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blement. Voyez Exercices & Montoir.

A une de leurs extrémités, c’est-à-dire à celle qui naît du cuir pris dans la croupe, est une boucle à ardillon fortement bredie. On perce l’autre d’un nombre plus ou moins considérable de trous. Pour cet effet on marque avec le compas sur une de ces lanieres, la distance de ces trous que l’on pratique avec l’emporte-piece. Cette distance n’est point fixée, & l’ouvrier à cet égard ne suit que son caprice ; il doit néanmoins considérer que si tous les trous sont espacés d’un pouce dans toute la longueur du cuir percé, il sera bien plus difficile au cavalier de rencontrer le point juste qui lui convient, que s’ils étoient faits à un demi-pouce les uns des autres. La premiere laniere étant percée, on l’étend sur l’autre, de façon qu’elles se répondent exactement, soit dans leur largeur, soit dans leur longueur ; & l’on passe ensuite un poinçon dans chacun des trous que l’on a pratiqués, pour marquer le lieu précis sur lequel, relativement à la seconde, l’emporte-piece doit agir.

Le porte-étriviere est une boucle quarrée dépourvûe d’ardillon, qui doit être placée de chaque côté de la selle, le plus près qu’il est possible de la pointe de devant de l’arçon, & maintenue par une bonne chappe de fer qui embrasse la bande, & qui est elle-même arrêtée par un fil-de-fer rivé de part & d’autre. Ce fil-de-fer est infiniment plus stable qu’un simple clou, qui joue & badine après un certain tems dans l’ouverture qu’il s’est frayée, & qui peut d’un côté laisser échapper la chappe, & de l’autre occasionner la ruine de l’arçon. Quant à la position de la boucle contre la pointe de devant de ce même arçon, elle favorise l’assiette du cavalier, qui dès-lors n’est point rejetté trop en-arriere, & qui occupe toûjours le milieu de la selle ; & cette boucle que l’on a substituée aux anciens porte-étrivieres attachés fixement à l’arçon de devant & à la bande, & qui blessoient souvent & l’homme & l’animal, ne doit pas être moins mobile que toutes celles qui soûtiennent les contre-sanglots.

L’extrémité percée de l’étriviere qu’elle doit recevoir, sera introduite, 1° dans un bouton coulant que l’on fera glisser jusqu’à l’autre bout ; 2° dans l’œil de l’étrier ; 3° dans le même bouton, afin que les deux doubles de l’étriviere y soient insérés ; 4° dans cette boucle, de façon qu’elle revienne & sorte du côté du quartier. Cette opération faite, le sellier bouclera & fixera cette laniere, en insérant indifféremment l’ardillon de la boucle bredie dans un des trous percés, jusqu’à ce qu’un cavalier quelconque le mette à son point.

Je ne sai quel est le motif qui a pû déterminer à bannir depuis peu les boutons coulans : ils peuvent, j’en conviens, s’opposer à la facilité d’accourcir ou d’allonger l’étriviere ; mais cet obstacle est-il si considérable, qu’il doive en faire proscrire l’usage ?

Le moyen de reconnoître la juste hauteur à laquelle doit être placé l’étrier, est de le saisir avec une main, d’étendre l’autre bras le long de l’étriviere, & de l’allonger ou de la raccourcir jusqu’à ce que cette laniere & l’étrier soient ensemble de la longueur de ce même bras ; c’est-à-dire que l’extrémité des doigts portée d’une part jusque sous le quartier, le dessous de la grille atteigne l’aisselle même du cavalier. C’est ainsi que communément nous mettons les étriers à notre point ; & cette mesure est dans la justesse requise, relativement à des hommes bien proportionnés. Ensuite nous faisons remonter la boucle de l’étriviere très-près de celle qui forme le porte-étriviere, afin qu’elle n’endommage pas par un frotement continuel la pointe de l’arçon, le panneau, le quartier, & ne blesse point l’animal & le cavalier, dont elle pourroit, avec les trois doubles de cuir qui l’avoisinent, offenser le genou. Nous rapprochons

enfin de la traverse supérieure de l’œil de l’étrier, le bouton coulant destiné à maintenir exactement l’union des deux doubles apparens qui résultent de l’étriviere ainsi ajustée.

Les étrivieres dont nous nous servons dans nos manéges, ont environ cinq piés & demi de longueur, & la même largeur que les autres ; elles sont passées dans un anneau de fer suspendu & attaché à une chappe de cuir que l’on place & que l’on accroche au pommeau de la selle. Ces étrivieres, les étriers, cet anneau & cette chappe forment ensemble ce que nous nommons précisément un chapelet. Chacun des éleves auxquels nous permettons l’usage des étriers, en a un qu’il transporte d’une selle à l’autre, à mesure qu’il change de cheval. Quelqu’ancienne que soit la pratique du chapelet dans les écoles, elle n’est pas sans inconvénient. En premier lieu, elle nous astraint à admettre toûjours un pommeau dans la construction des selles à piquer. 2°. L’anneau & les boucles des étrivieres, qui descendent, une de chaque côté, sur le siége & sur les quartiers, le long de la batte de devant, peuvent endommager & le siége & cette même batte. 3°. Il résulte de cette même boucle relevée le plus près qu’il est possible de l’anneau, ainsi que des trois doubles de cuir qui regnent à l’endroit où l’étriviere est bouclée, un volume très capable de blesser ou d’incommoder le cavalier. Enfin, avec quelque précision qu’il ait ajusté & fixé ses étriers à une hauteur convenable sur une selle, cette précision n’est plus la même, eu égard aux autres selles qu’il rencontre, parce que si la batte de devant se trouve plus basse, l’étriviere est trop longue ; comme si la batte se trouve trop élevée, l’étriviere est trop raccourcie.

Toutes ces considérations m’ont déterminé à rechercher les moyens d’obvier à ces points divers. Au lieu de faire du pommeau un porte-étriviere, je suspends les étrivieres à la bande, comme dans les selles ordinaires ; mais je substitue à la boucle sans ardillon, c’est-à-dire au porte-étriviere connu & usité, une platine A de fer d’environ une ligne d’épaisseur ; sa longueur est de quatre pouces & demi : à son extrémité supérieure est un œil demi-circulaire, & inférieurement elle est entr’ouverte par une châsse longue d’un pouce & demi, & large d’environ huit ou neuf lignes. Les montans de cette châsse doivent avoir au moins deux lignes de largeur. Cette platine est engagée par son œil dans une chappe semblable à celle dont j’ai fait mention, & qui est également rivée dans la bande qu’elle embrasse : aussi la traverse droite de cet œil doit-elle être arrondie, ainsi que la traverse inférieure de la platine ; sans cette précaution, la premiere détruiroit inévitablement & avec le tems la chappe dans laquelle ce nouveau porte-étriviere est reçû, tandis que la seconde porteroit une véritable atteinte au crochet auquel elle donne un appui. Ce crochet B peut être aussi large que la châsse a d’ouverture. Il est composé d’une platine de fer aussi mince que l’autre, & il est inférieurement terminé par un œil demi-circulaire, dont la partie la plus basse doit être formée en jonc droit, au moins de deux lignes & demie de diametre ; & tellement allongée, qu’entre les deux angles intérieurs il y ait un intervalle de quatorze ou quinze lignes. Ces pieces doivent être forgées sans soudure. Une courroie d’environ deux piés & demi de longueur est ici suffisante. On la passe d’abord dans l’œil du crochet ; on en plie l’extrémité sur la traverse droite & ronde qui en forme la partie inférieure, & on la bredit immédiatement au-dessous. On insere ensuite son autre extrémité dans l’œil de l’étrier, & dans une boucle à ardillon près de laquelle elle est ourdie, & qui sert à fixer l’étriviere à un certain point, au moyen de l’introduction de cet ardillon dans un