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plus en grougrou, c’est la Grenade ; il y a des montagnes qui en sont toutes couvertes. Article de M. le Romain.

GROULARD, s. m. voyez Bouvreuil.

* GROUP, s. m. (Comm.) se dit dans le commerce des paquets d’or ou d’argent en especes que les marchands ou négocians s’envoyent les uns aux autres par la poste, par le messager, ou par quelqu’autre commodité. Ainsi on dit, un paquet, ou un group de deux cents loüis. Dictionnaire de Commerce & de Trévoux. (G)

GROUPPE, s. m. signifie en Peinture l’assemblage de plusieurs objets qui sont tellement rapprochés ou unis, que l’œil les embrasse à-la-fois. Les avantages qui résultent de cette union dans les ouvrages de la Peinture, tiennent, à ce que je crois, d’une part au principe d’unité, qui dans tous les arts est la source des vraies beautés ; d’un autre ils ont rapport à l’harmonie, qui est la correspondance & la convenance générale des parties d’un tout, comme on le verra au mot Harmonie.

Developpons la premiere de ces idées. Si nos yeux n’étoient pas asservis à la nécessité de rassembler leurs rayons visuels à-peu-près dans un même point, pour appercevoir nettement un objet ; si au contraire nos yeux indépendans l’un de l’autre, pouvoient s’occuper également de plusieurs objets séparés les uns des autres ; si leurs perceptions rapportées au terme qui fait la liaison de notre partie intellectuelle avec nos ressorts matériels, pouvoient sans se nuire exciter à-la-fois différentes idées, vraissemblablement le principe d’unité seroit sujet à contestation, ou n’existeroit pas, & l’usage de groupper seroit moins autorisé ; mais la nécessité où nous sommes de n’appercevoir, de ne sentir, de ne penser qu’un seul objet à-la-fois, nous oblige d’établir ce principe d’unité auquel nous sommes astreints ; & c’est pour s’y conformer que l’artiste qui traite un sujet rassemble le plus qu’il lui est possible, les objets dont il souhaite que le spectateur s’occupe & joüisse. L’usage de former des grouppes est donc pris dans la nature, quoiqu’il se rencontre peut-être rarement que dans une action qu’on peint, les objets soient rassemblés & unis précisément comme le peintre a intérêt de les unir & de les rassembler. Mais en justifiant aux Artistes une forme de composition, dont la plûpart ne se sont peut-être pas rendu une raison bien exacte ; je leur observerai que l’on a abusé, & que l’on abuse encore de l’usage où l’on est de groupper, & que les conventions auxquelles on semble avoir soûmis cette partie de la composition, peuvent entraîner une école entiere à des défauts essentiels.

C’est principalement dans le genre héroïque de la Peinture, qu’il est essentiel d’approfondir de quelle considération l’usage de groupper doit être pour les Artistes. Dans un tableau d’histoire, le but principal du peintre est de fixer les yeux du spectateur sur l’objet le plus intéressant de la scene. Deux moyens principaux s’offrent pour cela : l’effet & l’expression. Il est le maître de l’un, il n’a aucun droit sur l’autre.

L’expression est indépendante de l’artiste, puisque la nature, d’une justesse invariable dans ses mouvemens, ne laisse rien au choix du peintre, & qu’il s’égare dès qu’il la perd de vûe.

L’effet est subordonné à l’artiste, parce que cette partie qui dépend de plusieurs suppositions arbitraires, lui permet de disposer le lieu de la scene, les objets qui le constituent, & la lumiere, de la maniere la plus favorable à son projet. C’est en conséquence de cette liberté qu’il forme des especes de divisions dans son sujet, & que celle de ces divisions qui doit renfermer son objet principal, est le but le plus intéressant de ses réflexions & de son travail.

En conséquence il dirige vers ce point sa plus brillante lumiere ; mais si l’objet principal est seul & isolé, cette lumiere pourra bien s’y distinguer par quelques touches éclatantes, mais elle n’attirera pas l’œil par sa masse ; il faut donc, s’il est possible, reproduire cette lumiere, l’étendre autour de l’objet principal, enfin former un grouppe de lumieres qui se lient, qui s’unissent, & dont la masse étendue frappe l’œil du spectateur & le retienne. Cette sorte de grouppe qui tient à la partie de l’harmonie, est celle qui risque le moins de s’éloigner de la nature ; elle est d’une ressource infinie pour ceux qui savent l’employer : c’est une espece de magie d’autant plus puissante que ses prestiges sont cachés sous les apparences les plus naturelles ; c’est enfin, j’ose le dire, un des moyens les plus puissans que puisse employer l’art de la peinture. La seconde espece de grouppe est celle qui consiste dans l’assemblage de plusieurs figures, dont l’union est l’effet d’une composition refléchie ; la nature offre des exemples de ces assemblages, mais ils ne sont pas toûjours assez heureux pour que l’artiste les adopte tels que le hasard les assemble ; il se croit autorisé s’il les copie, à y faire quelques changemens dont il espere plus de grace dans la forme générale du grouppe ; il lui arrive alors de considérer un grouppe de plusieurs figures comme un seul corps, dont il veut que les différentes parties contrastent, dans lequel il évite avec soin (heureux si ce n’est point avec affectation) la moindre uniformité de position dans les membres, où il cherche enfin à quelque prix que ce soit une forme pyramidale, qu’il croit, sur la foi du préjugé, faite pour plaire préférablement à d’autres.

Il est bien facile de sentir combien cette espece de méchanisme s’éloigne de la nature ; il est aisé de voir quelle porte on ouvre par-là au préjugé, à la mode, & à ces especes d’imitations de maniere, qui circulant d’attelier en attelier, attaquent l’art dans ses principes, & qui parviendroient à l’asservir, si le génie, par son indépendance, ne rompoit ces indignes chaînes.

Je ne prétends pas cependant qu’on doive se refuser à groupper les figures principales d’un objet, lorsque le sujet le comporte. Je ne dis pas même qu’en grouppant plusieurs figures, on ne doive éviter certaines rencontres desagréables ou trop uniformes ; mais qu’il y a loin d’un choix sage & réservé que j’approuve, d’un art modéré qui se cache si bien qu’on le prend pour la nature même, à des oppositions recherchées & à des contrastes affectés, par le moyen desquels les figures d’un grouppe ressemblent à une troupe de danseurs dont les pas, dont les attitudes, dont tous les mouvemens sont combinés & écrits ?

Quelques auteurs ont établi des regles sur la quantité de grouppes qu’on doit admettre dans une composition ; je n’engagerai jamais les Artistes à adopter ni à former des systèmes de compositions de cette espece. Les détails dans lesquels je pourrois m’étendre sur cela, ont rapport aux mouvemens qu’occasionnent certaines passions ; & je les réserve pour l’article où ce mot sera traité dans ses rapports avec la Peinture. Article de M. Watelet.

Grouppe, s. m. en Musique, selon l’abbé Brossard, se dit de quatre notes égales & diatoniques dont la premiere & la troisieme sont sur le même degré. Quand la seconde note descend & que la quatrieme monte, c’est grouppe ascendant ; quand la seconde monte & que la quatrieme descend, c’est grouppe descendant ; & il ajoûte que ce nom a été donné à ces notes à cause de la figure qu’elles forment ensemble.

Je ne me souviens pas d’avoir jamais oüi prononcer ce mot de grouppe, ni même de l’avoir lu dans