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Fourches ou Branches, (Jardinage.) Voyez Fourchons.

Fourche, (Manege.) outil assez connu & nécessaire dans une écurie. Il est des fourches de bois ; il est des fourches de fer. Le palefrenier se sert des unes & des autres ; des premieres pour faire, pour remuer, & pour enlever la litiere ; des secondes pour distribuer le fourrage dans le ratelier, & pour remuer le fumier, ou pour le ranger dans la cour destinée à cet effet. Le peu de confiance que mérite cette espece de gens, devroit engager à bannir toute fourche de fer de nos écuries ; souvent le défaut de zele ou la paresse, les portent à en faire usage dans le cas où il seroit de leur devoir de se servir de la fourche de bois, & un coup d’un des fourchons de fer est capable de blesser dangereusement l’animal : d’ailleurs une fourche de bois est aussi propre au transport de la paille & du foin, que celles que nous conseillons de proscrire. (c)

* Fourche, (Verrerie.) tringle de fer d’environ six piés de long, sur dix lignes de diametre. On s’en sert pour avancer ou reculer une barre de la grille. Voyez l’article Verrerie.

Fourche, (Vénerie.) bâton à deux branches, qui reçoit le forhu dans la curée.

Fourche, (Montagne de la) Géog. haute montagne de Suisse, à l’extrémité orientale du pays de Vallais, qu’elle sépare du canton d’Uri ; ou plûtôt, c’est une chaîne de montagnes fort hautes & fort étendues, ainsi appellées à cause de deux grandes pointes fort élevées en guise de fourches qu’on y remarque. C’est dans cette montagne qui fait partie des Alpes lépontiennes, que le Rhone a sa source, dans les glacieres éternelles dont elle est couverte. On confond quelquefois cette montagne, nommée en latin Bicornis, Furca, ou Furcula, avec celle de Saint-Gothard : c’est ici le grand chemin pour passer du canton d’Uri dans le Vallais. Voyez Scheuchzer, itinera Alpina, pag. 264. (D. J.)

FOURCHÉ ou FOURCHU, adj. (Gramm.) qui est terminé en fourche, ou qui a la forme de fourche.

* Fourché, s. m. (Rubanier.) se dit d’un patron symmétrique dont les deux côtés se ressemblent si parfaitement en tout, qu’on est obligé de n’en passer que la moitié. Supposons qu’un patron soit de 80 rames de large, on n’en passera que quarante, parce que cette quarantieme s’attachera à deux lissettes ; de façon que ces deux lissettes étant levées par la même rame, doivent nécessairement produire le même effet que si toutes les rames étoient passées. Un exemple éclaircira ceci. Il est bien sûr que la premiere rame du patron levant & sa propre lissette, & la quatre-vingtieme lissette que devroit lever la quatre-vingtieme rame, l’effet de ces deux lissettes doit produire la même chose que si elles étoient levées chacune par leur propre rame : ainsi des autres. On voit que la quarantieme rame portera avec sa lissette, la lissette de la quarante-unieme rame, en rétrogradant toûjours. Ces lissettes ainsi attachées doubles à chaque rame passée, sont mises sur les différentes brochettes d’un rateau, qui est attaché lui-même au porte-rames de devant. Ce double emploi est d’une grande ressource, en ce qu’il épargne du tems pour le passage des rames, & fait éviter l’embarras que toutes les rames produiroient dans les hautes lisses, si elles y étoient toutes passées.

Fourché ou Fourchu, en terme de Blason, se dit de ce qui est divisé en deux, & particulierement de la queue du lion renversée de cette maniere dans quelques écus. On appelle croix fourchée, celle dont les branches se terminent par trois pointes, qui forment deux angles rentrans. Voyez nos Planches de Blason.

FOURCHETÉ, adj. terme de Blason : on appelle croix fourchetée, celle qui a ses branches terminées en ces sortes de fourchettes dont on se servoit pour porter les mousquets. Voyez nos Planches de Blason.

FOURCHETTE, subst. f. (Gramm.) petit instrument en forme de fourche.

Fourchette, (Anat.) en latin franum vulvæ ; la partie inférieure de la vulve, & qui en fait la séparation d’avec l’anus.

Parlons-en avec plus d’exactitude. La fourchette est proprement l’union des grandes levres par leur partie inférieure ; l’on y remarque un ligament membraneux, qui se trouve tendu dans les filles, relâché dans celles qui ont souffert l’approche d’un homme, & presque toûjours déchiré dans les femmes qui ont eu des enfans. Ce déchirement de la fourchette (pour me servir du terme des Accoucheurs) est une suite ordinaire de l’excessive dilatation que souffre ce lien membraneux au passage du fœtus.

Il arrive même dans des accouchemens laborieux, que non-seulement la partie inférieure de la vulve se déchire par la sortie de l’enfant, mais encore l’espace qui est entre la partie inférieure de la vulve & l’anus : dans ce triste cas, l’ouverture du vagin & celle du fondement se joignent ensemble à l’extérieur, & ne forment plus qu’un seul conduit.

Si on laissoit cette dilacération sans en procurer la réunion, il est bien vrai que la femme devenant une autre fois grosse, accoucheroit avec plus de facilité, & sans être en danger d’essuyer un nouveau délabrement dans sa couche ; mais ces parties restant dilatées, la vulve est tellement salie par les excrémens, que la femme en devient dégoûtante & à son mari & à elle-même : c’est pour cette raison qu’il vaut beaucoup mieux réunir ce déchirement le plûtôt qu’il est possible, & même en cas de besoin par une forte suture qui engage toute la longueur de la division. (D. J.)

Fourchette, instrument de Chirurgie dont on se servoit pour élever & soûtenir la langue des enfans, quand on leur coupe le filet. Elle est semblable à une fourchette ordinaire à deux fourchons, excepté que ces fourchons sont mousses & courts. Il n’est pas nécessaire d’avoir un instrument particulier pour élever & soûtenir la langue ; l’extrémité qui sert de manche à une sonde cannelée (Voyez la fig. 6. Pl. II.) pouvant servir beaucoup plus utilement à cet usage. Voyez Filet. (Y)

Fourchette, (Maréchallerie.) c’est ainsi que l’on nomme la portion qui plus ou moins élevée sous le pié du cheval & au milieu de la sole, présente la figure d’un cone, dont la pointe seroit tournée en-devant, & dont la base échancrée répondroit aux talons. Voyez Ferrure.

La fourchette doit être proportionnée au pié dont elle est une dépendance. Ceux qui ont prétendu qu’une fourchette petite & desséchée est le partage d’un pié encastelé, parce que le retrécissement du talon la prive de nourriture & l’affame, ont-ils refléchi que l’on peut répondre que le desséchement de cette partie, desséchement qui d’ailleurs annonce l’aridité de l’ongle, contribue au contraire à l’encastelure, & prouve que l’animal y a de la disposition ? Son volume extrème est une imperfection considérable, à laquelle les chevaux dont les talons sont bas, sont fort sujets ; elle est en eux une cause fréquente de claudication. Nous nommons ces sortes de fourchettes, fourchettes grasses ; & les fourchettes trop petites, fourchettes maigres. Toute fourchette de l’une ou de l’autre nature, caractérise ordinairement un mauvais pié ; il est rare en effet que le pié soit bon, & qu’il ne soit pas d’une difformité préjudiciable, lorsque la nourriture ne se distribue pas également dans toutes les parties qui le composent.