de la génération, dans les personnes du sexe, est un effet de la pléthore générale & particuliere, de la surabondance d’humeurs qui se forme dans leur corps, lorsqu’elles ont atteint l’âge où il ne prend presque plus d’accroissement : les sucs nourriciers qui étoient employés à cet usage, restent dans la masse du sang, en augmentent le volume, & font, par les lois de l’équilibre dans les solides du corps humain, que cet excès, qui est d’abord distribué dans tous les vaisseaux, est porté, par la résistance générale qu’ils opposent à être dilatés ultérieurement, dans ceux où cette résistance est moindre. Voyez Equilibre (Economie anim.). Tels sont les vaisseaux utérins, par la disposition qui leur est propre dans l’état naturel. Voyez Matrice. Ils sont donc dans le cas de céder de plus en plus, à proportion que la pléthore augmente ; mais ils ne cedent que jusqu’au point où le tiraillement de leurs parois devient une cause de réaction nécessaire pour le faire cesser, sans quoi ils perdroient absolument leur ressort : alors le surcroît de sang continuant à y être porté, force les orifices des vaisseaux lymphatiques, pénetre & se loge dans ceux-ci, les remplit à leur tour outre mesure ; aussi-bien que les sinus qui en dépendent ; ensorte que tous ces derniers vaisseaux ayant cédé au point où ils ne pourroient pas le faire davantage sans se rompre, sont aussi excités à réagir, pour se vuider de l’excès des fluides qu’ils contiennent. Les divisions ultérieures de ces vaisseaux sont forcées à recevoir cet excès, & se dilatent à ce point, que les collatéraux qui s’abouchent dans la cavité de la matrice & du vagin, qui n’y laissent, hors le tems des regles, suinter qu’une petite quantité d’humeur lymphatique, comme salivaire, pour humecter & lubrifier ces cavités, & qui servent dans le tems de la grossesse à établir la communication entre la substance de la matrice & le placenta (voyez Génération), sont dilatés de maniere à laisser passer d’abord une plus grande quantité de cette humeur, & ensuite la colonne de sang qui s’y fait une issue : ainsi ce dernier fluide s’écoule jusqu’à ce que l’excédent qui avoit causé la surabondance d’humeur dans tout le corps, & dans la matrice en particulier, soit évacué, & permette à tous les vaisseaux de joüir de leur force systaltique ordinaire ; de maniere que cet écoulement diminue & finit comme il a commencé. Les vaisseaux lymphatiques se resserrent peu-à-peu, au point de ne plus recevoir de globules rouges, & même de ne laisser échapper de la lymphe que de moins en moins, jusqu’à ce que les choses reviennent dans l’état où elles étoient, lorsque les vaisseaux utérins, tant sanguins que lymphatiques, ont commencé à être forcés à recevoir plus de fluides qu’à l’ordinaire.
Cela posé en général concernant la maniere dont se fait l’écoulement du sang menstruel, il se présente naturellement à observer qu’il est donc précédé & suivi d’un flux de matiere lymphatique que l’on peut regarder comme des fleurs blanches, qui paroissent naturellement avant & après les fleurs rouges ; mais comme celles-là subsistent très-peu dans l’état de santé, on ne les distingue pas des regles mêmes, tant que l’écoulement de l’humeur blanche est peu considérable par sa quantité & par sa durée, après celui de l’humeur rouge : ainsi dans le cas contraire, où la pléthore est non-seulement assez considérable, assez subsistante pour donner lieu aux menstrues, mais encore pour empêcher qu’après qu’elles sont finies, les vaisseaux lymphatiques se resserrent tout de suite assez pour ne plus laisser échapper rien de ce qu’elles contiennent ; le flux d’humeurs blanches, qui se fait après celui du sang, n’étant pas d’aussi peu de durée qu’à l’ordinaire, & subsistant au-delà, à proportion de la quantité de fluide surabondant qui don-
vaisseaux du corps pour ne pas s’en charger, & pour la forcer à se jetter sur la partie qui résiste le moins, & à se vuider par les conduits qui en favorisent la vuidange.
Mais cet écoulement étant de trop, respectivement à ce qui se passe en santé, doit donc à cet égard être mis au nombre des lésions de fonctions : c’est la maladie des fleurs blanches. Si la cause qui la produit, c’est-à-dire la surabondance d’humeurs, se renouvelle continuellement au degré suffisant pour retenir les vaisseaux lymphatiques utérins toûjours trop dilatés, les fleurs blanches seront continuelles : si celle-là n’est qu’accidentelle, son effet cessera bientôt avec elle : si elle a lieu souvent par intervalles, les fleurs blanches reviendront aussi de tems en tems ; & elles disposeront la partie, dont les vaisseaux souvent forcés perdront peu-à-peu leur ressort, à rendre l’écoulement plus fréquent & ensuite continuel, par l’habitude que contracteront les humeurs à s’y porter, comme dans la partie du corps la plus foible.
Par conséquent cet écoulement devra être attribué au seul vice des solides, au relâchement excessif des vaisseaux utérins, puisqu’on peut concevoir dans ce cas que les fleurs blanches peuvent avoir lieu sans qu’il précede aucune pléthore ; & que la portion ordinaire des fluides distribuée à ces vaisseaux suffit pour en fournir la matiere, attendu que la force retentrice leur manque : d’où il s’ensuit souvent que la diminution de la masse des humeurs, qui se fait par cette voie, est suffisante pour en emporter le sur abondant à mesure qu’il se forme ; ce qui fait qu’il ne se ramasse point de sang dans la substance de la matrice ; & que la matiere des menstrues manquant, elles n’ont pas lieu, & sont suppléées par les fleurs blanches, quant à la diminution du volume des humeurs.
Mais si au vice des solides de cette partie, se joint une dissolution des fluides en général, les fleurs blanches seront bien plus abondantes, attendu que dans ce cas le défaut de consistance des humeurs rendra l’évacuation encore plus facile ; elle deviendra véritablement colliquative, & sera suivie de tous les mauvais effets que l’on peut aisément se représenter. C’est par cette raison que, selon l’observation d’Eugalinus, les regles manquent aux femmes scorbutiques, & sont suppléées par des fleurs blanches ordinairement fort abondantes.
Les différentes qualités dominantes de la matiere de ce flux contre nature, doivent être imputées d’abord à la masse des humeurs qui la fournit ; mais elle en contracte aussi de particulieres, par le plus ou moins de séjour qu’elle fait dans les cavités des parties où s’en fait l’épanchement : ainsi la chaleur de ces cavités dispose cette matiere retenue à se corrompre, par une sorte de putréfaction qui la rend d’autant plus acre, plus jaune, plus fétide, qu’elle étoit plus bilieuse en sortant des vaisseaux utérins. De cette acrimonie s’ensuit la disposition à procurer des érosions, des exulcérations aux parois de ces cavités. Plus la matiere des fleurs blanches est abondante & continuelle, moins elles séjournent dans ces cavités ; moins elle contracte de nouvelles qualités, moins elle est disposée à devenir de mauvaise odeur, & à procurer les symptomes qui viennent d’être mentionnés.
Ces qualités vitreuses de la matiere des fleurs blanches, ne sont donc qu’accidentelles ; elles ne doivent pas la faire regarder comme excrémentitielle, selon l’idée qu’en avoient les anciens. Cette matiere n’appartient pas plus au genre d’humeurs de cette derniere qualité, que le sang menstruel lui-même. Voyez Menstrues. Il y a cependant une exception à faire concernant une autre sorte d’écoulement contre nature, sans être virulent, dont la différence & même