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seurs, mais qu’ils se contractent au même degré.

Il paroît certain que la force tonique des extenseurs est beaucoup plus grande que celle des fléchisseurs, puisqu’on observe que la flexion naturelle des articulations est beaucoup plus voisine de la parfaite extension, que de la plus grande flexion.

On n’a pas encore des expériences qui donnent la comparaison des forces musculaires des extenseurs & fléchisseurs en général. Il résulte seulement des calculs de Borelli, lib. cit. cap. x & xj. & des observations de Desaguliers, annotations sur la quatrieme lecture de son cours de philosophie expérimentale, que les fléchisseurs des jambes sont plus foibles que les extenseurs, n’étant pas obligés de transporter le corps dans ses mouvemens ordinaires. (g)

FLEGARD ou FLEGART, s. m. (Jurisp.) terme usité dans les coûtumes d’Artois, Boulenois, Amiens & quelques autres, pour signifier tous les lieux destinés à l’usage commun & public, qui n’ont pas besoin de haies ni de fossés pour être conservés, tels que les chemins, sentiers, places publiques, communes, &c. à cause que l’usage & la joüissance en sont continuellement ouverts à tout le monde. Voyez Artois, art. 5. Saint-Omer, 13. Térouane, 6. Saint-Pol, 31. Montreuil, 41. Sens, 2. Amiens, 74. & 104. Boulenois, 29. 43. 132. 168. (A)

FLENSBOURG, (Géogr.) petite ville de Danemarck dans le duché de Sleswick, partie du Jutland, avec une bonne citadelle, & sur le golfe de même nom, Flensburgenwich. Elle est située à six lieues N. de Sleswick, à quatre lieues O. de l’île d’Alsen, & à neuf de l’Odenzée, S. Long. 27. 12. lat. 54. 50. (D. J.)

FLERTOIR, terme de Ciseleur ; c’est un petit marteau dont on se sert pour travailler aux quarrés d’acier qu’on fait pour les monnoies. Il est rond, & a une boîte quarrée qui reçoit le manche, au moyen duquel l’ouvrier qui s’en sert, le tient dans sa main. Voyez nos Planches de Gravûre.

FLESSINGUE, (Géogr.) nommée par ceux du pays, Vlissinghen ; belle, forte & considérable ville des Provinces-Unies, dans la Zélande & dans l’île de Walcheren, avec un très bon port qui la rend fort commerçante. Elle est à l’embouchure de l’Escaut, appellé Hondt ; trois lieues N. E de l’Ecluse, dix N. O. de Gand. Long. 21. 7. lat. 51. 26.

Flessingue a la gloire d’être la patrie de l’amiral Ruyter, le plus grand homme de mer qu’il y ait peut-être jamais eu, & le seul dont je me permettrai de parler. Il avoit commencé par être mousse ; il n’en fut que plus respectable : le nom des princes de Nassau n’est pas au-dessus du sien, dit avec raison M. de Voltaire. Le conseil d’Espagne lui donna le titre de duc, dignité frivole pour un républicain ; & ses enfans même refuserent ce titre, si brigué dans nos monarchies, mais qui n’est pas préférable au nom de bon citoyen. Ruyter naquit en 1607, & fut blessé mortellement en 1676 d’un coup de canon, dont il mourut quelques jours après.

Flessingue est aussi la patrie d’illustres gens de Lettres, comme de Pierre Cuneus, connu par un excellent livre sur la république des Hébreux ; & de Louis de Dieu, savant théologien, dont les ouvrages ont paru à Amsterdam en 1693, in fol. (D. J.)

FLET ou FLETTE, terme de Riviere ; bateau dont on se sert à passer une riviere, ou à faire des voitures de marchandises ; elles ont 72 piés de long ou environ.

FLÉTRISSURE, s. f. (Jurispr.) est l’impression d’une marque qui se fait, en conséquence d’un jugement, par l’exécuteur de la haute justice, sur la peau d’un criminel convaincu d’un crime qui mérite peine afflictive, mais qui ne mérite pas absolument la mort.

Anciennement chez les Romains on marquoit au

front, afin que la marque fût plus apparente & l’ignominie plus grande ; mais Constantin ordonna que les lettres dont on marquoit les criminels, ne seroient plus imprimées que sur la main ou sur la jambe.

En France on marque sur l’épaule : autrefois on se servoit pour cela d’une fleur-de-lis. Présentement les voleurs sont marqués d’un V ; & ceux qui sont condamnés aux galeres, sont marqués des trois lettres G. A. L. Voyez la loi vij. cod. de pœnis ; la coûtume de Nivernois, tit. j. art. 15. Melun, art. 1. Auxerre, art. 1. le glossaire de Lauriere, au mot flastrer. (A)

Flétrissure se prend aussi quelquefois pour toute condamnation qui emporte infamie de fait ou de droit, comme le blâme, ou une simple admonition ou injonction d’être plus exact à quelque devoir, &c. (A)

FLETTAN, s. m. (Hist. nat. Icthiolog.) hippoglossus, Rond. Gesn. Ald. poisson de mer plat, plus grand que le turbot, & plus alongé. La partie supérieure du corps est d’un vert foncé ou noirâtre ; les écailles sont très-petites, & les yeux se trouvent placés sur le côté droit. Rondelet a vû un flettan long de quatre coudées. La chair de ce poisson est ferme, & ne differe pas beaucoup de celle du turbot. On trouve des flettans dans la Manche. Hist. des poissons, liv. XI. ch. xv. Raii, synop. meth. pisc. Voyez Poisson. (I)

FLETTE, (Marine.) On donne ce nom à un petit bateau dont on se sert soit pour passer une riviere, soit pour transporter quelques marchandises, mais en petite quantité. Voyez Flet.

FLEUR, s. f. (Bot. histor. anc.) Les anciens n’ont point déterminé fixement ce qu’ils entendoient par le mot de fleur, flos : quelquefois ils ont caractérisé de ce nom les étamines ou filets qui sont au centre de la fleur ; & c’est ce qu’il faut savoir pour entendre plusieurs passages de leurs écrits. Par exemple, quand Aurélianus nomme la rose une fleur d’un beau jaune, soûtenue par un calice pourpre, il est clair qu’il entend par le mot de fleur, les étamines qui sont au milieu de la rose, lesquelles sont en effet d’un beau jaune & en grand nombre ; & qu’il appelle le calice de la fleur, les feuilles ou pétales pourpres que nous nommons communément la rose même. C’est en suivant la même explication qu’il semble que Virgile peint notre baume sous le nom d’amello ; il dit qu’il a une fleur jaune, & des feuilles pourpres pour disque. Or on voit qu’il désigne par le nom de fleur, les étamines ou filets qui sont jaunes dans le baume ; & par les feuilles qui l’entourent, il entend le calice de la fleur qui est pourpre ou violet : mais que de graces ne sait-il point mettre dans la peinture de son amello !

Est étiam flos in prætis, cui nomen amello
Fecêre agricolæ, facilis quærentibus herba.
Namque uno ingentem tollit de cespite sylvam
Aureus ipse : sed in foliis quæ plurima circum
Funduntur, violæ sublucet purpura nigræ.
Sæpe deûm nexis ornatæ torquibus aræ.
Asper in ore sapor : tonsis in vallibus illum
Pastores, & curva legunt prope flumina mellæ.
Hujus odorato radices incoque Baccho,
Pabulaque in foribus plenis appone canistris.

Georg. liv. IV.

Pline en décrivant le narcisse, appelle le calice cette partie jaune qui occupe le centre, & il nomme fleurs les feuilles ou pétales qui l’environnent. On a critiqué Pline d’avoir appellé cette partie de la fleur le calice ; mais son dessein n’étoit dans cette occasion, que de comparer la fleur tubuleuse du narcisse pour la ressemblance, avec celle des calices ou ciboires dont les Grecs & les Romains se servoient dans les festins.