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xxxvj. Bretagne, art. ccxcij. Auvergne, ch. xxv. art. 17. & ci-devant au mot Garde. (A)

Guet-à-pens, (Jurisp.) est l’embuscade qu’une personne a faite pour en assassiner une autre de dessein prémédité.

Ce crime est beaucoup plus grave que le simple meurtre ; il est condamné dans le Deuteronome, chap. xxvij. vers. 26. & par nos ordonnances qui ne veulent pas que l’on accorde de rémission de ce crime ; elles prononcent même peine de mort contre ceux qui ont conseillé le guet-à-pens, ou qui y ont participé.

Le guet-à-pens est un cas présidial qui se juge en dernier ressort, & sans appel. Voyez l’ordonnance de 1670. tit. j. art. xij. la déclaration du 5 Février 1731 sur les cas prevôtaux ou présidiaux. Voyez Meurtre. (A)

GUETARIA, Menosca, (Géog.) petite ville d’Espagne, dans la province de Guipuscoa, avec un château & un port sur la mer de Biscaye. Long. 15. 12. latit. 43. 26.

C’est la patrie de Cano (Sebastien), ce fameux navigateur, qui fit le premier le tour du monde sous Magellan, & rentra dans Séville le 8 Septembre 1522, après trois ans un mois de navigation. (D. J.)

GUETE, (Géog.) ancienne ville d’Espagne dans la nouvelle Castille, dans la Sierra. Alphonse VI. roi de Castille la conquit sur les Maures en 1080. Elle est à 6 lieues N. O. de Cuença, 26 S. E. de Madrid. Long. 15. 36. lat. 40. 20 (D. J.)

GUÉTRES, s. f. pl. espece de chaussure faite de grosse toile ou de coutis, qui s’attache à boutonniere ou à cordons sur le côté de la jambe qu’elle couvre toute entiere, ainsi que le genou & le coup-de-pié sur lequel elle est detenue par une courroie de cuir, faire en étrier. On en prend pour la chasse, pour le voyage, soit à pié, soit à cheval.

GUETTE, s. f. (Charpenterie.) c’est une demi-croix de S. André, posée en contrefiches dans les pans de bois. Voyez les figures du Charpentier.

GUETTES, s. m. pl. hommes employés dans les salines ; leur fonction est de garder à tour de rôle les portes de la saline, & de remplir tous les devoirs des portiers.

GUETTON, s. m. (Charpenterie.) petite guette qui se met sous les appuis des croisées & exhaussemens, sous les sablieres de l’entablement, sur les linteaux des portes, &c. Voyez les figures du Charpentier.

GUEULE, s. f. (Gramm.) c’est ainsi qu’on appelle dans la plûpart des animaux, l’intérieur de la partie qui est armée de dents, où sont la langue & le palais, & qu’on appelle dans l’homme & le cheval la bouche.

Gueule droite & renversée, (Architecture.) ce sont les deux parties de la cimaise qui forment un membre, dont le contour est en S. La plus avancée & concave s’appelle gueule droite ou doucine, voyez Doucine ; & l’autre qui est convexe s’appelle gueule renversée ou salon ; voyez Cimaise.

Gueule Bée, terme de Tonnelier ; c’est ainsi qu’on appelle une futaille ouverte qu’on a défoncée par un bout. Voyez Futaille.

Gueule de Loup, (Bas au métier.) partie du métier à bas. Voyez cet article.

Gueules, en termes de Blason, c’est la couleur rouge ; voyez Rouge.

Le pere Monet dit que le mot de gueules dérive de l’hébreu gulud, ou gulidit, petite peau rougeâtre qui paroît sur une plaie quand elle commence à se guérir : le P. Ménétrier dit que ces mots ne se trouvent point dans la langue hébraïque : mais cela n’est pas exactement vrai ; car dans les langues orientales, comme l’hébreu, le chaldéen, le syriaque, & l’arabe, on dit gheld, pour cutis, pellis, peau, d’où est

venu le mot arabe gulud : & en général le mot de gueules signifie la couleur rouge chez la plûpart des orientaux. Les Arabes & les Persans donnent ce nom à la rose.

D’autres avec Nicod dérivent le mot de gueules de gula, la gueule des animaux, qui l’ont ordinairement rouge ; ou du latin cusculium, qui est le coccos des Grecs, ou la graine d’écarlate.

Dans la Gravure, la couleur de gueules s’exprime par des hachures perpendiculaires, tirées du chef de l’écusson à la pointe. On la marque aussi par la lettre G.

Cette couleur passe pour un symbole de charité, de bravoure, de hardiesse, & de générosité ; elle représente la couleur du sang, le cinnabre, & la vraie écarlate ; c’est la premiere des couleurs qu’on employe dans les armoiries ; & elle marque une si grande distinction, que les anciennes lois défendoient à tout le monde de la porter dans les armoiries, à-moins qu’on ne fût prince, ou qu’on n’en eût la permission du souverain.

Spelman dans son aspilogia, dit que cette couleur étoit dans une estime particuliere chez les Romains, comme elle avoit été auparavant chez les Troyens : qu’ils peignoient en vermillon les corps de leurs dieux, aussi-bien que de leurs généraux le jour de leur triomphe. Sous le gouvernement des consuls, les soldats étoient habillés de rouge, d’où étoit venu le nom de russati. Jean de Bado Aureo ajoûte que la teinture rouge appellée par les Grecs phénicienne, & par nous écarlate, fut adoptée d’abord par les Romains, pour empêcher que l’on ne s’effrayât du sang qui découloit des plaies des blessés dans la bataille.

En effet le rouge a toûjours passé pour une couleur impériale, & les empereurs étoient toûjours vêtus, chaussés, & meublés de rouge. Leurs édits, dépêches, signatures, & sceaux, étoient d’encre & de cire rouges ; & c’est de-là qu’est venu le nom de rubrique. Dictionn. étymol. de Trév. & Chambers.

GUEUSE, s. f. (Art d’ourdissage.) dentelle très legere qui se fait de fil blanc, & dont le fond est de réseau, & les fleurs de couronnes très-déliées ; elle se fabrique sur l’oreillier à l’ordinaire. Voyez l’article Dentelle.

Gueuse, (Manufact. en laine.) petite étoffe qui se fabrique en Flandres, & qu’on nomme plus communément Plicole.

Gueuse, (Forges.) dont le diminutif est gueusillon. Ces deux termes se disent dans les grosses forges, des masses prismatiques de fer qu’on a coulées dans le sable au sortir du fourneau de fusion. Voyez l’article Forge.

GUEUX, (les) Hist. mod. sobriquet qui fut donné aux confédérés des Pays-Bas en 1566 ; la duchesse de Parme ayant reçû l’ordre de Philippe II. roi d’Espagne d’introduire dans les Pays-Bas de nouvelles taxes, le concile de Trente & l’inquisition, les états de Brabant s’y opposerent vivement, & plusieurs seigneurs du pays se liguerent ensemble pour la conservation de leurs droits & de leurs franchises ; alors le comte de Barlemont, qui haïssoit ceux qui étoient entrés dans cette confédération, dit à la duchesse de Parme, gouvernante, qu’il ne falloit pas s’en mettre en peine, & que ce n’étoit que des gueux. Le prince d’orange, Guillaume de Nassau, surnommé le texiturne, & Bréderode, chefs de ces prétendus gueux, furent effectivement chassés d’Anvers l’année suivante ; mais ils équiperent des vaisseaux, firent des courses sur la côte, se rendirent maîtres d’Enckhuysen, puis de la Brille, & s’y établirent en 1572 malgré tous les efforts du duc d’Albe. Tel fut le commencement de la république de Hollande, qui d’un pays stérile & méprisé, devint une puissance respectable. (D. J.)