit écouté. S’il prouvoit que la conduite du mort eût été mauvaise, on en condamnoit la mémoire, & il étoit privé de la sépulture ; si le mort n’étoit convaincu d’aucune faute capitale, ou l’ensevelissoit honorablement.

Les rois n’étoient pas exempts du jugement qu’il falloit subir après la mort ; & en conséquence d’un jugement défavorable, quelques-uns ont été privés de la sépulture ; coûtume qui passa chez les Israélites. En effet nous lisons dans l’Ecriture-sainte, que les méchans rois d’Israel n’étoient point ensevelis dans les tombeaux de leurs ancêtres.

Lorsque le jugement qui avoit été prononcé se trouvoit à l’avantage du mort, on procédoit aux cérémonies de l’inhumation ; ensuite on faisoit son panégyrique, & où on ne comptoit pour objets de vraies loüanges, que ceux qui émanoient du mérite personnel du mort. Les titres, la grandeur, la naissance, les biens, les dignités, n’y entroient pour rien ; parce que ce sont des présens du hasard & de la fortune : mais on loüoit le mort de ce qu’il avoit cultive la piété à l’égard des dieux, la justice envers ses égaux, & toutes les vertus qui font l’homme de bien ; alors l’assemblée prioit les dieux de recevoir de mort dans la compagnie des justes, & de l’associer à leur bonheur.

Funérailles des Grecs. Nous passons aux funérailles des Grecs qui suivirent l’usage de la république d’Athenes. Ce fut la premiere année de la guerre du Péloponese, que les Athéniens firent des funérailles publiques à ceux qui avoient été tués dans cette campagne, & ils pratiquerent depuis cette cérémonie, tant que la guerre subsista. Pour cela on dressoit, trois jours auparavant, une tente, où l’on exposoit les ossemens des morts, & chacun jettoit sur les ossemens des fleurs, de l’encens, des parfums & autres choses semblables ; puis on les mettoit sur des chariots dans des cercueils de cyprès, chaque tribu ayant son cercueil & son chariot séparé ; mais il y avoit un chariot qui portoit un grand cercueil vuide, pour ceux dont on n’avoit pû trouver les corps : c’est ce qu’on appelloit cénotaphe. La marche se faisoit avec une pompe grave & religieuse ; un grand nombre d’habitans, soit citoyens, soit étrangers, assistoit avec les parens à cette lugubre cérémonie. On portoit ces ossemens dans un monument public, au plus beau fauxbourg de la ville, appellé le céramique, ou l’on renfermoit de tout tems ceux qui étoient morts