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Quand la tête en est large & ouvragée à jour, & que les fils en sont plus longs & plus pendans qu’aux franges ordinaires, on la nomme crêpine.

Il y a des franges de soie torse, & d’autres dont la soie n’est pas torse : ces dernieres se nomment franges coupées.

On attache les franges & les crêpines par la tête, & de maniere que les filets tombent toujours perpendiculairement en em-bas.

Le mollet au contraire peut s’appliquer comme on veut ; parce que les fils en sont si courts, qu’ils se soûtiennent d’eux mêmes.

Il n’y a que les Tissutiers-Rubaniers qui peuvent fabriquer des franges ; c’est pourquoi on les appelle aussi Frangiers, quoique les statuts de leur métier ne leur donnent point cette qualité.

Les franges & les mollets font partie du commerce des Merciers, qui peuvent même en faire fabriquer, pourvû que ce soit par les Tissutiers-Rubaniers.

FRANGÉ, adj. terme de Blason, se dit des gonfanons qui ont des franges, dont on doit spécifier l’émail. Auvergne, d’or au gonfanon de gueules, frangé de synople.

FRANGER ou FRANGIER, s. m. (Comm.) ouvrier qui fait des franges, des mollets, &c. On le connoît mieux sous le nom de Tissutier-Rubanier ; & c’est le véritable nom que lui donnent les statuts de sa communauté. Voyez Tissutier-Rubanier.

FRANGIPANIER, plumeria, (Hist. nat.) genre de plante à fleurs monopétales, faites en forme d’entonnoir & découpées. Il sort du calice un pistil, qui entre comme un clou dans la partie inférieure de la fleur, & qui devient dans la suite un fruit ou une silique, qui est double pour l’ordinaire, qui s’ouvre d’un bout à l’autre, & qui renferme des semences oblongues, garnies de feuilles, placées comme des écailles, & attachées à un placenta. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Le frangipanier est un arbre de l’Amérique, il s’éleve d’environ 10 à 12 piés hors de terre ; il pousse de longues branches d’un bon pouce de diametre bien nourries, à peu-près d’égale grosseur d’une extrémité à l’autre, & dénuées de feuilles dans toute leur longueur ; ce qui, ce me semble, n’a aucun rapport au laurier-rose. Les feuilles ainsi que les fleurs, viennent par gros bouquets aux extrémités des branches, ensorte que le reste de l’arbre paroît extrèmement nud.

Les feuilles sont trois fois plus grandes que celles du laurier-rose ; elles se terminent en pointe fort aiguë, ayant la figure d’une lame de poignard. Quant aux fleurs, leur forme est à-peu-près semblable à celles du jasmin, mais beaucoup plus grandes, ayant environ deux pouces & demi de diametre lorsqu’elles sont épanouies.

Il y en a de trois couleurs ; savoir celles du frangipanier blanc sont blanches, & n’ont qu’une legere teinte de rouge sur un des bords : celles du frangipanier musqué sont rouges, les bords se terminant par une couleur plus chargée : enfin celles du frangipanier ordinaire sont d’une belle couleur jaune, se confondant par gradation dans un oranger très vif, qui passant par différentes nuances, se termine par un beau rouge de carmin.

L’odeur de ces fleurs est fort agréable ; mais je ne trouve en Europe aucun parfum à qui je puisse la comparer pour en donner une juste idée.

Si l’on arrache les feuilles, les fleurs, ou qu’on rompe les branches du frangipanier, il sort de dessous son écorce ou espece de peau, un lait abondant, épais & d’une grande blancheur : quelques habitans l’employent pour guérir les vieux ulceres. Article de M. le Romain.

FRANKENBERG, & par les François Framont,

(Géog.) montagne de la Vosge, la plus haute de toutes celles qui séparent la Lorraine de l’Alace, située à environ six lieues de Molsheim, au pié de laquelle on rencontre un grand chemin qui la traverse. Plusieurs prétendent que Pharamond a été inhumé sur cette montagne ; & si le fait n’est pas vrai, du moins la tradition n’est pas nouvelle ni même sans quelque fondement. Voyez dom Mabillon, disc. sur les anc. sépul. des rois de France, dans les mémoires de l’acad. des Inscript. tom. II. Longit. 25. 10. lat. 48. 35. (D. J.)

FRANSHERE, ou FANSHERE, IMOURS, RANERATE, (Géog.) riviere à 25d 18′ de latitude, au sud à trois lieues du fort Dauphin, dans la province de Carcanossi, sur les côtes orientales d’Afrique. (D. J.)

Frappe, s. f. (Fondeur de caracteres d’Imprimerie.) est l’assortiment complet de matrices pour fondre lesdits caracteres. On dit une frappe de nompareille, lorsqu’une boëte renferme toutes les matrices nécessaires pour faire une fonte de nompareille, ainsi des autres.

Un assortiment de frappes contenant les matrices nécessaires pour fondre tous les caracteres, est la richesse & le fonds d’un Fondeur. C’est en tirant l’empreinte de ces matrices avec un moule, qu’il fond tous les caracteres nécessaires pour l’impression ; on les appelle frappes, parce que les matrices reçoivent la figure de la lettre par un poinçon sur lequel est gravée la lettre que l’on veut former dans la matrice ; ce qui se fait en frappant avec un marteau sur le poinçon qui s’enfonce, & laisse son empreinte dans le morceau de cuivre qui s’appellera matrice : cette opération s’appelle frappe. Voyez Poinçons, Matrices.

Frappe, terme d’ancien Monnoyage, qui exprimoit l’art de donner l’empreinte à un flanc avec le marteau. Ce mot est expressément cité dans les anciennes ordonnances du Monnoyage au marteau.

Frappe plaque, (Bijoutier.) est une plaque de fer, du contour que l’on veut donner à la piece, armée d’une poignée de fer élevée, que l’on empoigne avec la main, & sur la téte de laquelle on frappe avec la masse.

FRAPPÉ, en Musique ; c’est le tems de la mesure où l’on baisse la main ou le pié, & où l’on frappe pour marquer la mesure. On ne frappe ordinairement que le premier tems de chaque mesure, mais ceux qui coupent en deux la mesure à quatre tems, frappent aussi le troisieme. Voyez Thesis. (S)

* FRAPPER, v. act. voyez ses principales acceptions : c’est, au simple, donner un coup, soit avec la main, soit avec un instrument ; il m’a frappé rudement : au figuré, imprimer dans l’esprit la crainte, la terreur, ou quelqu’autre passion, par la force de l’éloquence ; son discours m’a frappé. Les Mariniers frappent une manœuvre, voyez Frapper, (Marine.) On est frappé d’une maladie ; les Chasseurs frappent à route, pour remettre les chiens sur la voie ; aux brisées, quand ils sont au lieu du lancer. On marque les monnoies au balancier, cependant on a retenu l’ancien mot de frapper. Voyez Frapper, (Monnoyage.) On frappe une étoffe. Voyez Frapper, (Manuf. soit en laine, soie en soie.) On frappe sur l’enclume, &c.

Frapper, (Manuf. en soie.) On dit qu’une étoffe est frappée, lorsqu’elle est bien travaillée, & qu’elle n’est ourdie ni trop serré ni trop lâche.

Frapper une Manœuvre, (Marine.) c’est attacher une manœuvre à quelque partie du vaisseau, ou à une autre manœuvre. Frapper se dit pour les manœuvres dormantes, ou pour des cordes qui doivent être attachées à demeure ; car on dit amarrer, pour celles qu’on doit détacher souvent. Le dormant