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universelle, elle prend le nom de déroute : une déroute est donc l’état d’une armée dont tous les membres ont abandonné le poste qu’ils devoient occuper, & dont les soldats dispersés ne peuvent plus se rallier.

Exemple. Dans le moment où les soldats prennent la fuite, la fermeté de leurs officiers peut les arrêter, dissiper leur frayeur, & les faire revenir au combat. Quand ils ont abandonné leurs camarades & leurs drapeaux ; que tous sont occupés du seul intérêt de leur conservation particuliere, on dit que l’armée est en déroute ; & rien alors ne la peut sauver, à-moins qu’un obstacle insurmontable ne l’arrête malgré elle, & ne la force à se rassembler avant qu’elle ait été jointe par son ennemi. Voyez l’art. Fuyards. Article de M. Liebault.

Fuite, (Jurisprud.) en termes de Palais, signifie un détour employé par une partie ou par son procureur, pour éloigner le jugement ; comme quand on affecte de demander des copies ou communication de pieces que l’on connoît bien. Ces fuites sont des chicanes très-odieuses. (A)

FULA, (Hist. nat. bot.) plante très-aromatique qui croît en Chine sur le bord de quelques rivieres ; elle porte des fleurs jaunes comme du safran qui ont l’odeur du musc, & qui ressemblent à des tulipes. La racine est noire & fort grosse ; il en part une forte tige de trois à quatre piés de hauteur ; la feuille ressemble assez à celle de la vigne. Hubner, dictionn. univers.

* FULGORA, s. f. (Myth.) divinité qui présidoit aux éclairs, aux foudres, & aux tonnerres ; Seneque en fait une veuve : il ne faut pas la confondre avec Jupiter, qu’on invoquoit sous le nom de fulgur ou de Jupiter éclair.

FULGURATION, s. f. fulmen, coruscatio. (Chimie. Métallurgie.) Voyez Éclair, Affinage, & Essai.

* FULGURITE, fulguritum, (Hist. anc.) c’est ainsi que les Latins appelloient les lieux ou les objets frappés de la foudre, quasi fulgure ictum, ; ils étoient sacrés par accident : on ne pouvoit plus les employer à des usages profanes. On y élevoit un autel sur lequel on sacrifioit des brebis de deux ans, ce qui faisoit encore appeller le lieu frappé de la foudre, du nom de bidental. Les grecs plaçoient sur cet autel une urne ouverte dans laquelle ils renfermoient les restes des choses que la foudre avoit noircies ou brûlées ; coûtume que les Romains adopterent : les augures étoient chargés de cette fonction. Quant à la purification des arbres foudroyés, elle étoit commise à des hommes particuliers connus sous le nom de strufertarii. On ne brûloit point à l’ordinaire les corps de ceux qui avoient péri par la foudre. La loi de Numa ordonnoit qu’ils fussent enterrés sur le lieu même de l’accident : fouler aux piés leur sépulture, étoit sinon un crime, du-moins un acte irreligieux pour lequel il y avoit des expiations & lustrations prescrites. Voyez Expiation & Lustration.

FULIGINEUX, adj. (Phys.) épithete qu’on donne à une fumée ou vapeur épaisse remplie de suie ou autre matiere crasse. Voyez Fumée, Suie, & Vapeur.

Ce mot vient du latin fuligo, suie ; on l’employe rarement sans le joindre à vapeur.

Dès que les métaux se mettent en fusion, il s’en éleve beaucoup de vapeurs fuligineuses, qui étant retenues & ramassées, forment ce que nous appellons litharge.

Le noir de fumée est ce qu’on ramasse des vapeurs fuligineuses qui s’élevent des substances résineuses qu’on brûle. Voyez Noir de Fumée. Chambers.

Fuligineux, adj. (Méd.) est une épithete employée par les anciens pour désigner certaines humeurs subtiles qu’ils imaginoient pouvoir être por-

tées sous forme de fumée, de vapeurs, des visceres des hypochondres au cerveau. Voyez Passion hypochondriaque, Hystérique, Vapeur, (d)

FULMINATION, s. f. (Chimie.) c’est l’action d’un corps qui en conséquence de la chaleur qu’on lui applique, s’écarte rapidement & avec fracas, & qui est capable de l’imprimer à ceux qu’il rencontre ; ce qu’on appelle explosion : telle est l’action de l’or fulminant, de la poudre fulminante, de la poudre à canon, &c. La fulmination ne differe donc de la détonation qu’en degré de force ; c’est une détonation portée à l’excès, soit par la nature du corps même qui détonne, soit par sa quantité ou par les obstacles qu’il rencontre ; toutes causes capables de changer l’une en l’autre. Ainsi le mélange qui fait les flux noir & blanc, détonne simplement ; de même que celui qui constitue la poudre à canon, pourvû toutefois que cette poudre soit en petite quantité & à l’air libre. Mais la poudre fulminante & l’or fulminant ne détonnent pas simplement ; en sorte que c’est à juste titre qu’on les a qualifiés de la sorte. Lefevre a confondu mal-à-propos la fulmination avec la fulguration, outre qu’il en donne une définition fausse dans tous ses points. Voyez Or fulminant, Poudre fulminante, Poudre à Canon, Détonation, Vapeurs, Expansion. Article de M. de Villiers.

Fulmination, (Jurisprud.) est une sentence d’un évêque ou d’un official ou autre ecclésiastique qui est délégué par le pape à cet effet ; laquelle sentence homologue, c’est-à-dire ordonne l’exécution de quelques bulles, dispenses, ou autres rescrits de cour de Rome.

La fulmination de ces sortes d’actes doit être faite dans le diocèse où l’on veut s’en servir.

Celle des bulles des évêques, abbés, & abbesses, des dispenses de mariage, des signatures portant dispense d’irrégularité des rescrits de réclamation de vœux, ou contre les ordres sacrés, de translation d’un religieux, & autres semblables, sont ordinairement adressés à l’official diocésain. Voyez la Jurisprudence canonique de Lacombe, au mot official, & le diction. des arrêts, au mot bulles, n°. 9.

On dit aussi, fulminer une excomunication, c’est-à-dire la prononcer. Suivant le pontifical, l’évêque qui la prononce est en habits pontificaux, & accompagné de douze prêtres en surplis : après que la sentence est prononcée, ils jettent à terre les cierges qu’ils tenoient allumés. Voyez Eveillon, en son traité des excommunications. (A)

FULMINER, (Chimie.) Voyez Fulmination.

FUMAGE, s. m. (Jurispr.) est un droit dû à quelques seigneurs sur les étrangers faisant feu & fumée dans leur seigneurie : le seigneur de Chevre en Bretagne joüit de ce droit. Voyez Fouage & Fournage. (A)

FUM-CHIM, (Géog.) petite ville de la province de Kiansi. Sa long. suivant le P. Noël, 152d 13′ 30″. & suivant d’autres observations plus récentes, 141d 5′. sa latit. 28d 5′. (D. J.)

FUMÉE, s. f. (Physique.) on appelle ainsi cette vapeur plus ou moins sensible & plus ou moins épaisse qui s’éleve de la surface des corps qui brûlent. Elle est composée des parties les plus grossieres qui servent à l’aliment du feu dans le corps combustible ; savoir des parties terrestres, oléagineuses, aqueuses, & salines. Par conséquent, elle n’est pas fort différente de la flamme (voyez Flamme) ; & elle peut facilement se convertir en flamme, dès qu’on y joint un peu de feu : c’est pour cela qu’on peut faire prendre flamme avec très-peu de feu à du bois qui fume beaucoup. Comme il y a dans la fumée des parties