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qui ne peuvent servir de nourriture au feu, telles que les vapeurs, les sels, & la terre ; il est nécessaire que la fumée puisse se dissiper librement, pour que le feu subsiste. Voyez Feu, & l’essai de Physique de Musschenbroek, ch. xxvj. Voyez aussi Cheminée. (O)

Fumée, (Médecine.) Voyez Vapeurs.

Fumée, (Vénerie.) on prend des lapins à la fumée du soufre.

Fumées sont les fientes des bêtes fauves, & l’on en remarque de trois sortes ; fumées formées, fumées en troches, & fumées en plateaux.

En Avril & Mai, les fumées sont en plateaux ; en Juin & jusque vers la mi-Juillet, elles sont en troches ; & depuis la mi-Juillet jusqu’à la fin d’Août, elles sont formées en nœud.

FUMER, voyez Fumée.

Fumer, (Chimie. Métallurgie.) faire fumer l’antimoine ; c’est fondre un régule d’antimoine tenant de l’or, & l’élever en fleur par le vent d’un soufflet. Dans la purification de l’or par l’antimoine, on se sert d’un creuset qu’on place au fourneau de fusion : ce demi-métal fondu se dissipe assez par l’action de l’air & du feu ; mais beaucoup plus vite, quand on y joint le vent d’un soufflet à main. L’artiste lui adapte pour lors un tuyau courbe, afin de n’être pas obligé d’avoir les bras continuellement levés, & de n’être pas incommodé par la chaleur. Il est aisé de concevoir que cette opération doit se faire à l’air libre, & que le bain doit être bien liquide. Au défaut d’un fourneau de fusion, on a recours à la forge, dont on anime le feu avec le gros soufflet, indépendamment du soufflet à main, dont on dirige toûjours le vent sur le bain. Au lieu d’un creuset, on peut encore employer un bon scorificatoire à fond plat, & l’opération en va plus vîte, parce que le bain a plus de contact avec l’air, en conséquence de sa plus grande étendue : mais la perte de l’or est plus considérable, surtout quand il est joint à une grande quantité d’antimoine. C’est ainsi qu’on sépare ce demi-métal de l’or : mais il n’est pas possible de dissiper le reste de la partie réguline, qu’en tenant le mélange long-tems dans un scorificatoire sur un feu vif, & le soufflant fortement ; à moins qu’on n’ait recours à la cémentation, ou qu’on ne fonde l’or avec le nitre & le borax. Cramer. Si on étoit tenté de retenir les fleurs d’antimoine, pour savoir si elles contiennent de l’or. on pourroit avoir recours à un appareil que donne Libavius, part. I. lib. III. pag. 279. Il consiste en un vaisseau elliptique, à chaque sommet duquel il y a un tuyau, l’un pour recevoir celui du soufflet, & l’autre pour conduire les fleurs dans un grand pot de terre placé à côté du fourneau. Ce pot est fermé d’un couvercle ; & le vaisseau elliptique qu’on couche dans le fourneau de fusion, a aussi une ouverture qu’on ferme encore exactement sans doute : on met des charbons ardens dessus & dessous. Libavius croit trouver des vestiges de la description de ce vaisseau dans Dioscoride : mais reste à savoir si cet appareil peut aller ; & s’il ne faut point quelque issue au pot de terre qui reçoit les fleurs, pour le jeu de l’air. Si l’on veut savoir en quel état est cette chaux d’antimoine, on peut consulter la section antimoine diaphorétique, à l’article Fondant de Rotrou. Voyez Or, Affinage, Purification, Précipitation, & Antimoine. Article de M. de Villiers.

Fumer (Chimie. Métallurgie.) se dit en ce sens, faire fumer une coupelle, ou l’évaporer. Voyez Essai & Évaporer.

Fumer, (Jardin.) c’est engraisser les terres. Voy. Engrais.

Fumer, Boucaner, Soreter, Sorire, des harengs, sardines, &c. termes synonymes de Pêche. Voyez Sorrer.

FUMET, s. m. (Vénerie & Cuisine.) vapeur particuliere qui s’exhale de l’animal crud ou cuit, & qui désigne sa bonté, à l’odorat du connoisseur en gibier.

FUMETERRE, s. f. fumaria, (Hist. nat. bot.) genre de plante à fleurs polypétales, anomales, ressemblantes aux fleurs légumineuses, & composées de deux pétales qui ont en quelque façon la forme de deux levres ; celle du dessus est terminée par une sorte de queue, & est unie à la levre du dessous, à l’endroit du pédicule. Le pistil est enveloppé d’une gaine & situé entre ces deux levres, comme une sorte de langue ; il devient dans la suite un fruit membraneux, qui est plus ou moins alongé, & qui renferme une semence arrondie. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

On compte dix à douze especes de fumeterre, entre lesquelles il suffira de décrire ici la principale fumaria vulgaris offic. C. Bauh. pinac. 143. Tournef. inst. 422. Boerh. ind. A. 308. Park. 287. J. Bauh. 3. 201. Ray, hist. 405. synop. 3. 204.

Sa racine est menue, blanche, peu fibreuse, plongée perpendiculairement dans la terre : sa tige, ou ses tiges, sont partagées en plusieurs branches anguleuses, creuses, lisses, de couleur en partie purpurine & en partie d’un blanc verdâtre ; ses feuilles inférieures sont alternes, portées sur de longues queues, un peu larges & anguleuses, d’un verd de mer, & finement découpées, comme les feuilles de quelques plantes à fleur en parassol. Ses fleurs sont ramassées en un épi qui ne sort pas de l’aisselle des feuilles, mais du côté opposé ; elles sont petites, oblongues, de plusieurs pieces irrégulieres, semblables aux fleurs légumineuses. Elles sont composées seulement de deux feuilles, qui forment une maniere de gueule à deux mâchoires, dont la supérieure finit en derriere par une queue, & l’inférieure est articulée avec elle dans l’endroit où l’une & l’autre tiennent au pédicule. On trouve dans le palais qui est le creux d’entre les deux mâchoires, un pistil enveloppé d’une gaine, & accompagné de quelques étamines garnies de sommets. A chaque fleur succede un fruit membraneux, arrondi, qui renferme une très-petite graine ronde, d’un verd foncé, d’une saveur amere & desagréable. Cette plante vient naturellement dans les champs, les terres labourées, & dans les endroits cultivés. Elle fleurit en Mai, & est toute d’usage, sur tout lorsqu’elle est fleurie. Voyez Fumeterre, (Mat. med.) (D. J.)

Fumeterre, (Pharmacie. Mat. med.) cette plante est une de celles qui sont appellées ameres par excellence. La fumeterre fraîche entre dans les infusions, les décoctions, & les bouillons appellés amers : on en exprime le suc, que l’on clarifie par ébullition ou par défécation. Voyez Suc.

On tient aussi dans les boutiques l’extrait de cette plante, qui se prépare en faisant évaporer au bain-marie le suc exprimé & clarifié jusqu’à la consistance requise. Voyez Extrait.

La fumeterre est une plante à laquelle on attribue de grandes vertus ; elle est recommandée dans les obstructions, dans la rétention des regles & des urines ; elle passe pour fortifier l’estomac & les visceres ; elle est presque toûjours un des ingrédiens des remedes qu’on prescrit dans la cachexie, les maladies chroniques, hypochondriaques, scorbutiques, la mélancolie, la jaunisse, &c. Riviere & Etmuller la recommandent beaucoup dans la cachexie & la mélancolie.

Cette plante est vantée comme un spécifique pour guérir la gale, même la plus invétérée : on en fait infuser une poignée dans du petit lait, qu’on fait prendre au malade ; ou bien on en donne le suc exprimé & clarifié, à la dose de 2, 3, 4 onces : elle procure de très-bons effets dans toutes les maladies de