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rins parce qu’ils ne sont joints que d’un côté seulement.

Freres germains, sont ceux issus des mêmes pere & mere. Voyez Frere consanguin & Frere utérin.

Frere de lait : on donne ainsi improprement le titre de freres & sœurs de lait aux enfans de la femme qui a alaité l’enfant d’un autre, quoiqu’il n’y ait aucune parenté ni affinité entre les enfans de cette femme & les enfans étrangers qu’elle nourrit.

Frere légitime, est celui qui est procréé d’un mariage valable, de même qu’un autre frere ou sœur ; la qualité de frere légitime est opposée à celle de frere naturel.

Frere naturel, est celui qui n’est pas procréé d’un mariage valable, & qui n’est joint que par les liens du sang & selon la nature.

Frere patruel, frater patruelis, c’est un cousin germain du côté paternel.

Frere utérin, est celui qui procede d’une même mere.

Sur les freres en général il y a plusieurs textes répandus dans le droit, qui sont indiqués par Brederode au mot frater. Voyez aussi le traité de duobus fratribus per Petrum de Ubaldis, & au mot Succession.

Frere, (Histoire.) ce terme a encore différentes significations.

Les premiers chrétiens s’appelloient mutuellement freres, comme étant tous enfans d’un même Dieu, professans la même foi, & appellés au même héritage.

Les empereurs traitoient de freres les gouverneurs des provinces & les comtes.

Les rois se traitoient encore de freres.

La même chose se pratique aussi entre les prélats.

Les religieux qualifient chez eux de freres ceux qui ne sont pas du haut chœur ; dans les actes publics tous les religieux, même ceux qui sont dans les ordres & bénéficiers, ne sont qualifiés que de freres ; on en use de même pour les chevaliers & commandeurs de l’ordre de Malte.

Freres barbus, voyez ci-après Freres convers.

Freres cliens, fratres clientes, qu’on appelle communément freres servans. Voyez Freres servans.

Freres convers, sont des laïcs retirés dans des monasteres, qui y font profession, portent l’habit de l’ordre, & en observent la regle ; ils sont ordinairement employés pour le service du monastere. Dans les premiers tems on nommoit convers, quasi conversi ad Dominum, c’est-à-dire convertis, ceux qui embrassoient la vie monastique étant déjà parvenus à l’âge de raison, pour les distinguer des oblats que leurs parens y consacroient dès l’enfance. Dans le xj. siecle on nomma freres laïcs ou convers dans les monasteres ceux qui ne pouvoient devenir clercs, & qui étoient destinés au travail corporel & aux œuvres extérieures. On les nomme aujourd’hui dans nos monasteres freres lais ou simplement freres. Voy. Freres lais. L’abbé Guillaume est regardé par quelques-uns comme l’instituteur de cette espece de religieux. Les Chartreux en avoient aussi, & les nommoient freres barbus. Cette institution vient de ce qu’alors les laïcs ignoroient les lettres, & n’apprenoient même pas à lire, de sorte qu’ils ne pouvoient être clercs. Voyez l’hist. ecclés. de Fleury, édition de 1724. tome XIII. liv. LXIII. page 495. (G)

Freres extérieurs, fratres exteriores, sont la même chose que les freres lais, monachi laici ; on les a nommés exteriores, parce qu’ils s’occupent des affaires du dehors. Les moines lais sont différens de ces freres lais. Voyez Oblats & Moines Laïcs

Freres externes, sont des clercs & chanoines qui sont affiliés aux prieres & suffrages d’un monastere, ou des religieux d’un autre monastere qui sont de même affiliés.

Freres laïcs, sont la même chose que freres lais. Voyez Freres lais.

Freres lais, s. m. pl. (hist. ecclés.) qui sont la même chose que freres laics, & qu’on appelle aussi freres convers, ou simplement freres, sont dans nos couvens des religieux subalternes non engagés dans les ordres, mais qui font les vœux monastiques, & qui sont proprement les domestiques de ceux qu’on nomme moines du chœur ou peres. S. Jean Gualbert fut le premier, dit-on, qui institua des freres lais en 1040 dans son monastere de Vallombreuse ; jusqu’alors les moines se servoient eux-mêmes. On prétend que cette distinction est venue de l’ignorance des laïcs, qui ne sachant pas le latin, ne pouvoient apprendre les pseaumes par cœur, ni profiter des lectures latines qui se faisoient à l’office divin ; au lieu que les moines étoient clercs pour la plûpart, ou destinés à le devenir. Ainsi, dit-on, les moines clercs avoient soin de prier Dieu à l’église, & les freres lais étoient chargés des affaires du dehors. Mais cette raison ne paroît pas trop recevable, puisqu’une pareille distinction a eu lieu chez les religieuses qui ne savent pas plus de latin les unes que les autres. Il y a donc beaucoup d’apparence que cette institution est uniquement l’effet de la vanité humaine, qui dans le séjour de l’humilité même a cherché encore des moyens de se satisfaire & de se reprendre après s’être quittée. Aussi, dit M. Fleury, l’institution des freres lais a été pour les religieux une grande source de relâchement & de division : d’un côté les moines du chœur traitoient les freres lais avec mépris comme des ignorans & des valets, & se regardoient comme des seigneurs ; car c’est ce que signifie le titre de dom, qu’ils prirent vers le xj. siecle : de l’autre, les freres lais nécessaires au temporel, qui suppose le spirituel (car il faut vivre pour prier), ont voulu se révolter, dominer, & regler même le spirituel ; c’est ce qui a obligé en général les religieux à tenir les freres fort bas : mais l’humilité chrétienne s’accommode-t-elle de cette affectation de supériorité dans des hommes qui ont renoncé au monde ? Voyez Fleury, discours sur les ordres religieux. (O)

Freres Mineurs, sont des religieux de l’ordre de S. François, appellés vulgairement Cordeliers ; ils prirent ce titre de mineurs par humilité, pour dire qu’ils étoient moindres que les autres freres ou religieux des autres ordres. Voyez Cordeliers & Ordre de S. François.

Freres Prêcheurs. Voyez Dominicains.

Freres servans, dans les ordres de Malte & de S. Lazare, sont des chevaliers d’un ordre inférieur aux autres, & qui ne sont pas nobles. Ils sont aussi appellés servans d’armes, quasi servientes. Voyez Ordre de Malte & Ordre de S. Lazare, & ci-après Frere Servant.

Freres spirituels, on donna ce nom à des laics qui étoient affiliés à une maison religieuse, ou qui s’adoptoient mutuellement pour freres dans un esprit de religion & de charité ; mais cette adoption n’avoit point d’effets civils. Voyez ce qui a été dit ci-devant au mot Frere adoptif. (A)

Freres, terme qui semble consacré à certaines congrégations religieuses, telles que les freres de la charité, les freres de l’observance. Voyez Freres de la Charité. On connoît assez toutes ces compagnies ; mais il est des sociétés laïques assez obscures, auxquelles on donne le nom de freres, & qui mériteroient d’être plus connues, comme les freres cordonniers, les freres tailleurs, & quelques autres.

Freres Cordonniers. Vers le milieu du der-