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re de plante à fleurs anomales, composées pour l’ordinaire de cinq pétales. Il sort du calice une grande quantité d’étamines courbes, & un pistil qui devient dans la suite un fruit composé de plusieurs gaines disposées en maniere de tête. Chaque gaine renferme une capsule qui s’ouvre en deux parties, qui se recourbent à-peu-près comme des cornes de bélier, lancent au loin des semences qui sont faites pour l’ordinaire en forme de poire. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

On distingue cinq ou six especes de fraxinelle, mais nous ne parlerons que de la fraxinelle commune, nommée fraxinella par Gérard, 1056 ; Tournef. inst. 430. Boerh. Ind. 299. Parkins, theat. 417. dictamnus albus, par J. Bauh. 3. 494. Buxb. 217, Ray, hist. 1. 698. Rupp. flor. jen. 235. &c.

Son odeur est forte, tant soit-peu résineuse ; les racines sont branchues, fibreuses, de la grosseur du doigt ; ses tiges rougeâtres s’élevent à la hauteur de deux à trois piés, branchues, velues, garnies de feuilles aîlées ou composées de trois, quatre & cinq pattes de petites feuilles rangées sur une côte qui est terminée par une seule feuille ; leur couleur est d’un verd foncé en-dessus & d’un verd-clair en-dessous : elles sont luisantes, fermes, crenelées, de la forme des feuilles de frêne, mais plus petites ; ce qui peut-être a fait donner le nom de fraxinelle à cette plante. Au haut des tiges, sont des fleurs de plusieurs feuilles irrégulieres, d’une odeur forte & agréable, quoiqu’elle approche un peu de l’odeur du bouc : leur disposition en long épi fait un bel effet à la vûe ; elles sont à cinq pétales blancs ou purpurins, pannachés de lignes de couleur plus foncée.

Les extrémités des tiges & les calices des fleurs, sont couverts d’une infinité de vésicules pleines d’huile essentielle, comme on peut l’observer facilement à l’aide d’un microscope : en effet, elles répandent dans les jours d’été, des vapeurs sulphureuses en si grande abondance, que si l’on place au pié de la fraxinelle une bougie allumée, il sort tout-à-coup une grande flamme qui se communique à toute la plante.

La fraxinelle vient dans les campagnes & dans les forêts des pays chauds, en Provence, en Languedoc, & en Italie : on la cultive aussi beaucoup dans nos jardins, où elle fleurit en Juin & Juillet. Voyez Fraxinelle, (Jard.) Enfin sa racine est d’usage en Medecine. Voyez Fraxinelle, (Pharm. Mat. med.) (D. J.)

Fraxinelle, (Jardin. Agricult.) cette plante vivace peut être mise au nombre des fleurs de la grande espece ; elle se perpétue également par sa racine ou par sa graine ; elle aime les pays chauds, & cependant sa culture est aisée ; car il s’agit seulement de la garantir du froid, après l’avoir semée sur couche. On aura soin de la transplanter à la fin de Septembre, afin qu’elle puisse prendre racine avant l’hyver ; & alors elle produira de plus belles fleurs que si l’on faisoit cette transplantation au mois de Mars. Elle demande une terre fraîche & riche, qui ne soit ni grasse ni humide.

Quand vous voulez la multiplier de graine, il faut replanter les racines qu’elle a poussées, dans de nouvelles couches, à demi-pié de distance les unes des autres, ayant soin de ne les point endommager, & de les fixer fermement avec de la terre que vous appliquerez tout-autour, pour éviter les effets de la gelée. On ne manquera pas de les laisser une année dans ces nouveaux lits, pendant lequel espace de tems elles prospéreront, & produiront des fleurs l’année suivante : alors ce sera le moment de les mettre dans les allées de vos parteres où vous desirerez qu’elles restent, & où elles méritent d’avoir place par leur beauté long-tems durable. (D. J.)

Fraxinelle, (Pharm. Mat. méd.) cette plante porte aussi le nom de dictamne dans les boutiques, mais il faut se ressouvenir-que les feuilles du dictamne en matiere médicale, désignent toûjours les feuilles du dictamne de Crete, & que les racines du dictamne désignent pareillement toûjours les racines de notre fraxinelle. Leur emploi est moderne ; on n’en trouve aucune mention dans les écrits des Grecs & des anciens Arabes.

La partie d’usage de la fraxinelle en fait de maladies, est donc sa racine, ou plûtôt l’écorce de la racine de cette plante. Cette écorce est assez épaisse, blanche, roulée comme la cannelle, d’un goût un peu amer avec une legere acreté, d’une odeur agréable & forte lorsqu’elle est récente.

Toute la racine ainsi que l’écorce, abonde d’une huile essentielle subtile, & d’une portion considérable de sel essentiel, qui approche du sel ammoniac  : on lui attribue les qualités d’être stimulante, apéritive, emménagogue, & vermifuge. La dose est depuis une dragme jusqu’à trois en substance, & jusqu’à deux onces en fusion. Elle entre dans beaucoup de préparations officinales, connues par leur ridicule.

On tire des fleurs de la fraxinelle des pays chauds, une eau distillée très-odoriférante, dont les dames italiennes se servent comme d’un cosmétique également agréable & innocent. (D. J.)

FRAYÉ, voyez Frayer.

Frayé aux ars, (Manége & Maréch.) Nous disons qu’un cheval est frayé aux ars, lorsqu’il y a inflammation & écorchure à la partie interne & supérieure de l’avant-bras. Un cuir naturellement délicat, l’inattention d’un palefrenier à maintenir cette partie nette, un voyage de longue haleine, principalement dans des tems de chaleur ; telles sont les causes qui peuvent y donner lieu. Je dis un voyage de longue haleine, & dès-lors l’écorchure est causée par le frottement continuel de cette partie contre le corps du cheval. J’ai vû des chevaux qui en ont été tellement incommodés, qu’à peine pouvoient-ils marcher, & qu’en cheminant ils fauchoient comme s’ils avoient eu un écart. On y remedie en oignant la partie enflammée avec parties égales d’onguent d’althæa & de miel commun. L’inflammation dissipée, on la bassine souvent avec du vin chaud, & on peut la saupoudrer avec de la poussiere de bois pourri, de la poudre d’amydon, de sang-de-dragon, de céruse, &c. (e)

* FRAYER, v. act. (Gramm.) il se dit au simple d’une route ; celui qui fait les premiers pas ouvre la route ; ceux qui le suivent la frayent. Une route frayée ou qui a été déjà fréquentée, c’est la même chose. Frayer à quelqu’un la route du vice, c’est lever les scrupules, & lui applanir toutes les difficultés. Se frayer à soi-même une route, c’est par efforts de génie atteindre un but par des moyens qui sont inconnus aux autres, & qu’on s’est rendus propres & familiers.

Frayer, (à la Monnoie.) est un crime de faux monnoyeur, qui altere une piece en imitant l’altération que le toucher & le tems ont pû produire. Ce crime est trop grossier & d’un lucre trop foible pour n’être pas facilement appercû, lorsqu’il s’étend sur trop d’especes. Dans un payement où le frai attaque toutes les pieces, il est permis d’arrêter l’argent pour être justifié par l’ordonnance de Louis XIV. conséquemment à ce qui est prescrit.

Frayer, signifie littéralement s’érailler, comme fait un drap ou une étoffe, à force de les frotter ou de les porter trop long-tems.

Frayer, se dit des poissons. Voyez ci-devant Frai.