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Le cheval de domestique ou de suite, le cheval de cavalier & de dragon, le cheval de piqueur, sont dans le genre des chevaux de selle que nous envisageons comme des chevaux communs & qui peuvent être mis en opposition avec ceux dans lesquels nous trouvons de la finesse.

Le premier doit être bien traversé, bien membré, bien gigoté ; la bouche en doit être bonne, sans être absolument belle ; & l’on ne doit pas s’attacher à l’examen de la douceur ou de la dureté de ses allures.

Il en est de même du second, c’est-à-dire du cheval de troupe, dans lequel il seroit essentiel d’exiger plus d’obéissance, plus de souplesse, plus de legereté, & qui, relativement aux manœuvres qu’il doit exécuter, auroit besoin des secours de l’art, ainsi que le cavalier & le dragon, dont l’ignorance n’est pas moins préjudiciable au bien du service, que la sienne.

Enfin le cheval de piqueur doit être vigoureux, étoffé, doüé d’une grande haleine, & propre à résister au travail pénible auquel il est assujetti.

Quant aux bidets de poste, on doit plûtôt considérer la bonté de leurs jambes & de leurs piés que leur figure & que les qualités de leur bouche. Il faut nécessairement qu’ils galoppent avec aisance, & de maniere que la force de leurs reins n’incommode point le cavalier. Trop de sensibilité seroit en eux un défaut d’autant plus considérable que l’inquiétude qui résulteroit des mouvemens desordonnés des jambes de différens couriers qui les montent, & de l’approche indiscrete & continuelle des éperons, les rendroient inévitablement rétifs ou ramingues.

Il est encore dans le genre des chevaux qui tirent & qui portent, des chevaux plus ou moins fins, plus ou moins communs, & plus ou moins grossiers.

Des chevaux bien tournés & bien proportionnés, d’une taille de onze pouces ; jusqu’à cinq piés trois ou quatre ; qui seront parfaitement relevés du devant, exactement traversés & pleins ; dont les épaules ne seront point trop chargées ; dont le poitrail ne pêchera point par un excès de largeur ; dont les jambes belles, plates, & larges, ne seront point garnies d’une quantité infinie de poils ; dont les jarrets seront nets, bien évuidés, & bien conformés ; dont les piés seront excellens ; qui auront dans leurs mouvemens beaucoup de grace & de liberté, & qui seront justement appareillés de poil, de taille, de marque, & de figure, d’inclination, d’allure, & de vigueur, formeront des chevaux de carrosse qui auront de la finesse & qui seront préférables à tous ceux sur lesquels on pourroit jetter les yeux, lorsqu’on souhaitera des chevaux beaux, brillans, & néanmoins d’un très-bon service.

Certains chevaux de chaise comparés aux chevaux peu déliés que l’on employe communément à tirer cette sorte de voiture, seront dans leur espece envisagés comme des chevaux fins. Le cheval de brancard sera bien étoffé, d’une taille raisonnable, & non trop élevé ; il trotera librement & diligemment, tandis que le bricolier qui sera bien traversé, mais qui aura moins de dessous que lui, & qui sera plus voisin du genre des chevaux de selle, sera tenu à un galop raccourci auquel il fournira avec facilité.

Les autres chevaux de tirage seront plus communs ou moins grossiers selon leur structure, leur épaisseur, la largeur de leur poitrail, la grosseur de leurs épaules plus ou moins charnues, leur pesanteur, l’abondance & la longueur des poils de leurs jambes, &c.

Il en sera ainsi des différens chevaux de bât & de somme qui doivent avoir de la force & beaucoup de reins, &c. (e)

Fin, en Musique, est un mot qui se place quelquefois sur la finale de la premiere reprise d’un rondeau, pour marquer que c’est sur cette finale qu’il faut terminer tout l’air. Voyez Rondeau. (S)

FINAGE, (Jurisprud.) ainsi appellé de fines agrorum, vel territorii, se prend non-seulement pour les limites d’un territoire, mais pour tout le ban & territoire même, d’une justice & seigneurie ou d’une paroisse.

Voyez les coûtumes de Melun, art. 302. Sens, 145. Troyes, 169. Chaumont, 103. Vitry, 5 & 122. Châlons, 266 & 267. Bar, article 49 & 209. l’ancienne coûtume d’Auxerre, art. 203. l’ordonnance du duc de Bouillon, articles 100 & 579. (A)

FINAL, adj. (Gramm. & Théol.) se dit de ce qui termine une action, une opération, une dispute, &c. & en général de ce qui met fin à une chose, comme un jugement final, sentence finale, &c.

Les Théologiens appellent l’impénitence des réprouvés, impénitence finale, parce qu’ils supposent qu’elle continue jusqu’à la fin de leur vie, & qu’ils meurent dans ce funeste état.

On dit aussi en Théologie, persévérance finale ; c’est l’état de justice & de grace dans lequel un homme se trouve à la mort, & qui le rend digne des récompenses-éternelles. Voyez Persévérance. (G)

Final, (Géogr.) ville d’Italie, capitale d’un marquisat auquel elle donne son nom, & qui est enclavé dans l’état de Gènes. Final est sur la Méditerranée, à 12 lieues S. E. de Coni, 13 S. O. de Gènes, 22 S. E. de Turin, 24 S. O. de Casal. Long. 25d 52′ latit. 44d 18′. (C. D. J.)

FINALE, est, en Musique, la principale corde du mode qu’on appelle aussi tonique, & sur laquelle l’air ou la piece doit finir. Voyez Mode, Tonique.

Quand on compose à plusieurs parties, & sur-tout des chœurs, il faut toûjours que la basse tombe en finissant sur la note même de la finale ; mais les autres parties peuvent s’arrêter sur sa tierce & sur sa quinte. Autrefois c’étoit une regle de faire toûjours à la fin d’une piece la tierce majeure sur la finale, même en mode mineur ; mais cet usage a été trouvé de mauvais goût & presque abandonné. Les Musiciens appellent aujourd’hui cela par dérision, faire la tierce de Picardie. (S)

Finale ou Finale de Modene, (Géogr.) petite ville du Modénois en Italie ; elle est sur la riviere du Panaro, à 5 lieues N. E. de Modene, 49 S. E. de la Mirandole. Long. 28d 50′. latit. 44d 36′. (C. D. J.)

FINANCES, s. f. (Econom. polit.) on comprend sous ce mot les deniers publics du roi & de l’état. Qui ne juge des finances que par l’argent, n’en voit que le résultat, n’en apperçoit pas le principe ; il faut, pour en avoir une idée juste, se la former plus noble & plus étendue. On trouvera dans les finances mieux connues, mieux développées, plus approfondies, le principe, l’objet & le moyen des opérations les plus intéressantes du gouvernement ; le principe qui les occasionne, l’objet qui les fait entreprendre, le moyen qui les assûre.

Pour se prescrire à soi-même dans une matiere aussi vaste, des points d’appui invariables & sûrs, ne pourroit-on pas envisager les finances dans le principe qui les produit, dans les richesses qu’elles renferment, dans les ressources qu’elles procurent, dans l’administration qu’elles exigent ?

Point de richesses sans principe, point de ressources sans richesses, point d’administration si l’on n’a rien à gouverner ; tout se lie, tout se touche, tout se tient : les hommes & les choses se représentent circulairement dans toutes les parties ; & rien n’est indifférent dans aucune, puisque dans les finances, comme dans l’électricité, le moindre mouvement se communique avec rapidité depuis celui dont la main approche le plus du globe, jusqu’à celui qui en est le plus éloigné.

Les finances considérées dans leur principe, sont produites par les hommes ; mot cher & respectable