Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 7.djvu/238

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’huile de laurier, ou de celui de pétrole, ou de celui de romarin sur la sole ; on y appliquera encore un cataplasme de fiente de vache bouillie dans du vinaigre : toutes ces précautions pourront garantir la partie des accidens qui sont à redouter. Le premier de ceux dont j’ai parle, survenu par la négligence ou l’ignorance du maréchal, on dégorgera la couronne par plusieurs incisions pratiquées avec le bistouri, & l’on en reviendra aux mêmes topiques prescrits ; si le mal est tel que l’on entrevoit des difformités sensibles dans la sole, on doit conclure de l’inutilité des médicamens externes que j’ai indiqués, que les piés de l’animal seront à jamais douloureux, malgré toutes les ressources de l’art & les attentions qui suivront les opérations de la ferrure. (e)

FOURCATS, s. m. pl. (Marine.) quelques-uns les nomment aussi fourcals, fourques, fours, sanglons ; ce sont des pieces de bois triangulaires, dont l’une des extrémités est posée sur la quille ; à chaque bout vers l’arriere & vers l’avant, au lieu de varangues, les deux extrémités qui sont en-haut se joignent au bout des genoux appellés de revers. Elles sont fourchues, & se mettent après les varangues, acculées vers l’endroit où le vaisseau se retrécit le plus ; elles sont bien plus ceintrées que les varangues acculées, & achevent de donner les façons au vaisseau. On leur donne les noms de fourques & de fourcats, à cause qu’elles sont fourchues. Voyez Marine, Planche IV. fig. 1. n°. 16. les fourcats de l’avant ; & n°. 17. les fourcats de l’arriere. Il y a encore des fourcats de liaison à l’avant & a l’arriere ; voyez-les, dans la même figure, marqués du n°. 37. Voyez aussi, Planche VI. la forme particuliere des fourcats. (Z)

* FOURCHE, s. f. (Gramm.) instrument ou de bois, ou de fer, ou d’autre matiere, composé d’une tige, d’un manche ou fust, plus ou moins long, & terminé par une, deux ou trois pointes ou branches droites & aiguës, qu’on appelle des fourchons. Voy. dans les articles suivans, les différentes acceptions de ce mot.

Les fourches de fer sont ordinairement à trois fourchons ; elles servent à remuer le fumier & à le charger. Le taillandier les fait de quatre pieces ; il forge la douille, puis le fourchon du milieu, ensuite les deux autres. Il les soude tous trois séparément, les deux seconds à côté de celui du milieu. Voyez nos Planches de Taillanderie. 16 fourchon du milieu enlevé, 17 douille enlevée, 18 douille tournée & enlevée, 19 fourche avec deux fourchons reparés, & le troisieme prêt à être soudé ; 20 la fourche entierement reparée.

Fourches patibulaires ou Gibet, (Jurisp.) sont des piliers de pierre, au haut desquels il y a une piece de bois posée en-travers sur deux de ces piliers, à laquelle piece de bois on attache les criminels qui sont condamnés à être pendus & étranglés, soit que l’exécution se fasse au gibet même, ou que l’exécution ayant été faite ailleurs, on apporte le corps du criminel pour l’attacher à ces fourches, & l’y laisser exposé à la vûe des passans.

Ces fourches ou gibets sont toûjours placés hors des villes, bourgs & villages, & ordinairement près de quelque grand chemin, & dans un lieu bien exposé à la vûe, afin d’inspirer au peuple plus d’horreur du crime : c’est pourquoi ces fourches sont aussi appellées la justice, pour dire qu’elles sont le signe extérieur d’une telle justice.

On appelle ces sortes de piliers fourches, parce qu’anciennement au lieu de piliers de pierre, ou posoit seulement deux pieces de bois faisant par en-haut la fourche, pour retenir la piece de bois qui se met en-travers, & à laquelle on attache les criminels.

L’origine du terme de fourches patibulaires est mê-

me encore plus ancienne ; elle remonte jusqu’aux premiers tems des Romains, chez lesquels, après avoir dépouillé le condamné à mort de tous ses habits, on lui faisoit passer la tête dans une fourche, & son corps attaché au même morceau de bois qui finissoit en fourche, étoit ensuite battu de verges jusqu’à ce que le condamné mourût de ses souffrances. Voyez Suetone, in Nerone, cap. xljx. Livius, lib. I. Seneca, lib. I. de ira, cap. xvj.

Quelques-uns confondent les fourches patibulaires avec les échelles ou signes patibulaires, quoique ce soit deux choses différentes. L’échelle est bien aussi un signe de haute-justice, mais elle ne sert pas à mettre à mort ; elle n’est destinée qu’à pilorier.

A l’égard du simple signe patibulaire, ce nom se donne quelquefois au simple poteau ou carcan, qui est aussi une marque de haute-justice.

Les simples seigneurs hauts-justiciers ne peuvent avoir que deux piliers. Peronne, art. 20. Grand-Perche, 11. Blois, 20. Les châtelains en ont trois ; les barons en ont quatre ; les comtes en ont six. Tours, art. 74.

L’usage n’est cependant pas absolument uniforme à ce sujet ; car il y a des coûtumes où les seigneurs châtelains peuvent avoir des fourches patibulaires à trois ou quatre piliers ; celle de Blois, art. 24. permet au moyen-justicier d’en avoir à deux piliers : cela dépend aussi des titres & de la possession.

Le roi comme souverain peut faire élever au-dedans de ses justices tel nombre de piliers que bon lui semble.

Lorsque les fourches patibulaires des seigneurs sont tombées de vetusté ou autrement, elles doivent être rétablies dans l’an & jour de leur destruction ; passé lequel tems elles ne peuvent être relevées sans lettres du prince, dont l’entérinement doit être fait au bailliage royal, sur les conclusions du procureur du roi & sur le vû de pieces : autrement les fourches patibulaires ne pourroient être élevées que pour le tems des exécutions seulement ; & l’exécution faite, le seigneur seroit obligé de les faire abattre. Voyez Bacquet, des droits de justice, ch. jx. n. 10. 11. 12. (A)

Fourche, (Archit.) Voyez Pendentif.

Fourches pour carener, (Marine) ce sont de longues & menues fourches de fer, qu’on emmanche au bout d’une épave, pour prendre le chauffage dans la carene, & le porter au vaisseau ou en tel autre lieu qu’il est besoin. (Z)

Fourche de potence de pompe, (Marine.) Voyez Potence.

Fourches, s. f. pl. (Hydraul.) sont des tuyaux de cuivre qui s’emboîtent & se brident sur le corps de pompe de même matiere, avec des brides qui se joignent par des écrous de cuivre & des rondelles de plomb ou de cuivre entre deux. Il est essentiel que ces fourches soient de même diametre que le corps de pompe, ainsi que le tuyau montant. Voyez Machines hydrauliques, Pompe

On appelle encore fourche ou branche, le tuyau qui se soude sur un autre dans la conduite des eaux. (K)

* Fourche, chez les Blanchisseurs de cire, c’est un instrument de bois long de quatre ou cinq piés, terminé à un bout par deux branches qui sortent de la même tige, de la longueur d’un pié environ. La fourche sert à ôter les rubans de la baignoire, & les mettre dans la manne. Voyez ces mots.

Il y a une autre fourche qui ne differe de la premiere, que parce qu’elle est bien plus petite ; ce qui la fait appeller fourchette ; elle sert à régaler les rubans. Voyez Régaler & Rubans, & l’article Blanchir.

* Fourches ou Arbalêtres, terme d’ouvriers en gase ; ce sont des ficelles qui tiennent les lissettes dans le métier à faire des gases. Voyez Gase.