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posées en rayons ; elle embrasse plusieurs fleurs qui ont chacune un périanthe. 3°. Le spathe spatha ; c’est une membrane attachée à la tige de la plante, elle embrasse une ou plusieurs fleurs qui pour l’ordinaire n’ont point de périanthe propre ; sa figure & sa consistance varient ; il y a des spathes qui sont de deux pieces. 4°. La bale, gluma ; cette sorte de calice se trouve dans les plantes graminées ; elle est composée de deux ou trois valvules, dont les bords sont le plus souvent transparens. 5°. Le chaton, amentum, julus ; il est composé de fleurs mâles, ou de fleurs femelles, attachées à un axe ou poinçon ; lorsqu’il y a des écailles, elles servent de calice aux fleurs. 6°. La coëffe, calypthra ; c’est une enveloppe mince, membraneuse, & de figure conique pour l’ordinaire ; elle couvre les parties de la fructification : on la trouve aux sommités des fleurs de plusieurs mousses. 7°. La bourse, volva ; ce calice est une enveloppe de quelques champignons ; elle les renferme d’abord, & ensuite il se fait dans le haut une ouverture, par laquelle ils sortent au-dehors.

La corollé, corolla ; il y en a de deux especes, le pétale, & le nectarium. Le pétale est monopétale ou polypétale, c’est-à-dire d’une seule piece ou de plusieurs pieces, qui sont les feuilles de la fleur ; lorsqu’il n’y a qu’une seule piece, on y distingue le tuyau & le lymbe ; lorsqu’il s’y trouve plusieurs pieces, chacune a un onglet & une lame. Le nectarium contient le miel ; c’est une fossette, une écaille, un petit tuyau, ou un tubercule. Le fleuron & le demi-fleuron dont il a déjà été fait mention, sont aussi des especes de corolles.

L’étamine, stamen, est la partie mâle de la génération des plantes ; elle est composée du filet & du sommet anthera, qui renferme les poussieres fécondantes.

Le pistil est la partie femelle de la génération ; il est composé du germe, du stile, & du stigmate ; le germe renferme les embryons des semences ; le stile est entre le germe & le stigmate, mais il ne se trouve pas dans toutes les plantes ; le stigmate est l’ouverture qui donne entrée aux poussieres fécondantes des étamines, pour arriver aux embryons des semences à-traver le stile. Floræ parisiensis prodrom. par M. Dalibard, Paris, 1749. Voyez Plante. (I)

Fleurs, (Physique.) Des couleurs des fleurs. Après l’exposition des deux principaux systèmes de Botanique sur cette matiere, il reste à parler des couleurs des fleurs, & de l’art de les conserver.

L’on convient assez généralement parmi les Chimistes, que les couleurs dépendent du phlogistique, que c’est de sa combinaison avec d’autres principes, que résulte leur différence.

L’analyse nous a appris que les fleurs abondent en une huile essentielle, à laquelle, conformément à cette idée, leurs couleurs & la variété qui y regne peuvent être attribuées ; parce qu’une seule & même huile, l’huile essentielle de thym, par exemple, produit toutes les couleurs que nous trouvons dans les différentes fleurs des plantes, depuis le blanc jusqu’au noir parfait, avec toutes les ombres de rouge, de jaune, de pourpre, de bleu, & de verd, en mélant cette huile avec différentes substances. Ainsi, selon M. Geoffroy, les huiles essentielles des plantes, pendant qu’elles sont renfermées dans les fleurs, peuvent leur procurer différens mélanges, par cette aimable variété de couleurs qu’elles possedent.

Les infusions des fleurs, ou de quelques parties des plantes, rougissent par des acides, verdissent par des alkalis ; & l’on ne doute point que ce ne soit le phlogistique dont les teintures ou les infusions sont chargées, qui, par son union avec les sels, produit ces différentes couleurs. M. Geoffroy rapporte quelques expériences dans les Mémoires de l’académie des

Sciences, année 1707. qui lui font conjecturer que ces combinaisons peuvent être les mêmes dans les plantes où l’on remarque les mêmes couleurs.

Les principales couleurs qui s’observent dans les fleurs sont le verd, le jaune citron, le jaune orangé, le rouge, le pourpre, le violet, le bleu, le noir, & le transparent, ou le blanc : de ces couleurs diversement combinées, sont composées toutes les autres.

Le verd seroit, suivant ce système, l’effet d’une huile raréfiée dans la fleur, & mélée avec les sels volatils & fixes de la seve, lesquels restent engages dans les parties terreuses, pendant que la plus grande partie de la portion aqueuse se dissipe. Du moins si l’on couvre des feuilles ensorte que la partie aqueuse de la seve ne puisse se dissiper, & qu’elle reste au contraire avec les autres principes dans les canaux des feuilles, l’huile se trouve si fort étendue dans cette grande quantité de phlegme, qu’elle paroît transparente & sans couleur ; & c’est ce qui produit apparemment la blancheur de la chicorée, du celleri, &c. car cette blancheur paroît n’être dans ces plantes, & dans la plûpart des fleurs blanches, que l’effet d’un amas de plusieurs petites parties transparentes & sans couleur, chacune en particulier, dont les surfaces inégales refléchissent en une infinité de points, une fort grande quantité de rayons de lumiere.

Quand les acides rendent aux infusions des fleurs & aux solutions de tournesol la couleur rouge, c’est peut-être en détruisant l’alkali fixe, qui donnoit au phlogistique dans ces teintures la couleur bleue ou brune. Dans les fleurs, toutes les nuances jaunes, depuis le citron jusqu’à l’orangé, ou rouge de safran, pourroient venir d’un mélange d’acide avec l’huile, comme on voit que l’huile de thym digérée avec le vinaigre distillé, produit le jaune orangé ou le rouge de safran.

Toutes les nuances de rouge, depuis la couleur de chair jusqu’au pourpre & au violet foncé, seroient les produits d’un sel volatil urineux avec l’huile ; puisque le mélange de l’huile de thym avec l’esprit volatil de sel ammoniac, passe par toutes les nuances, depuis la couleur de chair jusqu’au pourpre & au violet foncé.

Le noir, qui dans les fleurs peut être regardé comme un violet très-foncé, paroît être l’effet d’un mélange d’acide par-dessus le violet pourpre du sel volatil urineux.

Les nuances du bleu proviendroient du mélange des sels alkalis fixes avec les sels volatils urineux & les huiles concentrées ; puisque l’huile de thym devenue de couleur pourpre par l’esprit volatil du sel ammoniac, digérée avec l’huile de tartre, prend une belle couleur bleue.

Le verd seroit produit par les mêmes sels, & par des huiles beaucoup plus raréfiées ; du moins l’huile de thym, couleur de violet pourpre, étendue dans l’esprit-de-vin rectifié & uni à l’huile de tartre, donne une couleur verte.

Tel est le système de M. Geoffroy, par lequel il suppose que les combinaisons qui produisent les différentes couleurs dans les expériences chimiques, se trouvent les mêmes dans les fleurs des plantes, & produisent pareillement leurs différentes couleurs naturelles ; mais un tel système n’est qu’une pure dépense d’esprit : car outre que les expériences faites en ce genre sont fort bornées, ce seroit une témérité de conclure du particulier au général, & plus encore des produits de la Chimie à ceux de la nature. En un mot, l’art qu’employe cette nature pour former dans les fleurs l’admirable variété de leurs couleurs, surpasse toutes nos connoissances théoriques.

De la conservation des fleurs. Notre pratique n’est